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Par Tolbiac204 le 21 Mars 2014 à 18:44
Mon Dieu, que le temps passe vite ! Déjà deux semaines qu'Anne-Marie nous faisait découvrir les passages du Faubourg Saint-Antoine... et voici qu'elle nous propose encore aujourd'hui de remonter le temps en nous entraînant dans le quartier de la gare Saint-Lazare à la recherche du Paris du Baron Haussmann.
Napoléon Ier avait rêvé de faire de Paris "la plus belle ville qui ait jamais existé" mais... il n'a pu réaliser qu'une partie de ses projets et c'est Napoléon III qui va reprendre le flambeau. Avec l'appui du Préfet de la Seine, Georges Eugène Haussmann (1809 - 1891), il transforme la capitale en en éradiquant les quartiers insalubres (en accord avec les théories hygiénistes alors en plein essor), en ouvrant de grandes voies de circulation et en créant de grands parcs (sur le modèle de Londres d'où il revient) pour en faire la ville moderne que nous connaissons aujourd'hui. Le percement des grandes avenues n'est, quant à lui, pas étranger à la volonté d'entraver d'éventuels soulèvements populaires...
Bien sûr, certains lui reprocheront d'avoir détruit le Paris du Moyen-Age, mais on n'a rien sans rien (les parisiens y ont tout de même gagné l'eau courante...).
Nous avons rendez-vous au 102 boulevard Haussmann, un immeuble dont le rez-de-chaussée est occupé par les locaux d'une banque, donc à priori sans grand intérêt.
si ce n'est que c'est ici qu'a habité Marcel Proust de 1907 à 1919 ainsi qu'en témoigne cette plaque.
C'est dans un appartement situé au 2ème étage qu'il écrivit "A la recherche du temps perdu". Une anecdote : pour se prémunir contre le bruit, en septembre 1910, il fit clouer sur les murs de sa chambre d'épaisses plaques d'écorce de liège brut, sur les conseils d'Anna de Noailles.
Quittant légèrement le boulevard, nous voici maintenant devant l'immeuble de l'ancien Siège de la Société Financière Française et Coloniale (la SFFC) qui se distingue surtout par les sculptures de Georges Saupique, sculpteur colonial, représentant différents animaux exotiques : crocodile, éléphant, antilope, gazelle, tigre, gazelle et requin...
Comme nous le rappelle Anne-Marie, aux abords des terminus de diligences puis près des gares, se développèrent dans la première moitié du XIXème siècle des galeries commerciales abrités dans des passages couverts tels que celui-ci.
Le passage Puteaux relie la rue Pasquier à la rue de l'Arcade.
Malheureusement, la gare Saint-Lazare qui devait être édifiée tout à côté fût en définitive établie plus au nord, dans le quartier de l'Europe, ce qui ne favorisa pas sa fréquentation. En voici une photo, même si ce passage est loin d'être aussi élégant que ceux du quartier des grands boulevards.
Tout à côté du passage Puteaux, le Square Louis XVI où une chapelle expiatoire a été érigée sous Louis XVIII pour rappeler que c'est là que les dépouilles de Louis XVI et de Marie-Antoinette reposèrent avant d'être transférées à Saint-Denis. La chapelle ne se visite que lors des Journées du Patrimoine.
Rapprochons-nous maintenant de la gare Saint-Lazare : le One Two Two, ça vous dit quelque chose ? Et bien c'est au 122 de la rue de Provence (d'où son petit nom) que se tenait autrefois l'une des plus luxueuses et célèbres maisons closes de Paris ! Sans doute l'appelait-on ainsi pour se montrer discret...
A l'origine, ancien Hôtel Particulier construit sur trois niveaux appartenant au Prince Murat, Marcel Jamet s'en rend acquéreur en 1924 et le fait surélever de quatre étages en 1933. Tel est l'immeuble que l'on peut voir aujourd'hui.
C'était un lieu fréquenté par la haute société où l'on se rendait tant pour être vu autant que pour goûter aux charmes de ses "pensionnaires". On y vit des Altesses royales (l'Aga Khan ou le Roi des Belges), des comédiens (Raimu, Mistinguett, Edith Piaf, Jean Gabin, Humphrey Bogart, Marlène Dietrich et pendant la guerre de très nombreux officiers allemands et de la Gestapo française dont c'était le bordel officiel.
Les chambres étaient toutes différentes et faisaient "voyager" leurs occupants tout autour du monde avec : la cabine de l'Orient Express, la chambre igloo, la chambre africaine, le grenier à foin, la chambre provençale, la chambre égyptienne, la chambre François Ier etc etc...
Du hall avec ascenseur qui desservait les différentes chambres, il ne reste que la rampe.
Voici la chambre champêtre avec le foin qui sort du grenier !
La chambre de la Compagnie des Indes
La chambre corsaire
La chambre africaine
La chambre François Ier (le pauvre : qui lui eut dit qu'il serait mis à cette sauce !)
Et voici les serveuses du Restaurant avec Marcel Jamet : l'essentiel est caché !
Dommage qu'on ait détruit tout ça : cela aurait pu faire l'objet d'une visite guidée... !
Trêve de plaisanterie, nous cheminons maintenant en direction du 8 de la rue du Havre pour faire une halte devant le Lycée Condorcet. Ouvert en 1803, c'est l'un des plus vieux lycées de Paris et aussi l'un des meilleurs. C'est aussi le premier établissement à avoir été mixte (dans les classes préparatoires).
Anne-Marie nous apprend que le lycée Condorcet s'est appelé Lycée Karl Marx durant quelques jours pendant les événements de mai 68. En effet, les élèves voulaient qu'il porte le nom d'un révolutionnaire et ce n'est que lorsqu'on leur a fait réaliser que justement Nicolas Condorcet était un révolutionnaire que l'établissement a repris son nom actuel.
