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Notre dernière randonnée a été un enchantement : le soleil dardait de ses rayons la région parisienne où elle se trouve située à une soixantaine de kilomètres au nord de Paris. Un plus pour les photos.
Week-end d'Ascension aidant, nous étions peu nombreux à avoir pris le train.
Les chapeaux sont de sortie, et pour cause...
Cinq petits kilomètres plus loin, nous voici en vue des étangs bordant l'abbaye de Royaumont.
Pissenlit : mauvaise herbe peut-être (quoique..., en salade) mais belle graine !
Non non, on n'est pas encore l'entrée principale...
Pour y arriver, il faut longer le bras de l'Ysieux, l'une des deux rivières alimentant l'abbaye.
Royaumont est la plus grande abbaye cistercienne d'Ile-de-France. Saint Louis la fonda en 1228 et y fit de nombreux séjours : elle connut alors son plus grand rayonnement et ceci, jusqu'à la révolution.
L'abbaye de Royaumont est en travaux depuis le début de l'année.
En dehors du bâtiment des moines, le reste de l'abbaye est accessible aux visites.
On se repère sur le plan...
Cette tourelle d’escalier est tout ce qui reste de l'église abbatiale démantelée à la révolution pour servir de carrière de pierres. Elle desservait les combles et donnait accès à la galerie du triforium.
Les étudiants de l'Ecole Centrale de Paris ont réalisé une maquette numérique en trois dimensions de l'église médiévale : en voici quelques photos.
On aperçoit la fameuse tourelle...
Mon Dieu, cette révolution : qu'est-ce qu'elle a fait comme mal à l'architecture ! Heureusement qu'il y a les miracles de l'informatique.
Notre visite se poursuit par celle du cloître dont les jardins, dans le style compartimenté de la Renaissance, sont l'oeuvre d'Achille Duchêne, paysagiste français du XXème siècle. On ignore tout du jardin du cloître au Moyen-age sauf qu'ils se composaient généralement de plantes médicinales, ou de plantes aromatiques ou encore de fleurs (des lis, des iris jaunes, des roses trémières, des roses églantiers) ou bien restaient nus, recouverts de terre battue.
Fière de ma photo !
Dans la sacristie, attenante au cloître, un Saint-Antoine et son cochon (XV - XVIIème siècles)
et un Christ de douleur du XVème.
Les cuisines des moines : superbes voûtes, non ?
Elles ont perdu leur cheminée dont il ne reste aujourd’hui aucune trace. Il est probable qu’à l’époque médiévale celle-ci ait été placée au centre de la pièce.
A l'entrée, est exposée une Vierge allaitante du XIVème siècle.
La pièce suivante est le réfectoire des moines. Elle communiquait à l'origine avec les cuisines par un guichet où les moines venaient chercher les plats. Ceux-ci méditaient ici pendant les repas, les extraits de la Bible lus depuis la chaire du lecteur encastrée dans le mur.
Le grand orgue situé au fond du réfectoire est un orgue de Cavaillé-Coll. Il a subi une restauration entre 2002 et 2007 et a nécéssité 17000 heures de travail. Il compte 2 573 tuyaux dont 2 316 sont des tuyaux d'origine.
Au fond, le Mausolée du Prince Henri de Lorraine par Coysevox. Prénommé "Cadet la perle" parce qu'il a une perle à l'oreille, ce gentilhomme militaire français du XVIIème siècle meurt en 1666 à Royaumont.
Les carrelages (30000 carreaux unis et 10000 carreaux à motifs) datent de 2002 mais ils ont été fabriqués selon les techniques médiévales. Ce sont pour certains des répliques de carreaux du XIIIème siècle retrouvés à Royaumont.
En sortant du réfectoire (9), on débouche sur le jardin d'inspiration médiévale (13).
Il est appelé le jardin des 9 carrés : ceux-ci sont bordés d'un plessis de châtaignier.
J'ai été particulièrement admirative de la clôture-treillage en plantes naturelles qui offre au plessis un ornement supplémentaire, s'il en fallait...
