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    Cette promenade, de l'atelier "Petites promenades dans Paris", a été effectuée le 16 juin 2022.

    Pierre Curie (1859-1906) et Marie Curie née Sklodowska (1867-1934) portraits par C215. 

    Pierre et Marie Curie au quartier latin : une "promenade dans Paris" d'Anne-Marie Guérin

    1ère partie : La rencontre

    La promenade commence au pied du monument à Auguste Comte, place de la Sorbonne. 

    Pierre et Marie Curie au quartier latin : une "promenade dans Paris" d'Anne-Marie Guérin

    Cette statue, inaugurée en 1902, est due à Jean Antoine Injalbert et représente le philosophe Auguste Comte (1798-1857) fondateur du Positivisme, philosophie positive fondée sur la raison et la foi dans le progrès. Le pâtre grec que nous voyons sur la droite est en réalité un ouvrier : on voit une enclume et un marteau à ses pieds. Pendant 25 ans Auguste Conte a donné des cours publics en direction des ouvriers. Les époux Curie étaient des adeptes du positivisme.

    Pierre et Marie Curie au quartier latin : une promenade de l'atelier "Petites promenades dans Paris"

    Marie Sklodowska s’inscrit à la Sorbonne le 3 novembre 1891. Sa nationalité est alors indiquée comme Russe.

    Pierre et Marie Curie au quartier latin : une "promenade dans Paris" d'Anne-Marie Guérin

    En effet, Varsovie (où est née et a vécu Marie) est sous la domination de la Russie. A l’issue du congrès de Vienne en 1815, la Pologne a été partagée entre la Prusse, l’Autiche et la Russie.

    Au XIXe siècle, les jeunes filles ne sont pas admises à l’Université de Varsovie. Pour suivre des études supérieures, Marie Sklodowska doit donc s’exiler à l’étranger. Une de ses sœurs vit à Paris, la jeune Marie ira s’installer chez elle en 1891.

    En 1893, elle est reçue première à la licence en sciences physiques et en 1894 2e à la licence de mathématiques.

                   En 1894, la Société pour l’encouragement de l’industrie nationale lui commande une étude des propriétés magnétiques de l’acier trempé. Pour mener à bien cette étude, elle rencontre un jeune physicien qui a entrepris des recherches expérimentales sur le magnétisme : Pierre Curie.

                   Pierre Curie né en 1859. Son père, médecin, descend d’une famille de médecins alsaciens. Comme c’était un enfant très lent, il n’a fréquenté aucun établissement scolaire jusqu’à l’obtention de son baccalauréat en 1875 à 16 ans. C’est son père qui a fait son éducation ; rappelons que l’enseignement ne devint obligatoire qu’en 1881/1882. A l’issue de son baccalauréat, Pierre s’inscrit à la Sorbonne pour préparer une licence de physique.

                   Les deux jeunes gens se marient le 26 juillet 1895. En 1896, Marie est reçue première à l’agrégation pour l’enseignement des jeunes filles. Elle enseignera à l’Ecole Normale pour l’enseignement secondaire de jeunes filles de Sèvres. Le 12 septembre 1897, elle donne naissance à une fille : Irène.

                   Sitôt rétablie après la naissance d’Irène, Marie souhaite reprendre le travail de laboratoire pour préparer une thèse de doctorat. Pierre et Marie sont intrigués par le curieux rayonnement découvert l’année précédente par Henri Becquerel et Marie choisit l’étude de ce phénomène pour sujet de thèse.

    2e partie : la découverte de 2 nouveaux éléments

    Pierre et Marie Curie au quartier latin : une "promenade dans Paris" d'Anne-Marie Guérin

    En 1986, Henri Becquerel a découvert qu’un sel d’uranium émet spontanément un rayon invisible et pénétrant qu’il nommera « radiations uraniques ». Pierre et Marie obtiennent de disposer d’un atelier à l’école municipale de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris. 

    Notre petit groupe se retrouve devant cette école.

    En 1898, Marie Curie observe qu’un minerai, la pechblende de Bohème, est beaucoup plus actif que l’uranium. En cherchant un élément beaucoup plus actif que l’uranium dans ce minéral, Pierre et Marie découvriront deux nouveaux éléments radioactifs : le polonium et le radium. Ce fut un travail considérable car ces deux éléments sont présents en quantité infinitésimale dans le minerai. Les deux scientifiques et leurs aides ont dû traiter des tonnes et des tonnes de cailloux.

    Pierre et Marie Curie au quartier latin : une "promenade dans Paris" d'Anne-Marie Guérin

    Vues de l’extérieur et de l’intérieur du hangar dans lequel ont travaillé les époux Curie. Ce bâtiment n’existe plus.

    Voici ce qu’en dit Marie Curie : C’était une baraque en planches, au sol bitumé et au toit vitré, protégeant incomplètement contre la pluie, dépourvue de tout aménagement

    (…) Dans ce laboratoire de fortune (…), j’ai été amenée à traiter jusqu’à vingt kilogrammes de matière à la fois, ce qui avait pour effet de remplir le hangar de grands vases pleins de précipités et de liquides ; c’était un travail exténuant que de transporter les récipients, de transvaser les liquides et de remuer pendant des heures au moyen d’une tige de fer, la matière en ébullition dans une marmite de fonte.