Le Lycée compta nombre de professeurs illustres tels que les philosophes Alain et Sartre, Albert Châtelet le mathématicien, Edouard Daladier l'historien et homme politique, Marcel Proust l'écrivain, Marcel Pagnol qui y enseigna l'anglais avant d'abandonner l'Education Nationale pour la littérature et bien d'autres encore.
Il serait trop long d'énumérer tous les élèves devenus célèbres qui y ont usé leurs culottes... Citons dans le désordre chronologique : Tristan Bernard, Daniel Buren, Bernard Blier, Sadi Carnot, Henri Cartier-Bresson, Gilbert Cesbron, André Citroën, Jean Cocteau, Serge Gainsbourg, Louis de Funès, Alain Krivine, Eugène Labiche, Pierre Lazareff, Jean Marais, Jean Nohain, Marcel Proust (qui y devint professeur : cf. ci-dessus), Francis Poulenc, Victor Schœlcher, Louis Renault entre autres
et justement...
un certain Georges Eugène Haussmann.
Non loin de là, la gare Saint-Lazare avec Marie-France qui me prête gentiment son sourire avec sa toute nouvelle coupe de cheveux, très réussie je trouve.
C'est la plus ancienne des gares parisiennes et c'est aussi, parait-il, la plus grande d'Europe. On y rentre en empruntant un escalier monumental (photo internet) dont le plafond est superbement décoré.
Ma photo maintenant ! Ce rouge et cet or sont bien chatoyants...
La salle des pas perdus a été rénovée récemment : c'est maintenant un espace de circulation très lumineux.
La gare Saint-Lazare, tout comme la cathédrale de Rouen, a fait l'objet d'une série de tableaux peints par Claude Monet (qui demanda alors aux autorités compétentes de faire fumer toutes les locomotives !). Avouez que cela en valait le coup...
Et maintenant, direction l'ouest pour rejoindre le Square Marcel Pagnol, créé par l'Ingénieur Alphand, contemporain de Haussmann.
Une petite halte récupératrice
Voici un exemple type d'immeuble Haussmannien : en pierre de taille à 6 étages (le dernier étant réservé aux "chambres de bonnes") avec un balcon en enfilade au 2ème étage (celui des propriétaires) et au 5ème étage (pour l'harmonie visuelle).
On aperçoit ici le lieu de notre prochaine étape : la monumentale église Saint-Augustin. Avez-vous remarqué les arbres en fleurs ? Nous sommes presque au Printemps en ce qui concerne la date !
Au passage, jetons un coup d'œil à l'ensemble monumental que constitue le Cercle National des Armées, de terre, de mer et de l'air : à l'angle du bâtiment, une superbe rotonde. C'est l'œuvre de Lemaresquier, architecte en chef des palais nationaux qui le réalise dans l'entre deux guerres et inauguré par le Président Doumergue en 1928.
La façade possède quatre statues allégoriques qui ne sont pas faciles à photographier tellement elles sont haut perchées : peut-être étaient-elles destinées à être vues par les anges ? Elles sont toutes d'un sculpteur différent.
Le Turco (tirailleur algérien)
Le Poilu
Le marin
Le Cuirassier
Les voici rendus plus accessibles grâce à la magie d'internet...
Notre promenade s'achève par la visite de l'église Saint-Augustin qui a la particularité de posséder une structure métallique (sans quoi l'édification de son dôme eût été impossible). Vous n'en verrez que le haut car les échafaudages ne sont pas photogéniques !
On aperçoit ici les colonnes de fer soutenant le dôme.
A l'entrée de l'église, une plaque indique que c'est dans cette église que Charles de Foucaud se convertit.
Une pièce est consacrée à la vie du prêtre sous forme de panneaux d'affichage agrémentés de photos d'époque.
Buste en terre cuite de Charles de Foucaud
Le Saint homme, de son vrai nom Charles Eugène de Foucaud de Pontbriand (en voilà un nom à rallonge...), est né en 1858 à Strasbourg. Orphelin à 6 ans, c'est son grand-père qui l'élève : il le suit d'ailleurs dans ses déplacements militaires et, devenu adolescent, il fait tout naturellement Saint-Cyr. Après avoir fait carrière dans l'armée tout en menant une vie "facile" comme on dit, il décide de démissionner de l'armée à 23 ans afin d'explorer le Maroc. Sa rencontre avec les musulmans et son retour en France où il rencontre en particulier l'Abbé Huvelin lui redonnent la foi. Il devient même prêtre, à 43 ans.
Parti vivre au Sahara, il partage la vie des Touaregs mais il est assassiné le 1er décembre 1916 à la porte de son bordj dans le Sahara algérien.
Au coin du Boulevard Haussmann et de la rue Laborde se trouve une statue du Baron Haussmann par François Cogné (1889), bien jolie je trouve. Une anecdote sur Haussmann : né au 55, rue du Faubourg du Roule près de la place de l'Etoile, il n'hésita pourtant pas à la faire démolir... C'est bien de donner l'exemple : un exemple que les politiques d'aujourd'hui devraient suivre plus souvent...
La boucle est bouclée...
Merci encore à Anne-Marie pour ce guidage fort intéressant.
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Par Tolbiac204 le 7 Mars 2014 à 18:25
Anne-Marie avait-elle commandé le beau temps pour la promenade qu'elle encadrait ce vendredi ? En tout cas, il était là et ce fût un plaisir de flâner en bonne compagnie (je n'ai pas compté mais nous étions très nombreux à être au rendez-vous...) de passages en passages dans le quartier du Faubourg Saint-Antoine.