Cette photo, empruntée à "Voyages.com", montre le bâtiment des latrines, traversé par le canal de l'enclos abbatial, dont l'eau provient de deux rivières, la Thève et l'Ysieux, canalisées sur plusieurs kilomètres pour nettoyer les latrines puis recueillir les eaux usées des cuisines situées en aval.
Il est l’un des derniers bâtiments cisterciens de ce type conservé en Europe et témoigne de la science hydraulique, comme du souci de l’hygiène, qui existaient au Moyen Âge chez les cisterciens.
Sur le côté du bâtiment, un salon de thé y a été aménagé : nickel pour le pique-nique du midi ! Merci Jacqueline pour la transaction.
Au dessus de l'ancien dortoir des moines, se trouve la salle des charpentes, restaurée en 1992-1993 : elle accueille désormais les manifestations culturelles telles que concerts ou chorégraphies ainsi que les manifestations d'entreprise.
Autrefois, c'était ici que les moines allaient aux latrines collectivement (la journée des moines était réglée par des heures, bien définies pour chacune d'entres elles). Une série de 30 trappes avait été aménagées au dessus du canal (chaque trappe - cloisonnée - permettait à 2 moines de se soulager en même temps), ce qui portait à 60 le nombre de moines pouvant aller aux latrines simultanément...
Un dernier regard à Royaumont avant de quitter ce lieu idyllique. Eh oui, la façade est en travaux...
Jolie margelle
La boucle est bouclée.
Nature morte "jacinthes sauvages et branches mortes" !
Ah, Jacqueline : prise sur le fait !
Le retour s'effectue comme l'aller par la gare de Viarmes : juste un peu plus d'attente sur le quai, le temps de prendre quelques coups de soleil !
Merci encore à Jacqueline
de nous avoir guidés dans cette belle promenade.
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En ce jeudi particulièrement ensoleillé, Jacqueline avait prévu une très jolie balade dans l'ouest parisien. Partis de la gare Saint-Lazare, nous arrivons trois quarts d'heure plus tard à la gare de Sévres - Ville-d'Avray. La rue des Jardies est bordée de maisonnettes en meulière, architecture typique des années 30, et mène tout naturellement à la maison du même nom, celle que Balzac occupa de 1838 à 1840.
Fuyant ses créanciers, il achète en 1837 un terrain et loge son jardinier dans l'ancienne maison de vigneron qui s'y tient, se réservant un petit chalet de bois qu'il fait construire au fond du jardin. C'est aux Jardies (dans sa maison qui n'existe plus aujourd'hui) que furent créés des classiques de notre littérature comme César Birotteau ou La maison Nucingen.
Léon Gambetta rachètera la maison du jardinier de Balzac en 1878 : il s'y rend régulièrement pour se reposer de ses activités politiques en compagnie de sa maîtresse, Léonie Léon. Il y décédera en 1882 à l'âge de quarante quatre ans.
Un monument lui est consacré, très difficile à photographier : c'est l'œuvre de Bartholdi.
Depuis l'avenue Gambetta, on rejoint la rue de Sèvres en passant par le Parc de Lesser.
Difficile de prendre des photos tout en courant, n'est-ce pas Anne... ?
Petit zoom sur le héron : c'est un vrai, je le jure !
Empruntant la rue de Sèvres, nous arrivons en vue de l'église Saint-Nicolas et Saint-Marc de Ville-d'Avray : il s'agit d'une église de style néo-classique qui a la particularité d'avoir été construite pendant la Révolution. En 1793, l'église fut transformée en temple de la Raison avant d'être rendue au culte en 1795.
Sa décoration intérieure a été assurée par des artistes de renom qui séjournaient à Ville-d'Avray : Camille Corot, James Pradier ou encore François Rude.
Dans le choeur, une belle sculpture de François Rude : le baptême du Christ
En pendant, de l'autre côté du chœur, une œuvre de James Pradier représente le mariage de la Vierge.