                   Les époux Curie ne connaissaient rien encore des rayonnements de toute cette matière radioactive.

                   Conséquence de ces travaux et recherches, le 10 décembre 1903, le prix Nobel de Physique est attribué à Henri Becquerel, Pierre et Marie Curie. C’est la première fois qu’une femme reçoit un prix Nobel.

                   Une chaire est créée pour Pierre Curie à la Sorbonne et Marie est nommée chef des travaux dans le laboratoire qui héberge ses travaux. Le 6 décembre 1904 Marie donne naissance à une deuxième fille : Eve.

                   Malheureusement Pierre Curie est victime d’un accident stupide : le 19 avril 1906, il est renversé et piétiné près du Pont Neuf par un cheval de trait.

                   Après la mort de Pierre, Marie se consacre à l’enseignement et à la recherche. La chaire de Pierre est confiée à Marie : le 5 novembre 1906 a lieu le premier cours de Marie à la Sorbonne. Marie Curie a été souvent « la première femme à »… Elle est la première femme à enseigner à la Sorbonne. Parallèlement à son enseignement, elle poursuit ses travaux sur le radium ce qui lui vaudra un second prix Nobel en 1911. Alors que le premier prix Nobel avait été décerné pour la découverte de la radioactivité, le 2e est attribué pour la découverte du polonium et du radium.

    3e partie : l’Institut du radium

    (Portrait d’Irène Joliot-Curie à droite)

    Pierre et Marie Curie au quartier latin : une "promenade dans Paris" d'Anne-Marie Guérin

    Notre groupe pénètre maintenant dans les jardins de cet institut.

    L’institut du radium ouvre début 1914. Il est cofinancé par l’Institut Pasteur et l’Université de Paris. Il comprendra deux bâtiments, un laboratoire de recherches sur la radioactivité dirigé par Marie Curie et un laboratoire de recherches biologiques et de traitement du cancer par les rayonnements, le laboratoire Pasteur.

    Le 1er août 1914, la France entre en guerre. Marie Curie crée un service radiologique de secours aux blessés. Convaincue qu’il faut transporter des appareils de rayons X vers le front et non ramener les blessées vers l’arrière, Marie décide d’équiper des voitures radiologiques, les « petites Curie ».

    Pierre et Marie Curie au quartier latin : une "promenade dans Paris" d'Anne-Marie Guérin

    Irène Curie à l’arrière d’une « petite Curie » (La jeune femme a passé un diplôme d’infirmière pour l’occasion).

    La paix revenue, Marie Curie retrouve une vie normale, Irène devient sa collaboratrice au laboratoire. En 1921 elle se rendra aux Etas Unis avec ses deux filles. Le Président des Etats Unis lui remettra 1g de radium. Elle y retournera en 1929 pour a nouveau collecter 1g de radium pour ouvrir un Institut du radium à Varsovie, sa ville natale.

    Une des missions de l’institut du radium est le développement des applications médicales de la radioactivité notamment le traitement du cancer. Les premiers succès de la Curiethérapie suscitent un engouement pour le radium qui sera incorporé à diverses crèmes et rouges à lèvres. 

    Pierre et Marie Curie au quartier latin : une "promenade dans Paris" d'Anne-Marie Guérin

    On peut voir des affiches de ce genre dans le petit musée qui jouxte l’institut Curie.

    Pourtant, on savait dès 1901 que le radium peut brûler la peau.

    Début juin 1934, Marie épuisée se résout à subir des examens. Les médecins ne comprennent pas le mal dont elle souffre. Il est finalement décidé de l’hospitaliser dans un sanatorium du plateau d’Assy. Elle décède le 4 juillet 1934 d’une leucémie due à 40 ans d’exposition aux rayons X.

    Pierre et Marie Curie au quartier latin : une "promenade dans Paris" d'Anne-Marie Guérin

    Le groupe devant l’institut Curie, sous un autre portrait dû à C215.

    4e partie : la radioactivité, comment ça marche ?

    Pierre et Marie Curie au quartier latin : une "promenade dans Paris" d'Anne-Marie Guérin

    Rappelez vous le tableau périodique des éléments de vos lointaines années Lycée. Il représente tous les atomes des éléments ordonnés par numéro atomique croissant. Un atome est composé d’un noyau constitué de protons et de neutrons entouré d’un nuage d’électrons. Le nombre de protons est égal au nombre d’électrons. Ce nombre constitue le numéro atomique de l’élément. Dans la nature, la plupart des noyaux des atomes sont stables. Mais en bas de ce tableau , on trouve des atomes (Polonium n° 84, Radium n° 88, Uranium n° 92 , Plutonium n° 94 ) dont le noyau comporte un grand nombre de protons et de neutrons : les noyaux se désagrègent en expulsant des particules et/ou des rayonnements. Ce phénomène constitue la radioactivité naturelle.

    La radioactivité artificielle consiste à bombarder de particules des atomes qui n’avaient rien demandé afin de les rendre radioactifs. Ce phénomène a été découvert par Irène et Frédéric Joliot-Curie en 1934 mais c’est une autre histoire.


    Anne Marie Guérin

    Source : Les Curie, pionniers de l’atome de Pierre Radvanyi, éditions Belin pour la science.