Mais pourquoi ce nom de Faubourg Saint-Antoine ?
Le nom vient de l'ancienne abbaye Saint-Antoine-des-champs (à l'actuel emplacement de l'Hôpital du même nom), détruite à la fin du XVIIIème siècle, et plus précisément du faubourg qui se développa à proximité, du fait principalement de l'exemption pour ses artisans des réglementations corporatives.
Partis de la place de la Bastille (rendez-vous avait été donné devant les marches de l'Opéra), nous voici tout de suite dans le vif du sujet.
On entre dans la Cour Damoye par le N°12 de la place : c'est une rue privative, à l'abri du tumulte dû à une circulation intense dans le quartier, qui abritait autrefois des ateliers d'artisans (menuisiers, ébénistes et ferrailleurs). Elle a été inaugurée en juin 1999 après une réhabilitation, sauvée in extremis de la démolition envisagée par des promoteurs peu soucieux du patrimoine parisien...
Tout au bout de la rue se trouve la célèbre rue de Lappe qui doit son nom à un maraîcher, Gérard de Lappe, qui y possédait des jardins.
Originellement peuplée de ferrailleurs, beaucoup de bretons et d'auvergnats vinrent ensuite s'y installer, ouvrant des "cafés bois-charbon" : tandis que le mari faisait les livraisons, la femme tenait le comptoir !
Ces devantures de magasins témoignent de ce passé.
Dans les années 30, de nombreux bals s'y installèrent : le Balajo (du nom de son propriétaire, Jo France) a fêté ses 75 ans en 2011...
C'est au 51 de la rue de Lappe que naquit Francis Lemarque. Le compositeur créa d'ailleurs une chanson qui porte ce titre, reprise par Mouloudji.
Débouchant sur la rue de Charonne, nous empruntons maintenant le passage Lhomme.
Comme tous les passages du Faubourg, celui-ci abrite des ateliers artisanaux.
On peut y voir une grande cheminée d'usine.
Au détour de l'avenue Ledru-Rollin...
Nous avons maintenant rejoint le Faubourg Saint-Antoine. Au N°95 se trouve la Cour de l'Ours qui doit son nom à la sculpture de sa façade. Ne me demandez pas pourquoi...
Le m² y est à 7829 euros d'après "Les meilleurs agents"...
Au 81, la Cour des trois frères (ainsi nommée car le propriétaire du terrain, M. Viguès, avait trois fils) a été ouverte sur une centaine de mètres en 1855.
Même si elle est consacrée aux métiers du meuble, la Cour accueille (et ça se voit !) la boutique d'un grand coiffeur, Toni and Guy, qui a apposé son enseigne sur l'une des trois verrières qui la décorent.
Traversant la rue, nous passons devant l'angle d'un immeuble joliment décoré d'une statue de Saint-Nicolas : l'évêque veille sur le passant...
Dans la rue du même nom, le Carré Saint-Nicolas offre une belle façade du XVIIIème.
Si l'on réussit à entrer à la faveur d'une livraison, on peut lécher la vitrine d'un très beau magasin de décoration intérieure : il s'agit de "Ralph Lauren Home".
Dans la rue Saint-Nicolas également une superbe devanture : celle de Houlès où l'on trouve forcément le tissu ou la passementerie recherchés (à condition toutefois d'avoir un porte-monnaie bien garni !)
Revenant sur le Faubourg, la Cour des Shadoks tire son nom de la célèbre série télévisée créée par Jacques Rouxel qui y habita (et à laquelle Claude Piéplu prêta sa voix). Actuellement ce sont des galeries d'art qui s'y sont installées au rez-de-chaussée tandis qu'en étage il y a des lofts...
Une sculpture de Bertrand Biss
Eh oui... Nous étions nombreux à faire cette sortie (j'ai mis le masculin car quelques rares hommes se cachent derrière toutes ces femmes !)
Deux pas plus loin, une porte cochère monumentale cache une entrée d'immeuble magnifiquement sculptée donnant accès à la Cour des Bourguignons.
Cet ensemble constitue un remarquable témoin des grandes cours industrielles ordonnancées autour d’une haute cheminée, symbole de l’activité manufacturière de la seconde moitié du XIXe siècle.
La Fontaine de Charonne (aussi appelée Fontaine Trogneux) date de 1720. Elle se trouve au coin de la rue de Charonne et de la rue du Faubourg Saint-Antoine.
Près du sol, deux mascarons de bronze à tête de lion sont chargés de cracher l'eau qui s'évacue dans une grille du sol.
Non loin de là, au niveau du métro Ledru-Rollin, le Passage du Chantier ainsi nommé car il abritait autrefois un chantier de bois à brûler (de grands fours y étaient installés, servant à brûler les copeaux et les chutes de bois inutilisables pour éviter les incendies). Cette petite rue pavée est un havre de paix où les artisans du bois se sont installés de longue date (à l'heure actuelle elle est occupée par des marchands de meubles).
Toujours au niveau du métro Ledru-Rollin, voici l'immeuble qui abrite les locaux parisiens du grand architecte Jean-Michel Villemotte.
Non non et non : je ne vous ferai grâce d'aucune cour... Voici celle du Bel-Air, un nom charmant n'est-ce pas ? Il provient du nom de celui d'un hôtel particulier du XVIIème siècle. Si d'extérieur, l'entrée de la cour ne casse pas trois pattes à un canard comme on dit, on découvre en s'y aventurant une courette pavée abritant de jolis petits immeubles de trois étages seulement couverts de vigne vierge en été (il faudra y revenir...) et joliment arborée : la légende en fait le lieu d'habitation des Trois Mousquetaires...