Sur le mur côté Nord, un tableau de Camille Corot représente Saint-Jérôme dans le désert. Il est très difficile à photographier du fait de sa position, très haute dans l'église, et des reflets qui s'y projettent mais j'en ai trouvé une copie sur le net qui le montre assez bien.
Le peintre fait don à l'église en 1849 de cette peinture qui lui avait valu beaucoup d'éloges au Salon de l'Académie Royale de peinture de 1837. Il racontait souvent que, faute de moyens, il ne chauffait pas son atelier et que son modèle serait mort quinze jours après avoir posé... Cela explique, selon lui, la couleur violacée et glaciale de Saint-Jérôme.
Il y a aussi, parait-il, dans l'église deux fresques de Corot : je ne les ai pas vues...
L'une représente le baptême du Christ
et l'autre Adam et Eve chassés du Paradis.
Dans l'église aussi, un beau plafond à caissons et un curieux Christ en croix.
La chaire en chêne est extrêmement travaillée.
Il m'a semblé y reconnaître un triangle, le symbole de la Franc Maçonnerie... ?Quittant la place de l'église de Ville d'Avray,
nous empruntons le mail du Docteur Bosvieux puis celui d'Alphonse Lemerre et passons devant la maison que Camille Corot habita, avant de rejoindre les étangs de Ville d'Avray.
C'est dans cette maison que Camille Corot commença à peindre.
Pas dégueu la maison, n'est-ce pas Annie ? C'est un restaurant m'as-tu dit ?
Tous attentifs aux explications de Jacqueline
Ah... enfin les choses sérieuses !
Au sortir de la forêt de Fausses-Reposes, on arrive au Haras de Jardy.
Situé à Marnes-la-Coquette, c'était autrefois un haras de réputation internationale. Il a été créé dans le style anglo-normand en 1890 par Edmond Blanc, un richissime propriétaire-éleveur de chevaux de course.
Les héritiers d'Edmond Blanc vendent discrètement en 1943 le haras à Marcel Boussac, le célèbre magnat du textile et propriétaire-éleveur.
Le haras est à dix minutes de voiture de la Porte d'Auteuil et deux minutes de Versailles. Il est très proche également de l'embranchement de l'autoroute de Normandie.
Plan du domaine
Les bâtiments furent conçus dans un style anglo-normand qui s'inspirait directement des cours d'entraîneurs de Chantilly, les plus prestigieuses, et de certains élevages de Normandie, mélange heureux de briques apparentes et de structures de bois ou de fer au dessin élégant à colombages.
La cour des 49
Le box de Quiloa est bien gardé...
Obbie One et Jonc aiment la compagnie apparemment...
Je me suis renseignée sur les tarifs : une heure par semaine annuelle coûte environ 1000 euros.
Cheval cabré - Jacques Boutrais (2008)
Le retour s'effectue en retraversant la forêt de Fausses-Reposes.
Il y a parfois des obstacles !
Le terrain est accidenté...
Le midi, on est content de tirer son repas du sac au hasard de tronc d'arbres hospitaliers...
Mais, dis-moi Marie-France : on l'a déjà vu cet étang, non ?
Mais oui, c'est celui de Ville-d'Avray !
Qu'il fait bon se dorer la pilule au soleil !
En haut de la dernière grimpette, quelles sont ces étranges pattes de volatile... ?
Ce ne sont que les racines d'un arbre fort vénérable.
Le repos des guerriers (le masculin par respect pour Paul !)
Attention à mon zoom !
Il est puissant...
Cette belle balade s'achève comme elle a commencé : sous le soleil.
Retour à la Gare Saint-Lazare (en fait "La Défense : tout le monde descend") par Chaville.
Merci à Jacqueline pour avoir organisé cette belle promenade.
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Dimanche dernier, j'ai fait une visite guidée fort intéressante proposée par Anne-Marie : celle de l'hôtel particulier de la Païva situé sur les Champs-Elysées au numéro 25. Il a été construit entre 1856 et 1865 par l'architecte Pierre Manguin pour Esther Lachmann, une aventurière russe d'origine polonaise.