    Photos : Wikipédia, un étudiant qui passait pour la photo de groupe et Monick Lavenir (merci Monick) pour les autres.


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  • Ce vendredi, Anne-Marie nous a proposé dans le cadre de son atelier "Petites promenades dans Paris" une visite guidée dans le 16e arrondissement à la découverte de l'ancien village de Passy. Elle nous avait donné rendez-vous au métro Trocadéro devant le musée de l'Homme.

    Au centre de la place, la statue équestre du Maréchal Foch souleva lors de son installation une polémique : Anne-Marie nous explique que si le maréchal est représenté tête nue, sans son képi règlementaire, c'est à la demande des services des Beaux-Arts pour une question d'orientation : au soleil, le képi aurait assombri le visage du maréchal au risque de dissimuler la fière volonté que devait exprimer son visage.

    Le village de Passy avec Générations 13

    En face du musée, le cimetière de Passy où sont enterrés un certain nombre de personnages célèbres tel que :

    Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud, Tristan Bernard, Francis Bouygues, Ernest Cognacq, Marcel Dassault, Claude Debussy, Benjamin Delessert (dont nous traverserons le boulevard), Michel Droit, Edgar et Lucie Faure, Gabriel Fauré, Loulou Gasté, Maurice Genevoix, Rosemonde Gérard, Virgil Gheorghiu, Jean Giraudoux, Hubert de Givenchy, Pierre-François Pascal Guerlain, Jeanne Hugo (la petite-fille de Victor Hugo et la femme de Jean-Baptiste Charcot mort en mer), Robert Mallet-Stevens, Georges Mandel, Edouard Manet, André Messager, Octave Mirbeau, Berthe Morisot, Jean Patou, François Périer, Gabrielle Charlotte Réju dite "Réjane", Thierry Roland, Jean Servais, Haroun Tazieff...

    Le village de Passy avec Générations 13

     Anne-Marie a prévu de démarrer cette promenade par un petit tour dans les jardins du Trocadéro. Nous passons devant la statue de Benjamin Franklin, connu de tous pour être l'inventeur du paratonnerre, mais peut-être moins connu comme homme politique ayant été l'un des Pères fondateurs des Etats-Unis d'Amérique (il a participé à la rédaction de la déclaration d'indépendance des Etats-Unis).

    Le village de Passy avec Générations 13

    La vie de Benjamin Franklin est en grande partie caractérisée par la volonté d'aider la communauté. Son effigie figure sur le billet de 100 dollars.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Au 25 bis de la rue Benjamin Franklin, Anne-Marie nous montre un immeuble construit en 1903 par les frères Perret. Ces derniers, Auguste et Gustave, se lancent, sous la direction de leur père, dans la construction d'un édifice en béton armé, une nouveauté pour l'époque (jusqu'alors, ce matériau n'était utilisé que pour faire les fondations, le plancher et les escaliers). 

    La parcelle de terrain sur laquelle ils avaient décidé de construire l'immeuble étant très étroite, ils contournent cet inconvénient en inversant la place de la cour intérieure traditionnelle des immeubles haussmanniens : ils la placent au niveau de la façade sur rue, ce qui leur permet d'augmenter le nombre des fenêtres, passant de deux à trois. Le deuxième étage, noble, des immeubles haussmanniens est déplacé au sixième étage. Auguste Perret qui y habitera voulait pouvoir voir au loin, profitant de la hauteur de la colline de Chaillot.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Le village de Passy avec Générations 13

     Sur les murs en béton, ils demandent à Alexandre Bigot, grand nom du moment, de poser des céramiques avec un décor floral (photo Passerelles.bnf.fr).

    Le village de Passy avec Générations 13

    A l'angle de la rue Le Tasse et de la rue Benjamin Franklin, un très bel immeuble haussmannien dans lequel habita l'ancien ministre et Académicien Alain Peyrefitte.

    Le village de Passy avec Générations 13

    C'est par la rue Le Tasse, perpendiculaire à la rue Franklin, et bordée de superbes immeubles, que nous rejoignons les jardins du Trocadéro.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Le contre-jour empêche de voir la Dame de Fer...

    Le village de Passy avec Générations 13

    Ah..., la voilà !

    Le village de Passy avec Générations 13

    Les jardins du Trocadéro ont été créés pour l'Exposition universelle de 1937.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Un mahonia si je ne me trompe...

    Le village de Passy avec Générations 13

    Anne-Marie potasse sa documentation tandis que le groupe prend du repos.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Elle nous informe que cette porte provient de l'ancien Palais des Tuileries (détruit par un incendie volontaire durant l’insurrection de la Commune en 1871).

    Le village de Passy avec Générations 13

    Revenant sur la rue Benjamin Franklin, au numéro 12, le lycée Saint-Louis-de-Gonzague (souvent appelé "Franklin" en raison de sa localisation) est réputé pour son excellence. Il est fréquenté par des enfants de la haute bourgeoisie de l'ouest parisien. Il doit son nom  à Louis de Gonzague (1568-1591), étudiant jésuite italien mort au service des pestiférés à l'âge de vingt-trois ans. Reconnu saint par l'Eglise en 1726, il est le saint patron de la jeunesse catholique et des personnes atteintes du sida.