Allez, on change de siècle : passons au XXème avec cet immeuble abritant les Ateliers de Paris, carrefour des jeunes entreprises de la Création
Nous quittons maintenant le faubourg Saint-Antoine pour rejoindre la rue de Charenton par le Passage de la Boule Blanche qui tire son nom de l'enseigne qui figurait sur la maison dans laquelle il a été percé en 1700.
Au sortir du passage, voici l'entrée de l'Hôpital des Quinze-Vingt spécialisé en Ophtalmologie. Il ne reste de l'ancienne caserne des Mousquetaires du Roi que le porche d'entrée.
Mais d'où vient donc ce nom bizarroïde de Quinze-Vingt ? Et bien, figurez-vous que l'hospice, fondé au XIIIème siècle par Saint-Louis, pouvait accueillir 300 aveugles : 300 lits, cela correspondait à l'époque (dans le système vigésimal alors utilisé) à 15 fois 20 lits... C'est tellement simple qu'on aurait dû y penser avant ! (mais tout de même, merci Anne-Marie pour cette explication !)
Continuant la rue de Charenton, nous apercevons au passage la Cour du Chêne Vert, reliquat du Passage du même nom tronqué suite au percement de l'avenue Ledru-Rollin.
Cette Cour tire son nom d'un chêne d'une ancienne plantation abattu en 1840. Ici, le prix du m² donné par "Meilleurs Agents" frôle les 8000 euros...
Mais où Anne-Marie nous emmène-t-elle et qu'est-ce que ce "Grand Lavoir du Marché Noir" ? Vous l'aurez deviné : un plaisantin a effacé une partie des lettres...
Seule la façade de cet ancien lavoir situé au N°3 de la rue Cotte (construit originellement en 1830 au N°9 de la même rue) a été conservée. Il aurait dû être détruit en 1843 suite à la reconstruction du Marche d'Aligre mais une protestation des riverains déboucha sur ce compromis...Au bout de la rue, le clocher central de la petite Mairie d'Aligre fait face au Marché d'Aligre situé sur la place du même nom.
C'est en 1781 que des terrains furent achetés à Gabrielle-Charlotte de Beauvau Craon, Abbesse de l'Abbaye de Saint-Antoine, pour y construire un marché qui prit son nom pour faire face à l'accroissement de la population du Faubourg Saint-Antoine. L'actuel marché couvert a été reconstruit en 1843 par Marc Gabriel Jolivet sur les ruines du marché précédent.
Une vingtaine de marchands sont installés à l'intérieur du marché couvert : poissonneries, fromager, épiceries fines italienne, portugaise et créole, boucheries, charcuterie, primeurs, fleuristes... tandis qu'à l'extérieur on peut trouver les primeurs à des prix au kilo défiant toute concurrence... Le marché d'Aligre est ouvert tous les jours sauf le lundi et c'est, paraît-il le dimanche midi qu'on y fait les meilleures affaires.
Chemin faisant, nous voici arrivés au Square Armand Trousseau (il longe sur l'un de ses côtés le Faubourg Saint-Antoine). On peut y admirer d'élégantes façades d'immeubles décorées de mosaïques.
Rejoignant le Faubourg, nous arrivons au niveau du N°151 où une "pelle" de la Ville de Paris rappelle qu'ici mourut le Député Alphonse Baudin le 3 décembre 1851 au lendemain du coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte.
Alors que, depuis une barricade, il enjoignait en tant que député de l'Ain et appuyé en ceci par Victor Schœlcher les ouvriers du Faubourg à s'insurger, ceux-ci se moquèrent de lui, lui reprochant son indemnité parlementaire journalière : c'est alors qu'une balle l'atteignit tandis qu'il prononçait une phrase qui restera dans l'histoire : "Vous allez voir comment on meurt pour 25 francs".
Tableau d'Ernest Picchio représentant le député Baudin sur la barricadeNotre visite du Faubourg se termine presque... mais avant de se quitter, nous empruntons un dernier passage : le Passage Saint-Bernard nous permet de rejoindre l'église Sainte-Marguerite, située dans le 11ème arrondissement cette fois-ci.
L'église Sainte-Marguerite date du début du XVIIème siècle. Elle est dédiée à Marguerite d'Antioche, vierge martyre qui vécut au IVème siècle.
En 1760, Victor Louis, l'architecte du théâtre de Bordeaux, construit la chapelle des Âmes-du-Purgatoire toute en trompe l'œil. La récente restauration (elle date de 2011) met en valeur l'architecture de la chapelle ainsi que ses peintures dues à Paolo-Antonio Brunetti.
Pendant la révolution les corps de 300 personnes guillotinées sur la place de la Bastille et la place du Trône-Renversé (actuelle place de la Nation) furent enterrés dans le cimetière attenant à l'église (dans une fosse commune). Selon la légende, le jeune Louis XVII y aurait été inhumé après sa mort à la prison du Temple et effectivement un enfant mort au donjon du Temple y est en effet inhumé, sans service religieux mais des exhumations réalisées en 1846 et 1894, confirmées par des fouilles en 1979, mettent au jour les restes d'un jeune homme de 15 à 18 ans : or Louis XVII était âgé de 10 ans au moment de sa mort...