L'hôtel appartient au Travellers Club depuis 1903 : il s'agit d'un club privé exclusivement masculin réservé à ses membres et à leurs seules épouses. Le Club qui l'a fait classer aux monuments historiques depuis 1980 en assure l'entretien et la restauration.
Esther Lachmann est née le 7 mai 1819 à Moscou de parents juifs polonais (son père est tisserand). A 17 ans elle est mariée à un tailleur d'habits français, ancien soldat de Napoléon resté en Russie, François Hyacinthe Antoine Villoing. Rebutée par la vie modeste qu'il lui fait vivre, elle le quitte rapidement, juste après la naissance de leur fils Antoine en 1837. Elle assurera cependant toujours l'éducation de ce dernier mais ne le verra jamais plus...
La Païva en 1860
Arrivée à Paris, elle s'installe dans le quartier de l'église Notre-Dame-de-Lorette où elle s'introduit dans le milieu de la prostitution, seule solution pour elle qui est arrivée sans le sou... (on appelait d'ailleurs à cette époque les courtisanes "débutantes" qui partageaient leurs faveurs entre plusieurs amants des Lorettes). Elle prend, sur les conseils de ses amies, le prénom de Thérèse et pendant une dizaine d'années collectionne ainsi les amants (elle a même une fille de l'un d'eux, Heinrich Henz, jeune pianiste-compositeur qui l'introduit auprès de ses amis écrivains et musiciens : c'est là qu'elle va devenir une "mondaine" accomplie).
Heinrich Herz en 1832
Elle le trompe allègrement quand celui-ci, ruiné, se voit obligé de partir en Amérique pour une tournée de 5 ans. C'est alors qu'elle rencontre le Marquis Aranjo de Païva, portugais né à Macao qui, en l'épousant, lui donne un nom.
C'est tout ce qu'elle cherchait ! Après la nuit de noces, elle lui signifie son congé...
Le destin met alors sur sa route le jeune (il a 11 ans de moins qu'elle) et beau Comte Guido Henckel von Donnersmarck, cousin de Bismarck, qui tombe fou amoureux d'elle. Celui-ci est de plus la plus grande fortune allemande après Krupp... Elle demande alors à Rome l'annulation de son mariage et l'obtient. Entre-temps, Païva, qui a perdu tout son argent au jeu, se suicide : elle peut donc épouser son Comte...
Le Comte Guido Henckel von Donnersmarck en 1871
Elle a maintenant tout loisir de se faire construire, avec l'argent de son mari..., le plus somptueux hôtel particulier de Paris sur les Champs-Elysées, un rêve qu'elle caresse depuis qu'elle est toute jeune.
L'appétit de richesse de la marquise passant par sa petite vertu fera dire au Figaro : "Bien que l'Hôtel ne soit pas encore aménagé, Madame la Marquise de Païva peut s'y installer ; le trottoir vient d'être terminé."
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Sur la façade de l'hôtel, un fronton portant un macaron représente la Païva, les yeux baissés.
On la reconnait d'ailleurs toujours à ses yeux baissés comme sur ces ferrures dorées ornant le portail d'entrée.
Sur les piliers encadrant le portail, des lions symbolisant la force mais peut-être aussi la richesse de cette femme devenue une vraie courtisane, une "lionne" comme on aimait à le dire à l'époque.
Une petite pièce fait communiquer le hall d'entrée avec le grand salon : ici, tout est luxe et volupté...
Le grand salon
Les deux miroirs situés de part et d'autre du salon renvoient la lumière des lustres à l'infini.
La cheminée monumentale est en marbre rouge de Carrare. Elle est parée de deux statues de femme en marbre blanc par Eugène Delaplanche.
A gauche, l'Harmonie
A droite, la Musique : à ses yeux baissés, on reconnaît la Païva.