    Voici ici sa chapelle

    Le village de Passy avec Générations 13 

    Au bout de la rue, on a encore une belle vue sur la Dame de Fer... 

    Le village de Passy avec Générations 13

    Un peu plus loin, au numéro 8 de la rue Benjamin Franklin, nous passons devant le musée Clémenceau.

    Georges Clémenceau est né le 28 octobre 1841, dans une famille républicaine de Vendée. Après des études de médecine à Nantes, il ouvre un dispensaire à Montmartre, mais se consacre à la politique au lendemain de la chute de l'Empire, après son élection à la mairie du XVIIIe arrondissement. Attiré par le jardin et la vie paisible du quartier, le Tigre, qui ne laissait à personne le soin de tailler ses rosiers, s'installe ici en 1895 pour y demeurer jusqu'à sa mort, le 24 novembre 1929. Son bureau ouvre largement sur le jardin par une baie vitrée donnant sur la tour Eiffel, et la grande table de travail, toujours surchargée de livres et de papiers, porte encore le manuscrit inachevé de "Grandeur et misère d'une victoire".

    Le village de Passy avec Générations 13

    Le musée est consacré à la vie et au travail du Tigre mais on peut aussi y voir des expositions.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Traversant le boulevard Delessert, nous empruntons la rue de l'Alboni. Benjamin Delessert s'est rendu célèbre sous le Premier Empire en développant la méthode d'extraction du sucre de la betterave inventée par Jean-Baptiste Quéruel et reçoit le titre de Baron d'Empire.

    Le village de Passy avec Générations 13

     Dans le square de l'Alboni voisin, un bel immeuble Art Déco

    Cette voie privée fut construite sur les terrains de l'ancienne propriété du baron Delessert, qui descendait jusqu'à la Seine.

    Le village de Passy avec Générations 13

    C'est au numéro 2 du square de l'Alboni qu'a vécu Jean Nohain. Plusieurs autres personnalités ont habité le square : Nicolas Hulot, Christine Lagarde...

    Le village de Passy avec Générations 13

    Le village de Passy avec Générations 13

    Le square est bordé de beaux immeubles résidentiels, construits entre 1900 et 1930. 

    Léon Nafilyan (1877-1937), l'architecte de cet immeuble (situé au 9-11) construit en 1930 dans le style Art-Déco, y résida.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Pas laid non plus celui-ci, dans un tout autre style, situé au numéro 8...

    Le village de Passy avec Générations 13

    Le square de l'Alboni prend fin dans la rue du même nom et nous voici arrivés au métro Passy, un peu choqués par l'agression dont a été la victime Marylène tout de même... On se souviendra longtemps de cette petite balade dans les beaux quartiers !

    Le village de Passy avec Générations 13

    Anne-Marie resitue la promenade.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Le village de Passy fait partie des villages situés entre le mur des Fermiers Généraux et l'enceinte de Thiers qui ont été annexés par la capitale en 1860 au moment des grands travaux du baron Haussmann.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Le village de Passy, dépendant du hameau d’Auteuil, apparaît pour la première fois en 1250 sous le nom de "Paciacum" (nom d’un ancien domaine gallo-romain) : pour cause de "lapins" ses habitants avaient obtenus de Charles V l'autorisation d'enclore leur jardins pour les protéger des ces envahissants petits rongeurs et de les chasser. Passy fut érigé en seigneurie au XVème siècle.

    Jolie cette enfilade du viaduc du métro aérien dont le rez-de-chaussée est éclairé la nuit par des lanternes.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Oui, des lanternes, mais pas n'importe lesquelles : celles-ci sont surmontées de la couronne royale. Oui, des lanternes, mais pas n'importe lesquelles : celles-ci sont surmontées de la couronne royale. Anne-Marie nous explique que la ligne 6 (celle-ci) et la ligne 2 entourent Paris au niveau du mur des Fermiers Généraux. C'est pour rappeler cette "couronne" qui entoure la capitale qu'il y a une couronne au-dessus des lampadaires. 

    Le village de Passy avec Générations 13

    Chemin faisant, on s'aperçoit qu'on est descendus pas mal, en témoigne cet escalier qui n'est pas le seul que nous rencontrerons : le village de Passy descend en pente douce vers la Seine.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Il est lié (tout comme l'était aussi le village de Charonne que nous avons visité le mois dernier) à la culture de la vigne depuis des temps immémoriaux. A l'origine, ce sont les moines de l'ordre des Minimes qui se sont installés là, en 1493. La vigne y poussait bien et la vue était splendide. Ont suivi les riches bourgeois et aristocrates, qui ont emménagé pour les mêmes raisons. C'est ainsi que Passy devint huppé et l'est encore à ce jour.

    Le musée du vin est le témoin de ce passé. Il est situé au numéro 5 du Square Charles Dickens, à deux pas du métro Passy.

    Le village de Passy avec Générations 13 

    Le village de Passy avec Générations 13 

    Le village de Passy avec Générations 13

    Dans sa cour, une vigne qui a une longue histoire

    Le village de Passy avec Générations 13

    C'est la ville de Maribor en république de Slovénie qui a offert ce cep de vigne, issu de la plus vieille vigne au monde (elle donne des raisins depuis plus de 400 ans à Maribor) au musée du vin en 2006. 