Malgré ces démentis, une plaque commémorative posée sur le mur de l'église affirme toujours que "l'enfant mort au Donjon du Temple" y a été inhumé en 1795.Notre promenade s'achève à l'Hôtel de Mortagne situé au 53 rue de Charonne. Il s'agit d'un Hôtel Particulier construit en 1661 par le neveu de François Mansart pour le Chancelier du duc d'Orléans, Jacques Nourry (on l'appelait alors la Folie Nourry). Il est acheté en 1711 par le Comte Antoine de Mortagne puis par Jacques de Vaucanson, inventeur et mécanicien célèbre qui y résida de 1746 jusqu'à sa mort en 1782. Ce dernier construisit dans cet Hôtel une grande partie de ses automates. L'hôtel de Mortagne est sous Louis XVI l'ancêtre du Musée des Arts et Métiers. Sa façade a malheureusement été cachée suite à la vente de la partie du terrain donnant sur la rue de Charonne et à la construction d'un immeuble de 6 étages dans les années 60... On peut cependant l'apercevoir depuis le passage Charles-Dallery.
Je me suis amusée à dessiner le parcours que nous avions fait !
Cette visite donne un goût de "revenez-y", non ? D'autres passages sont sûrement encore à découvrir dans ce quartier du meuble qui change hélas de jour en jour : l'implantation de l'Opéra dans ce quartier a fait venir des enseignes qui n'ont plus rien à voir avec l'âme du Faubourg si bien décrite par Jean Diwo dont je vous conseille les livres (la trilogie des Dames du Faubourg et en particulier "249, faubourg Saint-Antoine" qui raconte sa jeunesse au sein d'une famille dont le père est parti à la guerre...),
Merci pour ce guidage bénévole Anne-Marie : il fut fort sympathique et instructif.
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Par Tolbiac204 le 23 Novembre 2013 à 18:21
Peu importe que le temps soit couvert ou même pluvieux puisque aujourd'hui Anne-Marie nous emmène visiter les passages couverts prestigieux de la capitale.
Partis du métro Louvre-Rivoli, nous commençons notre balade par la visite de la Galerie Véro-Dodat.
C'est Benoît Véro, charcutier rue Montesquieu, qui achète l'Hôtel Quatremer en 1823. Craignant que son seul fonds de commerce, bien que renommé dans la capitale, ne lui permette pas de passer à la postérité, il fait raser l'hôtel pour édifier avec son associé François Dodat, charcutier rue du Faubourg Saint-Denis mais également financier, la maison et le passage actuel qui relie la rue du Bouloi à la rue Jean-Jacques Rousseau, entre le Palais-Royal et les Halles.
Le passage couvert est inauguré en 1826. On y entre par un porche encadré par deux colonnes ioniques surmontées d'un balcon.
Il y a une grande unité à l'intérieur du passage. Les devantures des boutiques associent le bois sombre avec des ornements en cuivre et fonte qui forment des colonnes. Elles sont surmontées d'un attique occupé par des logements.
Un sol pavé d'un damier de marbre noir et blanc en diagonale donne une illusion de profondeur, le tout étant éclairé avec des globes de lumière et une verrière qui laisse passer le jour.
Ce passage sera l'un des premiers endroits de la Capitale éclairé au gaz.
Quand le plafond n'est pas vitré il est décoré de toiles marouflées à l'antique.
Cette galerie doit son succès à la boutique, située face à l'entrée de la galerie, rue Jean-Jacques Rousseau, des "Messageries Lafitte et Caillard" qui desservait la France entière : les voyageurs qui attendaient leur diligence allaient flâner parmi les magasins de mode.
La galerie reste fidèle à sa destination première puisque ici c'est le chausseur de luxe Christian Louboutin (vous savez, le principal concurrent de Bata !) qui s'y est installé tout en conservant l'ancienne devanture d'une papeterie.
Ce galeriste (Pierre Passebon) a également élu domicile ici.
Côté rue Jean-Jacques Rousseau, un porche flanqué de deux pilastres ioniques est également surmonté d'un balcon et décoré de deux statues.
L'une d'elles représente Hermès avec son casque ailé tenant à la main un caducée.
L'autre représente un satyre au repos (ou Héraclès vêtu de la peau du lion de Némée...).
Le café qui jouxte cette entrée s'appelle toujours le café de l'Epoque.
Il fait face au bâtiment du Ministère de la Culture et de la Communication enveloppé d'une résille d'acier inoxydable due à l'architecte Francis Soler. De l'intérieur, les entrelacs d'acier ne gênent pas la vue mais créent des jeux de lumière suivant le ciel changeant de Paris. Cela permet de voir sans être vu selon le principe des moucharabiehs arabes.
A deux pas d'ici, dans la cour du Palais Royal, une autre oeuvre d'art contemporain : les colonnes de Daniel Buren. Elles ont fait parler d'elles à leur inauguration... mais font maintenant partie du quotidien des parisiens.
Moi, elles ne me dérangent pas car elles ne détruisent pas la perspective classique de la cour.
La rue Montpensier longe les jardins du Palais Royal. A son extrémité, le théâtre du même nom et à côté, au numéro 36, une maison où habitèrent Jean Cocteau et Mireille Hartuch (vous savez : la Mireille du Petit Conservatoire, celle de Jean Nohain).
Souvenirs souvenirs...
Une plaque, apposée sur le mur, précise les dates : Cocteau habitait à l'entresol et y prépara la plupart de ses film (la belle et la bête, l'aigle à deux têtes, le testament d'Orphée...).
J'ai trouvé par hasard un site vraiment intéressant sur Mireille. Cliquez ICI pour le consulter.
Colette habita également le quartier : son appartement se situait au 9 de la rue de Beaujolais et donnait sur les jardins du Palais Royal. Elle y habita d'abord à l'entresol puis, plus tard, dans un étage plus noble.
Le passage de Beaujolais fait communiquer par un escalier suivi d'une voûte la rue de Montpensier avec celle de Richelieu.
Empruntant alors la rue Vivienne nous arrivons devant l'entrée du passage du même nom.