Au-dessus de la cheminée, les initiales G et B entrelacées : le G pour Guido Henckel von Donnersmarck et le B pour Blanche, le troisième prénom de la Païva.
Au plafond, une superbe peinture de Paul Baudry représentant "le jour poursuivant la nuit". La marquise aurait servi de modèle au nu de la Nuit... C'est à ce peintre que Napoléon III avait confié la décoration du Foyer de l'Opéra de Paris.
Dans les angles, la Païva est représentée, toujours avec les yeux baissés...
Au plafond, des angelots tiennent une couronne : celle de Comte, probablement en hommage au titre de son mari. Ils sont l'œuvre de Jules Dalou.
La terrasse attenant au grand salon permet la vue sur l'avenue des Champs-Elysées.
Une lourde tenture rouge sépare le grand salon du salon de musique attenant.
La cheminée de marbre blanc, située sous la fenêtre, est décorée de deux têtes de lionnes dorées (la lionne, symbole des courtisanes).
avec des attributs fort féminins !
On continue la visite par celle de la salle à manger : c'est ici que la marquise recevait ses amis de marque et cultivait son cercle littéraire exclusivement masculin : elle redoutait la concurrence certes mais il est vrai qu'aucune dame n'a jamais consenti à franchir le seuil de l'Hôtel.
Elle y accueillit les Goncourt, Théophile Gauthier, Gambetta, Ernest Renan, Franz Liszt, Richard Wagner...
Bien qu'étant les hôtes de la marquise, les Goncourt ne l'épargnèrent guère :
« (…) je la regarde, je l’étudie. Une chair blanche, de beaux bras et de belles épaules se montrant par-derrière jusqu’aux reins, et le roux des aisselles apparaissant sous le relâchement des épaulettes ; de gros yeux ronds ; un nez en poire avec un méplat kalmouk au bout, un nez aux ailes lourdes ; la bouche sans inflexion, une ligne droite, couleur de fard, dans la figure toute blanche de poudre de riz. Là-dedans des rides, que la lumière, dans ce blanc, fait paraître noires, et, de chaque côté de la bouche, un creux en forme de fer à cheval, qui se rejoint sous le menton qu’il coupe d’un grand pli de vieillesse. Une figure qui, sous le dessous d’une figure de courtisane encore en âge de son métier, a cent ans et qui prend, par instants, je ne sais quoi de terrible d’une morte fardée. »
Bonjour l'amitié !
La pièce possède une cheminée monumentale en marbre de Carrare richement décorée : on peut y voir deux faunes musiciens en guise d'atlantes et au dessus deux lionnes couchées (toujours un rappel à la "position" de courtisane de la marquise) encadrant une très jolie bacchante également de Jules Dalou à la manière du "Jeune Pêcheur à la Coquille" de Carpeaux.
J'ai adoré !
Toujours avec les yeux baissés... La Païva avait une Ego très développé !
Le plafond de la salle à manger est très travaillé : la Païva y est représentée à ses quatre angles enserrant au centre une peinture représentant Diane chasseresse, une référence à celle de Benvenuto Cellini au Château d'Anet.
Les quatre portes de la salle à manger sont surmontées de trumeaux ornés d'allégories représentant la chasse, la pêche, les vendanges...).
On voit ici la pêche par Gabriel Ranvier surmontée d'un tournesol.
Dans le bar attenant (aménagé par ailleurs par le Traveller's Club pour ses membres) deux jolies fontaines.
Un coup d'oeil sur le jardin où la marquise conservait ses plantes l'hiver venant.
C'en est fini du rez-de-chaussée. Un superbe escalier taillé dans l'onyx donne l'accès à l'étage.
Le groupe en monte les degrés tout en suivant les commentaires de la guide.
Celle-ci nous fait remarquer le blason sous l’escalier: c'est celui de la Païva. On le reconnait à l'initiale B de son troisième prénom. Elle avait changé de prénom lors de son mariage avec le Comte Guido Henckel von Donnersmarck, sans doute pour se refaire une virginité...