    Le village de Passy avec Générations 13

    On parle de vin, c'est bien beau tout ça mais à Passy il est aussi question d'eau : pour preuve cette plaque de rue "Rue des Eaux" apposée sur le mur de cet immeuble Ar-Déco aux fort jolis balcons de fer forgé en écaille de poissons.

    Le village de Passy avec Générations 13

    C'est au niveau du Parc de Passy, fermé pour cause de risque de tempête, qu'Anne-Marie nous parle justement des eaux de Passy. C'étaient au XVIIIe siècle les eaux de France les plus réputées.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Vers 1657, en ouvrant le passage des Eaux qui grimpe sur la colline, on découvrit une source. Analysée en 1667 par M. Duclos, de l’Académie des Sciences, cette eau fut déclarée bonne pour les intempéries chaudes des viscères, puis recommandée comme remède à la stérilité des femmes. Étant gratuite, elle eut peu de succès. En 1720, l’abbé Le Ragois, qui fut aumônier de la marquise de Maintenon (décédée en 1719), vient s’installer à proximité du passage des Eaux et découvre plusieurs sources dans son parc. Après analyse, il est constaté que ces eaux « contiennent du fer, un peu de sel catartique & de la terre absorbante. » Un traité sur les eaux minérales publié en 1775 précise :

    « Les Eaux de Passy sont toniques, incisives, diurétiques, laxatives : elles lèvent les obstructions, guérissent les hémorragies qui en dépendent, de même que celles qui proviennent du relâchement des vaisseaux. Ces Eaux sont propres aux inappétences, aux dégoûts : elles remédient à la lenteur des digestions, aux appétits absurdes & irréguliers, aux pâles couleurs, &c. »

    L’abbé Le Ragois comprend vite l’intérêt qu’il peut tirer de la création d’un établissement thermal. Mais son voisin situé plus bas, le sieur Guichou, marchand d’étoffes de soie rue Saint-Honoré, trouve le moyen d’attirer ces eaux chez lui ; suite à un procès il est condamné à vendre son terrain à l’abbé qui dispose ainsi d’un large terrain pour créer un grand établissement avec salles de jeux, de bal, théâtre, jardins, et même un restaurant où les médecins étaient servis gratuitement. C’est un grand succès ; bourgeois de Paris et aristocrates se précipitent. On y verra Rousseau, Benjamin Franklin, … On y joue, on y chante, on assiste à des spectacles et on discute parfois fort tard après le souper.

    L'établissement des Eaux de Passy vers 1880

    Le village de Passy avec Générations 13

    Par héritages successifs l’établissement appartient à madame de Pouilly, nièce de l’abbé, puis à M. Belamy, oncle de cette dernière, qui le transmet à son gendre Guillaume Le Veillard, ami de Benjamin Franklin, enfin passe dans les mains de la famille Delessert.

    À la fin du XIXe siècle, la baronne Bartholdi, héritière des Delessert, décide généreusement de ne plus faire payer cette eau si précieuse pour les curistes ; hélas il semble bien que la suppression du prix entraîne la perte de toutes les vertus de ces eaux, et l’établissement ferme bientôt. Par la suite les sources tarirent. Plus tard les lieux seront occupés par le ministère de l’Urbanisme et du Logement, puis par celui de l’Équipement, du Logement, des Transports et de la Mer. À la fin du XXe siècle, cet emplacement sera loti.

    Et encore un escalier, un !

    Le village de Passy avec Générations 13

    Nous voici maintenant arrivés au niveau de la rue d'Ankara où se trouve, tout naturellement, l'ambassade de Turquie.

    Le village de Passy avec Générations 13

    A l'angle avec l'avenue Marcel Proust, à l'arrière, on peut voir un enchevêtrement d'immeubles s'étageant à flanc de coteaux.

    Le village de Passy avec Générations 13

    L'ambassade est installée en lieu et place de l'ancien Hôtel particulier de la princesse de Lamballe, amie et confidente de la reine Marie-Antoinette.

    Marie-Thérèse Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe par Elisabeth Vigée Le Brun (1782)

    Le village de Passy avec Générations 13

    Sur la grille donnant sur le pavillon du gardien, le croissant et l'étoile turques signalent la présence de l'ambassade. Ce lieu fut aussi autrefois la Clinique du Docteur Blanche, une maison de repos pour les patients souffrant de troubles mentaux que fréquentèrent Gérard de Nerval, Fromental Halévy, Charles Gounod, Théo Van Gogh et Guy de Maupassant.

    Le village de Passy avec Générations 13

    A l'entrée de la propriété la mairie de Paris a apposé une plaque à la mémoire de Marie-Thérèse Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Les circonstances de son décès, pour ne pas dire de son assassinat, sont particulièrement horribles. Elles sont rapportées dans ces termes dans le Dictionnaire historique des rues de Paris de Jacques Hillairet : 

    « Un perruquier du nom de Charlat, tambour des volontaires, lui ôta son bonnet du bout de sa pique et la blessa légèrement, tandis qu'un autre égorgeur lui jetait une bûche dans les reins. La princesse tomba et fut criblée de coups. On lui ôta ses vêtements ; elle resta ainsi près de deux heures exposée, nue, à la risée lubrique de la foule. On la traîna ensuite jusqu'à la borne située à l'angle des rues du Roi-de-Sicile et des Ballets, sur laquelle on appuya sa tête qu'un nommé Grison scia avec son couteau et mit au bout de sa pique. Le perruquier Charlat lui ouvrit la poitrine, lui arracha le cœur qu'il plaça au bout de son sabre, tandis que suivirent d'autres mutilations obscènes et sanguinaires ».