La Galerie Vivienne et la Galerie Colbert dont je parlerai plus tard, font tous deux communiquer la rue Vivienne avec la rue des Petits Champs. A elles deux, elles occupent tout un pâté de maison.
Dès l'entrée, on voit tout de suite qu'il s'agit ici de l'une des plus belles galeries de Paris.
Au début du XIXème, la mode est aux galeries et aux passages couverts qui offrent confort et distraction sous leurs verrières à l'abri du vacarme et de la boue de la rue. C'est ainsi qu'en 1823 Maître Marchoux, Président de la Chambre des notaires habitant au 6 rue Vivienne, confie à François-Jean Delannoy, grand Prix de rome, la construction de la Galerie Marchoux qui prendra rapidement le nom de Galerie Vivienne. Il la décore dans le goût de l'époque : Premier Empire.
Waaaoooouuuuh...
La mosaïque du sol est signée Giandomenico Facchina, le mosaïste de l'Opéra Garnier.
Déesses et nymphes ornent la Rotonde éclairée par une verrière.
Elle héberge aujourd'hui de nombreuses boutiques de prêt-à-porter et d'objets décoratifs.
Des boutiques de luxe comme celle de ce fleuriste...
La Librairie Petit-Siroux existe depuis l'origine et est toujours tenue par des descendants.
La galerie voisine est aussi sa cadette : il s'agit de la Galerie Colbert (du nom d'un Hôtel ayant appartenu à Colbert et à la place duquel elle fût bâtie en 1826 par l'architecte J. Billaud).
Au centre, une vaste rotonde éclairée par un dôme de verre et, au milieu, une très jolie statue de Charles-François Nanteuil-Leboeuf représentant Eurydice, piquée par un serpent le jour de son mariage avec Orphée...
N'ayant pas photographié la statue sous l'angle du bon pied car elle était mal éclairée, mon ami internet me sauve une fois de plus !
Vous trouvez que la galerie est déserte... ?
C'est normal puisqu'elle n'est plus commerçante depuis 1980 où elle a été rachetée par la Bibliothèque nationale de France pour être dévolue à l'Institut national d'Histoire et à l'Institut national du Patrimoine.
Tout comme sa voisine, la Galerie Vivienne, elle a été inscrite au titre des Monuments Historiques par arrêté du 7 juillet 1974.
Décidément je m'aperçois que je suis souvent attirée par les vitrines fleuries...
L'une des entrées du Passage Choiseul se trouve au 40 rue des Petits Champs. Son nom vient de la rue du même nom dont il constitue le prolongement.
Avec ses 190 mètres de long, il est le plus long des passages couverts parisiens en reliant la rue des Petits Champs à la rue Saint-Augustin.
C'est au numéro 64 que l'écrivain Louis-Ferdinand Céline passa son enfance.
"Moi, j'ai été élevé au Passage Choiseul dans le gaz de 250 becs d'éclairage. Du gaz et des claques, voilà ce que c'était, de mon temps, l'éducation. J'oubliais : du gaz, des claques et des nouilles. Parce que ma mère était dentellière, que les dentelles, ça prend les odeurs et que les nouilles n'ont aucune odeur."
Le Théâtre des Bouffes-Parisiens possède une sortie secondaire dans le passage, ce qui contribue à son animation.
L'immeuble qui fait l'angle de la rue de la Bourse avec la rue des Colonnes a donné son nom à cette rue qui date de l'époque révolutionnaire (il a été construit en 1795) par Nicolas Vestier : l'architecte imagine alors des maisons mitoyennes reposant, côté rue, sur des arcades à colonnes.
Influencé par le néo-classicisme qui s'est déjà imposé en France, Vestier puise son inspiration dans l'architecture grecque et étrusque : il dessine des colonnes doriques et orne les façades de palmettes (à l'image de l'architecture étrusque).
C'est vrai que cette rue a de la gueule : elle servira d'ailleurs de modèle pour la rue de Rivoli.
A quelques rues d'ici, le Passage de Panoramas bien connu des philatélistes (le quartier Drouot n'est pas loin où bon nombre d'entre eux ont élu domicile).
Il s'agit du plus ancien passage parisien : il a été ouvert en 1800 sur les Grands Boulevards (il relie la rue Saint-Marc au Boulevard Montmartre).
La construction de ce passage a été inspirée des gravures orientales représentant les souks : l'idée était de permettre aux parisiens de se promener, de se montrer et de faire des achats à l'abri des intempéries et surtout sans se salir : rappelons qu'à l'époque, les trottoirs et les égouts n'existaient pas... !
Dans le passage se sont aussi installés beaucoup de restaurants comme celui-ci, L'Arbre à Cannelle, à la décoration Napoléon III, où nous avons déjà déjeuné, puisque Philippe m'y entraîne parfois en tant que passionné de timbres.
De l'autre côté du Boulevard Montmartre, se trouve le Passage Jouffroy : on change ici d'arrondissement, passant du 2ème au 9ème. Il relie la rue Montmartre à la rue de la Grange Batelière. Nous marchons donc franchement vers le nord de la capitale depuis tout à l'heure.
Quel est le touriste, français ou étranger, qui n'a pas déjà fréquenté le Passage Jouffroy, ne serait-ce que pour aller visiter le célèbre Musée Grévin et ses célèbres personnages de cire... ?
On peut d'ailleurs passer son week-end dans le passage puisqu'il s'y trouve un Hôtel faisant également restaurant... !!!
Pour terminer, retour dans le 2ème pour un petit tour dans le Passage des Princes : celui-ci est le dernier passage couvert édifié à l'époque d'Haussmann. A angle droit, il relie la rue de Richelieu au boulevard des Italiens.