Remarquez aussi la forme ronde de l'escalier soulignée par le carrelage au sol. Quant aux candélabres, ils sont en bronze doré.
A la mitan de l'escalier un superbe bas-relief de marbre blanc représente Amphitrite chevauchant un poisson à la queue très fantaisiste... Une représentation de la Païva naturellement puisque la jolie déesse a les yeux baissés !
La coupole possède un orifice octogonal et éclaire ainsi avantageusement les marches de l'escalier. Elle est décorée par des allégories de Rome, Venise, Naples et Florence.
Nous voici arrivés en haut de l'escalier éclairé par une fenêtre ornée de jolis vitraux en grisaille.
Dans la garde-robe de la marquise, un bronze argenté de Albert Carrier-Belleuse représentant une "femme à l'enfant". Remarquez la lionne qui orne la vasque...
La garde-robe donne accès à la chambre de la marquise. Ici encore une cheminée assez exceptionnelle flanquée de deux nymphes en bronze doré.
Elle est pourvue d'un médaillon représentant un nu de femme : la Païva à coup sûr !
Le plafond à caissons n'a rien à lui envier...
La visite se termine par celle de la salle de bains mauresque, l'orientalisme étant très à la mode à cette époque. Elle est revêtue d'onyx dans sa partie basse tout comme la baignoire qu'elle renferme.
Un joli plafond...
et des céramique d'Iznik
La cuve de la baignoire est tapissée de bronze argenté et elle est pourvue de trois robinets.
Une légende court sur internet comme quoi l'un aurait distribué l'eau tiède, l'autre du lait d'ânesse et le troisième du champagne : c'est faux bien entendu ! Notre guide nous a expliqué qu'il s'agissait plus probablement d'un robinet destiné à réguler l'écoulement des eaux usées.
On aime ou on n'aime pas cette débauche d'art de la Renaissance italienne qui, il faut l'avouer, m'étoufferait s'il fallait que j'y vive (il n'en n'est pas question heureusement !) mais il reste que la Païva nous laisse ici un musée d'une richesse incroyable.
L'Hôtel particulier a coûté la bagatelle de 10.000 francs or de l'époque : une vraie fortune et pour le visiter, je n'ai dépensé que 10 euros !
Merci Anne-Marie pour cette brillante idée de visite.
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Une promenade à Versailles, ça vous dirait ?
C'est ce que nous a proposé Jacqueline pour la dernière rando : 13 kilomètres à pied dans le parc du château.
Arrivés vers 10 heures à la gare de Versailles-Château-Rive-Gauche, nous commençons la balade par un temps brumeux qui heureusement va se dégager en fin de matinée pour laisser place à un soleil généreux.
Nous sommes 20 à participer à cette balade et, une fois n'est pas coutume, je ne suis pas la dernière...
Versailles nous attend...
La façade ouest manque d'éclairage à cette heure matinale.
Le Parterre d'eau qui lui fait face comporte des groupes de statues en bronze, tels ces enfants, coulées à l'Arsenal de Paris par les frères Keller. Pas besoin de les encapuchonner...
contrairement aux statues de pierre qui craignent le gel.
Le Bassin d'Apollon, situé tout au bout du Grand Canal, est plein de givre en cette saison, ce qui ne manque pas de lui donner du charme.
Voici une peinture de Pierre-Denis Martin, dit Martin le Jeune, qui le représente en 1713.
Un petit détour par le Grand Trianon : "Petit Palais de marbre rose et de porphyre avec des jardins délicieux", selon la description de Mansart qui en fût l'architecte.
Louis XIV y cachait ses amours avec la Montespan...
Quelques toiles d'araignée s'en sont emparé...
Le Bassin de Neptune est voisin des rues de la ville.
Y a pas photo : c'est bien du Dieu de la mer qu'il s'agit !
Le Bassin du Dragon, tout proche de l'agglomération également : quatre enfants armés chacun d'un arc luttent contre le serpent Python.
Peu de temps pour les photos : celle-ci est un peu ratée... mais pas au point de la jeter !
