-
L'érotisme pictural : une conférence d'Histoire de l'Art par Lucie Pierre
Dans cette séance Lucie avait choisi de nous présenter l'érotisme pictural. Cela a attiré beaucoup de monde...
Je vais tenter d'en restituer l'idée générale à travers quelques œuvres reflétant les différentes parties de la conférence.
Introduction
Il s'agit d’œuvres représentant des femmes réalisées par des peintres (hommes) à destination de commanditaires (hommes) qui le plus souvent s'en délecteront en privé.
Quand une image est-elle érotique ? Pour Roland Barthes, l'érotisme commence "là où le vêtement baille". Il s'agit de suggérer sans montrer, par la transparence, les couleurs, les postures du corps.
La Vierge
Jusqu'à la Renaissance les représentations de femmes étaient pour beaucoup religieuses et pas vraiment érotiques. Mais dès cette époque certaines représentations religieuses ne sont pas si austères...
En 1530, le Parmesan peint la Vierge à la rose ( Dresde)
Le drapé de la robe laisse apparaître son sein. Jésus est accoudé sur un coussin. Les tissus donnent une impression de luxe et de confort.
On peut noter que les débuts du protestantisme ainsi que le sac de Rome par les armées de Charles Quint en 1527 ont paradoxalement provoqué l'essor du maniérisme.
Les mythes
Puisque la représentation de figures religieuses ne respectant pas les codes de l'époque se heurte souvent à la censure de l'Eglise, des peintres se tournent vers la mythologie.
Ainsi, Jacopo Zucci peint-il en 1589 Amour et Psyché
L’histoire de Cupidon et Psyché nous est contée par le roman - les Métamorphoses - Apulée (125-180 ap.JC.) :
Un roi avait trois filles dont la plus jeune – Psyché – était d’une telle beauté qu’elle était comparée à Vénus elle-même, qu’elle aurait égalée et même surpassée.
Vénus, jalouse , chargea son fils Cupidon de lui faire aimer, en la frappant d’une de ses flèches, l’homme le plus laid de la terre. Mais la voyant, Cupidon en tomba amoureux et chargea Zéphir de l’emporter dans son palais enchanté. C’est seulement la nuit, dans l’obscurité, que Cupidon la rejoignait dans sa couche, lui interdisant de le voir.Une nuit, Psyché, armée d'un poignard (on ne sait jamais) et d'une lampe fut troublée à la vue du jeune homme et versa sur lui une goutte d’huile brûlante. Réveillé, Cupidon s’envola pour rejoindre sa mère lui avouant sa trahison, Il s'en suivit de nombreux désagréments pour Psyché, mais tout finira par s'arranger pour les deux tourtereaux.
La chevelure
Dans toutes les religions, les cheveux de la femme sont cachés ou du moins attachés. Une belle chevelure est un symbole érotique fort.
Rossetti, Lady Lilith 1873 (Delaware)
Selon la Bible, Lilith serait la première femme d'Adam et un symbole de pouvoir, de tentation et de séduction.
Sous les traits d'Alice Wilding, Rossetti en fait une femme fatale et rebelle, contemplant sa propre beauté. On peut remarquer le rouge des fleurs, du ruban et de sa bouche, la fourrure sur laquelle elle est assise, le vêtement prêt à tomber.
L'incarnat : L'apothéose de la chair
Le Titien peint en 1555 la Vénus au miroir (Washington)
On peut noter le contraste de textures et de couleurs entre d'une part la douceur de la peau et des cheveux et d'autre part le vêtement de velours pourpre, les broderies et les bijoux.
Elle semble nous regarder du coin de l’œil dans un des miroirs.
Assise de dos
Encore une Vénus au miroir, de Pierre Paul Rubens (1615)
L'usage du miroir nous permet de voir à la fois le dos de Vénus et son visage qui semble nous regarder. Une servante à la peau foncée crée un contraste, révélant la peau de Vénus et ses cheveux dorés.
Allongée de dos
Ingres : la grande odalisque (1814;Louvre)
En ce début du 19ième siècle, les odalisques, c'est à dire les femmes des harems font fantasmer les occidentaux. On retrouve dans ce tableau les thèmes de l'Orientalisme: turban, narguilé, chasse-mouche à plumes de paon...
Ingres privilégie les courbes : courbe du dos, du bras, du rideau... au détriment de la vérité anatomique.
Allongée de face
Danaé, le Titien, 1534
La composition représente le mythe grec de Danaé, enfermée dans le donjon par son père, le roi d’Argos, à cause d’un oracle prédisant qu’il mourrait de la main de son petit-fils.
Il fallait donc que Danaé n'ait pas d'enfant. Mais Jupiter trouve un stratagème pour séduire la belle : il se transforme en une pluie de pièces d'or pour pénétrer dans le donjon.
C'est cette scène qui est représentée ici. Tout concourt à montrer que la jeune femme se donne à son divin visiteur : la posture lascive de Danaé, ses cuisses entrouvertes, sa main gauche sur son sexe, l'impression étant renforcée par le contraste avec la laideur de la vieille servante.
Voilée dévoilée
Portrait d'une jeune femme (La Fornarina) par Raphaël (1518)
La jeune femme tient avec sa main droite un voile transparent qui provoque le désir plus qu'il ne sauvegarde la pudeur. Cette jeune femme serait l'amante de Raphaël. Le bracelet qu'elle porte au bras gauche porte le nom de Raphael et devient ainsi une marque de possession.
Merci Lucie et à la prochaine conférence qui portera sur " le sourire" (18 Février).
Tags : Conférence, Histoire de l'Art, Lucie Pierre, Générations 13, l'érotisme pictural, Le Parmesan, Jacopo Zucci, Rossetti, Le Tieien, Rubens, Raphaël
-
Commentaires
3monika SabatierJeudi 3 Mars 2022 à 12:21
Ajouter un commentaire
Eeportage esthétique et passionnant ! Bravo Annie (et bravo Lucie)