En cette période de fêtes, tout comme la Galerie Vivienne, il est très joliment décoré.
A travers la verrière qui le couvre, on voit que la lumière commencer à faiblir.
Le passage fût inauguré en 1860 sous le nom de Passage Mirès, du nom du banquier qui le fît construire, mais quand celui-ci fît faillite peu de temps après son ouverture, le passage fût racheté par la Compagnie d'assurances générales sur la Vie comme en témoigne l'inscription sur l'un des murs.
Détruit en 1985 pour une opération immobilière..., il fût heureusement reconstruit dix ans plus tard à l'identique. Divers éléments du décor d'origine ayant été conservés furent alors réemployés, comme cette belle coupole des années 1930 en verre coloré décoré de roses.
Fin de la balade : c'est vrai qu'en cheminant vers le nord on arrive en vue de Montmartre...
Voici à peu près le parcours que nous avons fait...
Merci Anne-Marie pour cette agréable promenade dans la capitale.
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Par Tolbiac204 le 12 Avril 2013 à 23:00
Ce vendredi après-midi, j'ai fait une balade du côté de Belleville proposée par Générations 13, association de notre arrondissement qui propose aux seniors moults activités gratuites moyennant l'adhésion à l'association. La ballade s'intitulait "Les métallos de Belleville".
Le rendez-vous était donné par Anne-Marie Guérin, notre guide de ces "Petites Promenades dans Paris" au métro Parmentier. Dans la station, un hommage est rendu à celui qui fit la promotion de ce tubercule en France.
Introduite en Espagne (aux îles Canaries) dans la deuxième moitié du XVIème siècle, il faudra attendre la fin du XVIIIème siècle pour que la pomme de terre trouve preneur en France, les gens se méfiant de cette plante souterraine... Parmentier use d'un stratagème pour donner envie aux gens de la consommer : il fait monter une garde (légère) autour d'un champ de pommes de terre, donnant ainsi l'impression aux riverains qu'il s'agit d'une culture rare et chère, destinée au seul usage des nobles. Certains volent des tubercules, les cuisinent et les apprécient. Le roi Louis XVI le félicite en ces termes : « La France vous remerciera un jour d'avoir inventé le pain des pauvres ». Leur emploi dans la cuisine populaire se développe alors très rapidement.
Voici le circuit approximatif que nous avons fait, parcourant 3 stations de métro au total, à cheval sur les 11ème et le 20ème.
Dans la rue Jean-Pierre Timbaud (au début du circuit) se trouve une ancienne cité ouvrière dénommée "la cité d'Angoulême". Au rez-de-chaussée les ateliers, dans les étages les habitations des ouvriers des fonderies et du travail du cuir.
Mon amie Marie-France m'accompagnait dans cette visite.
Au bout de la cité, on débouche, dans une cour, sur un bâtiment à l'élégante architecture.
Nous continuons la ballade par le passage de la fonderie, un vrai havre de paix à l'heure actuelle mais qui devait retentir du bruit assourdissant des forges et du passage des clients au XIXème siècle.
Comme vous pouvez le constater, les habitants ne sont pas avares de végétation.
Au bout du passage, la cour a été réaménagée avec des logements modernes fort élégants.
Tout à côté, la Maison des métallos : initialement manufacture mondialement connue fabriquant des instruments de musique en cuivre, puis haut lieu du syndicalisme et actuellement Etablissement Culturel de la Ville de Paris : théâtre, cinéma, conférences, expositions, danse..., la Maison des métallos a surtout le projet d'allier exigences artistiques et préoccupations sociétales.
A l'étage, un café bien accueillant.
Au 98 de la rue Jean-Pierre Timbaud se trouve un immeuble de briques rouges tout à fait banal mais si on s'aventure derrière la grille qui en ferme l'entrée on découvre une succession de trois cours possédant des petits ateliers d'artistes bien sympathiques. Ici, le temps semble s'être arrêté...
Empruntant alors la rue Moret, on aperçoit les hommes qui rentrent de la prière. Ici les boutiques s'adressent spécifiquement à la population maghrébine.
Des livres pour les enfants dont le prénom des héros leur parle...
De jolies lampes en cuivre qui rappellent le pays...
Nous arrivons rue Oberkampf alors que la pluie s'est mise à tomber. Les pavés sont mouillés et la grêle s'annonce même !
Ce porche est bien accueillant !
et en plus il donne accès à une cité d'artisans bien vieillotte...
Non loin de là l'église Notre Dame de la Croix de Ménilmontant s'élève en haut des 54 marches de l'escalier qui en permet l'accès : la rue de Ménilmontant grimpe sec en effet.
Si l'extérieur ne m'emballe pas plus que ça, l'intérieur par contre mérite la visite. Son style néo-roman est mis en valeur par la voûte de la nef "armée" d'élégantes ferronneries.
La pluie ayant cessé, nous continuons notre ballade. Ici le panneau rappelle que c'est des hauteurs de Belleville que viennent les eaux ayant alimenté les premières fontaines parisiennes à partir de la fin du XIXème siècle.
La passerelle ayant desservi l'ancienne gare de Ménilmontant, aujourd'hui disparue
Le chemin de fer de la Petit Ceinture servait autrefois de liaison aux voyageurs désirant se rendre d'une gare à l'autre dans Paris. Elle faisait le tour de Paris (32 kms) à l'intérieur des boulevards des Maréchaux et ceci jusqu'en 1934. Désertée par les parisiens qui lui préfèrent ensuite le métro, elle sert alors au trafic des marchandises et est définitivement fermée dans les années 90.