Nous remontons ensuite l'Allée d'eau dite "des marmousets" en raison des petites fontaines ornées de personnages de petite taille qui la bordent.
Ces trois satyres soutenant une vasque ont été sculptés par Pierre 1er Legros qui oeuvra beaucoup pour le Château de Versailles.
Et voici trois musiciens qui enchantent les jardins : ils sont l'oeuvre de Louis Lerambert.
Deux amours et une fillette : une sculpture d'Etienne Le Hongre.
Quelle belle perspective quand le soleil donne !
La Fontaine de la Pyramide est censée incarner l'aboutissement de la quête d'Apollon : en effet, après avoir tué le serpent Python, Apollon remonte sous les acclamations des enfants et autres groupes de l'Allée d'Eau, pour parvenir à la Pyramide, symbole de connaissance, qui représente le temple de Delphes où se trouve la Pythie.
La boucle est bouclée avec ce retour au Parterre d'Eau magnifiquement éclairé par le soleil en ce milieu d'après-midi.
Des statues de bronze le bordent, représentant chacune un fleuve (il s'agit alors de personnages masculins) ou une rivière (il s'agit alors de personnages féminins) : elles ont été coulées par Balthasar Keller et conçues par plusieurs sculpteurs.
Ces statues représentant des cours d'eau sont allongées, selon la tradition...
Voici La Garonne par Antoine Coisevox
La Dordogne également par Coisevox
Le Loiret par Thomas Regnaudin
et enfin, La Loire également par Regnaudin
Nous voici arrivés à la grille d'entrée (hélas elle est fermée...) du bosquet de la Salle de Bal.
Créé par André Le Nôtre et inauguré en 1685, la salle de Bal s'appelle aussi bosquet des Rocailles, en raison des pierres de meulière et des coquillages rapportés des côtes africaines et malgaches sur lesquels l'eau ruisselle en cascade. Au centre, une "île en marbre, aisément accessible, servait de piste de danse, art dans lequel s'illustrait Louis XIV. Les musiciens se tenaient au-dessus de la cascade et, en face, un amphithéâtre aux gradins recouverts de gazon permettait aux spectateurs de s'asseoir.
A travers les grilles, on peut tout de même voir l'amphithéâtre.
Voici une peinture de Jean Cotelle le Jeune qui le montre à l'époque de sa magnificence.
Non loin de là un joli bassin : celui de Bacchus
De plus près...
Pour finir, un petit tour du côté du Jardin du Roi : il s'agit d'un jardin à l'anglaise où l'on pouvait admirer avant la tempête de 1999 de superbes arbres exotiques...
Là s'achève notre balade mais nous n'avons pas épuisé, loin de là, les merveilles des jardins de Versailles...
On pourra y retourner !
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Un temps absolument printanier en ce 17 décembre pour la randonnée du jeudi avec Jacqueline. Celle-ci nous emmène aujourd'hui en banlieue sud pour une petite balade sur la coulée verte et le Parc de Sceaux. Le rendez-vous est à la station Cité Universitaire du RER B, l'occasion pour moi de traverser le Parc Montsouris de bon matin et de savourer le plaisir, étant retraitée, de voir tous ces gens qui se pressent vers leur destination de travail...
Chacun son tour, non ?
Le RER B évoque pour moi bien des souvenirs d'enfance : mes parents possédant une petite maison de campagne à Saint-Rémy-lès-Chevreuse, nous prenions régulièrement cette ligne autrefois appelée "la ligne de Sceaux".
Massy-Verrières : tout le monde descend !
Un petit détour pour aller voir le Mémorial de la déportation des Juifs des Hauts-de-Seine inauguré en 2006 par l'ancien ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy.
Dénommé "le pupitre des étoiles", il s'agit d'une oeuvre de Christian Lapie. Cet ensemble de douze statues en fonte de fer symbolise les douze fils de Jacob, ancêtres des douze tribus d'Israël. La clairière de bouleaux dans laquelle elles ont été installées rappelle les lieux de déportation de l'Europe de l'Est.