    On raconte que, tandis que sa tête est promenée au bout d’une pique jusqu’à la tour du Temple où elle est agitée devant les fenêtres de l'appartement de Marie-Antoinette qui s'évanouit, son corps est transporté sur des kilomètres, profané, jusqu’au comité civil de la section des Quinze-Vingts. Enfin, la tête est portée à son tour par un garçon boucher nommé Allaigre au comité, à sept heures du soir, après avoir été repoudrée, afin d’être « inhumée auprès du corps » dans une tombe du cimetière des Enfants-Trouvés. Quelques heures plus tard, le duc de Penthièvre dépêche son fidèle valet Fortaire pour tenter de retrouver sa dépouille, en vain.

    La mort de la princesse de Lamballe peinte en 1908 par Léon-Maxime Faivre

    Le village de Passy avec Générations 13

    Qu'on est bien dans la France d'aujourd'hui !

    Mais je rêve ! C'est ça Paris ?

    Eh oui, nous sommes ici dans l'ancien village de Passy et ici commence la rue Berton, un étroit sentier entièrement pavé se faufilant entre de hauts murs aveugles.

    Le village de Passy avec Générations 13

     La végétation se sent reine ici ! En bonnes randonneuses, nous avons mis les chaussures ad hoc heureusement. 

    Le village de Passy avec Générations 13

    De place en place des chasse-roues comme celui-ci : ils évitaient autrefois aux roues des charrettes cerclées de fer d'endommager les murs des propriétés.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Le groupe passe devant l'entrée secondaire de la maison où Balzac habita entre 1840 et 1847, sous le nom de "Monsieur Breugnol", un pseudonyme qu'il avait pris pour échapper à ses créanciers. Cette issue donnant sur la rue Berton lui sauva plus d'une fois la mise !

    Le village de Passy avec Générations 13

    On aperçoit au fond l'immeuble de la rue Raynouard faisant face à l'entrée principale de la maison de Balzac.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Près du porche, une borne date de 1731 : il est écrit sur la plaque de marbre qu'elle servait à délimiter les seigneuries d'Auteuil et de Passy mais il paraîtrait que ce soit faux. Elle s'appelait autrefois la rue du Roc.

    Serait-ce de celui-ci qu'il s'agit... ?

    Le village de Passy avec Générations 13

    Un peu plus loin, un escalier dont Guillaume Apollinaire dira qu'il est "très étroit et très raide" permet d'accéder à la rue Raynouard.

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    Cet immeuble, considéré de nos jours comme un joyau architectural, situé au numéro  51-55 a été créé et a été le lieu de vie d'Auguste Perret dont Anne-Marie vous a déjà parlé. Il est actuellement le siège de l'Union internationale des architectes.

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    Au numéro 47, se trouve l'entrée principale de l'ancienne maison où Balzac écrivit plusieurs de ses meilleurs romans. Il lui a été adjoint un musée où l'on peut voir ses appartements, des portraits de l'artiste et des personnages de La Comédie Humaine, mais aussi des peintures, dessins et gravures, car il était amateur d'art. On peut découvrir également du mobilier, des objets, et son cabinet de travail resté intact.

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    Naturellement, même si Balzac jouissait à son époque d'une belle vue sur la Seine, la tour Eiffel n'est arrivée que plus tard !

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    Redescendant la rue Raynouard, nous passons devant un immeuble qui porte une "pelle Stark" : à cet emplacement, s’élevait au 18e siècle une vaste propriété comprenant un élégant hôtel particulier, l’Hôtel de Valentinois, sis dans un parc d’environ quatre hectares, et comprenant divers bâtiments, dont une orangerie et un petit pavillon.

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    L'Hôtel de Valentinois peint depuis l'actuelle rue Raynouard dans les années 1770 par Alexis-Nicolas Pérignon. (Musée Carnavalet)

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    Le potager de l'Hôtel de Valentinois en 1780 par Alexis-Nicolas Pérignon
    (National Gallery of Art - Washington)

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    C’est dans ce cadre enchanteur que vécut, de 1777 à 1785, Benjamin Franklin, qui fut représentant spécial puis premier Ambassadeur de l’histoire des Etats-Unis en France. Il y reçut de nombreux visiteurs : Turgot, Buffon, d’Alembert, Condorcet, Malesherbes, La Rochefoucauld, Mirabeau, et bien sûr Beaumarchais, chargé d’acheminer l’aide financière aux Insurgés américains. C’est également à Passy que Franklin rencontra plusieurs fois le jeune Marquis de La Fayette, avant son départ pour l’Amérique.

    Un médaillon représentant Benjamin Franklin, apposé à l'angle de l'immeuble, signale qu'il fit installer ici le premier paratonnerre construit en France.