Pour franchir les coteaux de Belleville et de Charonne, deux tunnels ont été creusés.
Après avoir emprunté la rue de la Mare, nous arrivons à la rue des Cascades dont le nom comme celui des Savies indique une fois de plus l'existence de sources à Belleville. Au Moyen-âge, les religieux du Prieuré Saint-Martin des Champs captèrent en effet une partie de cette rivière pour s'alimenter en eau.
Par un escalier, nous arrivons à la rue des Pyrénées. Il s'agit, après la rue de Vaugirard, de la seconde plus longue rue de Paris et elle porte ce nom en raison de son aspect escarpé, particulièrement vers les Buttes-Chaumont. Moi, je la connais plutôt dans sa partie basse : c'est là qu'était le Lycée Hélène Boucher et son annexe Maurice Ravel où j'ai usé mes culottes jusqu'en 68 !
Et ici, donnant sur la rue très passagère à cette heure de la journée, encore des petits îlots de verdure.
Ainsi, la Cité Leroy
Avouez qu'on ne se croirait pas à Paris...
Donnant sur la rue de Ménilmontant, le Jardin du Carré de Baudoin avec sa "folie". Témoin authentique et unique des maisons de campagne édifiées au XVIIIème siècle pour les aristocrates et les bourgeois enrichis, cette maison fut construite en 1770, pour Nicolas Carré de Baudoin puis appartint à la famille Goncourt. A partir de 1836 les sœurs de Saint-Vincent de Paul y fondèrent dans le bâtiment adjacent un orphelinat "L'asile des petits orphelins". Racheté par la Ville de Paris, c'est aujourd'hui un espace culturel.
Marie-France devant la Cité de l'Ermitage
Si vous avez le vertige, passez vite sur la photo qui suit : elle a été prise depuis le haut de la rue de Ménilmontant. Au loin, la tour Saint-Jacques et le Centre Pompidou.
Aux 19-21 de la rue Boyer, on trouve un bâtiment riche d'une histoire ancienne qui l'ancre dans la mémoire ouvrière. Il s'agit de "la Bellevilloise".
Wikipédia explique...
En 1877, les ouvriers bellevillois fondent un petit dépôt d'épicerie au 10 de la rue Chevreau ouvert deux soirs par semaine. Il devient bientôt une coopérative ouvrière et celle-ci fonctionne jusqu'en 1936 (elle ferme avec la chute de la BOP : Banque Ouvrière et Paysanne). La coopérative propose à ses adhérents des produits de consommation courante (pain, viande, charcuterie, épicerie, charbon, ameublement, habillement) à prix réduit ; les achats en grosses quantités auprès des producteurs, souvent des coopératives ouvrières de production, et la limitation des marges lui permettent de toucher une large clientèle, qu’elle associe aux bénéfices de l’entreprise : en 1912, elle compte 9 000 sociétaires, réalise 5 MF de chiffre d’affaires annuel et dispose de plusieurs dizaines de magasins de vente, ou « répartitions », dans les 19ème et 20ème arrondissements ; en 1929, elle compte 15 000 sociétaires.
À partir de 1900, sa prospérité commerciale lui permet de financer diverses œuvres sociales très actives. Elle ajoute alors à sa vocation consumériste une mission éducatrice et sociale qui repose sur
1- Le patronnage laïque : il a pour mission « de soustraire les enfants, garçons et filles, aux mauvaises fréquentations de la rue, en leur créant un centre d’éducation et de distraction les dimanche, et en leur permettant de suivre divers cours existants »,
2 - l'Université populaire de la Semaille : celle-ci met à la disposition des coopérateurs une bibliothèque particulièrement riche et éclectique, donne des conférences gratuites et des cours, organise des sorties, anime un club scientifique ouvrier… À partir de 1930, elle propose un cinéma d'art et d'essai, le Cinéma de la Bellevilloise.
3- La musique et le théâtre : le goût pour la pratique musicale est alors très répandu dans les milieux populaires et la Bellevilloise subventionne plusieurs groupes musicaux amateurs.
En juillet 1905, la Bellevilloise crée une société de secours mutuels, la Solidarité mutuelle des coopérateurs de la Bellevilloise, exclusivement réservée à ses adhérents. Celle-ci gère d’abord une pharmacie, puis, à partir de 1913, un puis plusieurs dispensaires.
La "forteresse coopérative", comme on l’a appelée, a été aussi un instrument désocialisation politique, participant activement à la lutte des classes. Servant de soutien logistique, elle ouvrait largement ses salles aux manifestations des organisations ouvrières de diverses obédiences, puis, à partir des années 1920, principalement communistes : permanences, réunions internes, fêtes, meetings, congrès. La façade comporte d'ailleurs sur son fronton la faucille et le marteau...
En 1908-1910, la Bellevilloise édifie sa "Maison du Peuple", aux N° 19-21 de la rue Boyer, confiée à l’architecte Emmanuel Chaine, dans l’esprit de la Maison du Peuple de Horta, à Bruxelles. Il s'agit d'un vaste ensemble en béton armé et remplissage de briques avec ornementation de mosaïques et de céramique émaillée qui abrite un grand magasin de vente au public, bureaux, café, salles de répétition, salle des fêtes de 500 m²...Pendant près de soixante ans, la Bellevilloise a joué un rôle déterminant dans la vie économique et sociale de l’Est parisien. Actuellement, c'est un lieu de culture multidisciplinaire : concerts, spectacles, expos, défilés mais aussi café : La Bellevilloise reste un lieu de brassage, de rencontres et d'échanges qui s'ouvre à tout public.
C'est là que se termine notre ballade. Le métro Gambetta n'est pas très loin.
Mine de rien, on en a fait du chemin...
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