Sept d’entre elles sont regroupées, à l’image d’une famille, au centre de quatre pupitres sur lesquels ont été gravés les noms des 972 victimes de la Shoah originaires des Hauts-de-Seine. Ce sont des enfants des écoles qui ont gravé ces noms.
Nous entrons maintenant dans le Parc de Sceaux.
Vous reconnaissez ici la pièce d'eau du Parc... Au fond, l'église de Bourg-la-Reine.
Une sculpture de Rast-Klan Toros, syrien d'origine arménienne... vivant à Romans, vient d'y être installée : elle s'intitule "l'aigle d'Arménie" et commémore le centenaire du début du génocide. C'est Patrick Devedjian, Président du Conseil départemental des Hauts-de-Seine, qui l'a inaugurée le 11 avril dernier. Il a rappelé l'importance du souvenir à l'heure où le Front al-Nosra, un groupe armé djihadiste affilié à Al-Qaïda, a détruit l'ossuaire de Der Ez-Zor (en mai 2014).
Le sculpteur a représenté cet aigle avec un corps d'homme symbolisant la force d'un peuple malgré le génocide.
Une petite grimpette...
La Servitude (statue en marbre du XIXème siècle)
L'orangerie a été édifiée entre 1675 et 1683 ; elle servait à l'exposition des tableaux de Colbert qui était un grand collectionneur. Elle est construite entièrement en pierre de taille ; en 1871, elle a été tronquée sur 25 mètres environ.
Joli fronton,non ?
Tiens tiens...
l'esplanade du château
C'est le Duc de Trévise, sous le Premier Empire, qui commanda à l'architecte Joseph-Michel Le Soufaché, à l’emplacement de l’ancienne demeure des Colbert détruite dans les premières années du XIXème siècle, la construction d’un nouveau château. La première pierre de la nouvelle demeure fut posée en 1856 et le décor intérieur ne fut achevé qu’en 1862. Trois fois moins étendu que celui des Colbert, le château, présente des façades "brique et pierre", ainsi que de hautes toitures d’ardoise.
En haut des fenêtres du premier étage, de curieux mascarons...
Passé le château, une élégante statue du XIXème siècle, copie d'antique en pierre du Faune à l'enfant
Silène portant le jeune Dionysos dans ses bras : selon la légende, Silène aurait été chargé par Zeus d'emporter Dionysos, son fils adultérin, loin de la colère d'Héra pour le confier aux Nymphes.
Du côté du labyrinthe formé par les haies en charmilles, une fontaine de rocailles agrémentée de coquillages exotiques.
Jacqueline nous fait remarquer, à juste titre, la ressemblance avec Arcimboldo...
Un oranger du Mexique très odoriférant tout près du Pavillon de l'Aurore : il s'agit de l'un des très rares pavillons de jardin de la période Louis XIV qui aient subsisté en France. Cette mode venait d'Italie où ils servaient de halte pour prendre une collation ou écouter de la musique.
C'est Colbert, baron de Sceaux, qui le fit construire en 1670 pour abriter une fresque de Le Brun sur le thème de l'Aurore.
Notre balade est terminée : sur le chemin du retour, une découverte intéressante dans une rue de Bourg-la-Reine : la maison Hennebique.
Elle a été construite entre 1901 et 1903 par l'architecte et entrepreneur François Hennebique pour son propre usage mais aussi afin de faire la publicité de son entreprise de béton armé.
A ses débuts, ce matériau était utilisé comme mesure de protection contre les incendies.
Avec sa terrasse en encorbellement et sa tour-minaret de 40 mètres de hauteur (faisant office de château d'eau destiné à l'arrosage par gravitation des serres et des jardins suspendus), elle met en évidence une affirmation de l'architecte : "on peut tout demander au béton armé, et il peut tout reproduire".
Retour sur Paris : avec ma manie de prendre des photos, j'ai raté le RER !
Merci Jacqueline...
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