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    Nous traversons maintenant la rue des Vignes qui témoigne du passé viticole de Passy.  Jusque son annexion en 1860, Passy était un village peuplé de cultivateurs, de vignerons et de carriers. Les vignes occupaient près d’1/4 de la commune en 1789.

    André Chénier fut arrêté le 7 mars 1794 tout près de la rue des Vignes, rue Bois-le-Vent, alors qu'il était chez des amis. Impliqué dans une affaire qui permettait à la justice de l'époque d’exécuter les suspects sans les entendre, il est condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire, pour avoir "recelé les papiers de l'ambassadeur d'Espagne" (il s'agissait "d'acheter" les votes de Conventionnels pendant le procès de Louis XVI). Fouquier-Tinville s'adressera à lui pendant son procès en lui disant la phrase suivante : "La République n'a pas besoin de poète". André Chénier est guillotiné le 7 thermidor (23 juillet).

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    La rue des marronniers porte ce nom car elle a remplacé une allée plantée de marronniers qui dépendait de l'ancien parc du Château de Passy.

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    Et le Château de Passy me direz-vous, qu'en est-il ?

    Hélas, trois fois hélas, il n'en reste que cette plaque apposée sur le mur de l'un des immeubles actuels.

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    Autrefois, c'était ça !

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    Passy et Chaillot vus depuis la plaine de Grenelle
    (Charles-Léopold Gervenbroeck -1743)

    Il y a d'ailleurs sur cette toile plusieurs châteaux ou hôtels particuliers en enfilade. Au premier plan, le Château de Passy, puis l'Hôtel de Lamballe (le bâtiment en rouge sur le tableau) devant l'Hôtel de Valentinois...

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    Dans la rue de l'annonciation, l'actuelle église de Passy, Notre-Dame de Grâce.

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    La population de Passy dépendait autrefois de la paroisse d’Auteuil, qui était assez éloignée. Aussi, en 1666, Claude Chahu, Conseiller du Roi, Trésorier Général des Finances et seigneur de Passy, obtint de l’archevêque de Paris la faveur d’ériger une chapelle qui fut Notre-Dame de Grâce : en 1672 le village de Passy était érigé en paroisse distincte et indépendante.

    Voici tout ce qui reste de la chapelle Notre-Dame de Grâce, son clocher.

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    Entrée de la galerie marchande Passyplaza au 53 rue de l'Annonciation

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    Dans une cour..., un atelier d'artiste : c'est celui de Sarah Lavoine

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    La rue de l'Annonciation est une rue très animée et commerçante.

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    Dans la rue Lekain voisine, Anne-Marie nous montre l'emplacement de l'ancien cimetière de Passy qui a été déplacé sur la place du Trocadéro en 1802.

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    A l'angle de la rue Lekain et de la rue de l'Annonciation, une boutique qui chatouille les papilles : "Aux merveilleux de Fred", cette pâtisserie artisanale française (qui est installée dans le monde entier) a établi ici l'une de ses succursales. Elle met à l'honneur les spécialités traditionnelles des Flandres.

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    Voici les "Merveilleux" individuels : ils sont composés de meringue et de crème fouettée au chocolat enrobée de copeaux de chocolat noir.

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    Appétissantes également ces brioches au chocolat, fabriquées sous les yeux des passants, non ?

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    Ici se termine notre promenade : nous voici arrivés à la rue de Passy, l'artère principale du village.

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    Anne-Marie nous montrer ici l'arrivée d'un train dans l'ancienne gare de Passy.

    La ligne d'Auteuil, longue de sept kilomètres, fut la seconde étape, (après l'établissement de la ligne de ceinture sur la rive droite et avant la construction de la ceinture rive gauche), de la réalisation d'un chemin de fer qui devait à terme faire le tour complet de Paris et permettre, entre autres, de relier entre elles les grandes gares parisiennes.

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    L’ancienne gare de Passy, reconvertie en restaurant et située à l’angle du boulevard
    de Beauséjour et de la chaussée de la Muette, est de nos jours superbement conservée. Aucun ajout ne vient en perturber l’esthétique.

    Le village de Passy avec Générations 13

    La boucle est bouclée : un grand merci à Anne-Marie pour cette après-midi de dépaysement. J'ai encore une fois appris beaucoup de choses en suivant sa promenade.


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  • Au mois d'avril, Anne-Marie a organisé dans le cadre de son atelier "Petites promenades dans Paris" une sortie dans le 20ème arrondissement intitulée "Le village de Charonne". J'ai doublé cette promenade une semaine après avec d'autres adhérents après avoir potassé ses notes et complété mes recherches sur le net car je n'étais jamais allée dans ce quartier de la capitale, aussi bizarre que ça puisse paraître.

    A la sortie du métro Porte de Bagnolet, une dizaine d'adhérents a répondu à l'invitation d'Anne-Marie. Même chose à peu près lors de ma propre sortie.

    Ces petits nombres permettent de meilleures conditions de visite.

    le village de Charonne avec Générations 13

    Anne-Marie nous présente tout d'abord un plan de Paris datant de 1860 montrant l'annexion des villages environnant le Paris préexistant aux grands travaux d'Haussmann. C'est ainsi qu'est né le 20ème arrondissement, issu du rattachement des villages de Charonne et de Belleville à la capitale. 

    En rouge, le Paris circonscrit par le mur des Fermiers Généraux, en orange les agrandissements sous Haussmann allant jusqu'à l'enceinte de Thiers : c'est le Paris d'aujourd'hui. Lors de son annexion en 1860, le village de Charonne - dont on ne connaît pas l'origine du nom - comptait quinze mille habitants.

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    Une dizaine d'années plus tard, le village de Charonne est le théâtre de violents affrontements lors de la Commune de 1871, en particulier le 28 mai lors d'un ultime et sanglant épisode. Les derniers insurgés se sont retranchés dans le cimetière du Père-Lachaise (en blanc sur le plan). Les "Versaillais" les attaquent bientôt et une lutte féroce se livre parmi les tombes. Le lendemain à l'aube, les survivants sont fusillés contre le mur d'enceinte. Une large tranchée, ouverte sur place, reçoit les corps : c'est le mur des fédérés.

    Selon la tradition, vers 430, Saint Germain, alors évêque d'Auxerre, aurait rencontré sur les coteaux de Charonne une jeune fille de Nanterre, âgée d'environ 10 ans, qu'il consacre à Dieu. Geneviève, c'est son nom, se distinguera dix-sept ans plus tard en défendant Paris contre les Huns d'Atila : elle deviendra la patronne de Paris.

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    Notre promenade commence au niveau du boulevard Mortier que nous empruntons pour rejoindre "La campagne à Paris", une cité ouvrière mise en œuvre par une société coopérative créée en 1908.

    Des petites maisons poussent sur les gravats des percées haussmanniennes des avenues de la République et Gambetta à l'emplacement d'une ancienne carrière de gypse. La cité ouvrière est achevée en 1926. Malgré l'intervention de différents architectes, l'ensemble présente une certaine unité.

    Cela permet à la classe ouvrière (ouvriers, fonctionnaires, employés à faibles revenus) d'accéder à la propriété via une centaine de pavillons construits spécialement pour eux et proposés à des prix abordables.

    le village de Charonne avec Générations 13

     Tiens... Quelqu'un que je connais !

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    C'est à l'angle de la rue Irénée Blanc et de la rue Jules Siegfried qu'a été tourné le film "Le petit Nicolas" réunissant à l'écran Kad Merad et Valérie Lemercier.

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    La maison n'a pas changé...

    Le village de Charonne avec Générations 13 

    De nos jours, il semble que le stationnement y soit maintenant interdit.

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    Il parait que François Hollande et Julie Gayet y ont acheté une maison de 150 mètres carrés sur trois étages, agrémentée d'un jardin arboré, à l'abri des regards indiscrets cette fois-ci. C'est Closer qui le dit...

    Peut-être celle de cette photo !!!

    le village de Charonne avec Générations 13

    Nous quittons ce charmant quartier - véritable havre de paix - en empruntant l'un des nombreux escaliers qui le font communiquer avec le reste du quartier.

    le village de Charonne avec Générations 13

    La place Edith Piaf n'est qu'à deux pas : on y trouve une statue en bronze - de Lisbeth Delisle - de la célèbre chanteuse dans une posture bien connue.

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Nous nous retrouvons ensuite toujours sur la même place autour d'un transformateur EDF sur lequel est fixée une autre sculpture - du belge Michel Devillers - qui rend hommage à la "môme". La légende veut que la chanteuse ait vu le jour sous un lampadaire de la rue de Belleville même si en réalité elle serait née à l'hôpital Tenon.

    On peut y trouver les dates d'Edith Piaf (1915-1963) et une dédicace de Jean Cocteau : "Elle est inimitable. Il n'y a jamais eu d'Edith Piaf, il n'y en aura plus jamais."

    le village de Charonne avec Générations 13

    Une petite boîte à musique permet d'écouter "La vie en rose" et, contrairement à celle de la maison de Brassens dans l'impasse Florimond, elle fonctionne !

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Ecoutez Edith Piaf...

    Nous nous dirigeons maintenant en direction du Jardin de l'Hospice Debrousse et passons devant ces immeubles (Art Déco, me semble-t-il).

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Anne-Marie nous explique qu'il y avait autrefois des vignes à Charonne, en témoigne la rue des Vignoles (vignobles sans le b). L'enceinte des fermiers généraux était en effet une enceinte à caractère financier : il y avait là des octrois où l'on payait des taxes sur les marchandises entrant dans la ville, ce qui régulait un peu le nombre de tavernes de la capitale.

    C'est la raison pour laquelle s'établirent ici des guinguettes (à Charonne, Belleville et Ménilmontant) qui étaient de l'autre côté de la barrière. Par ailleurs, on dit que le vin de Charonne n'était pas fameux, juste bon à faire du vin de messe !

    Il y avait aussi un château à Charonne, le château de Bagnolet : construit pour Marie de Bourbon-Condé (1606-1692), il fut remanié à la fin du XVIème siècle pour Martin de Bragelongne, Prévôt des marchands de Paris, mais fut détruit en 1856 après être passé entre plusieurs mains.

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    En 1719, la duchesse d'Orléans, fille naturelle de Louis XIV et de Madame de Montespan et épouse du Régent, acquiert le château et fait édifier vers 1734 des pavillons de repos appelés "folies" tel que celui-là.

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Le Pavillon de l'Hermitage est le seul vestige du Château de Bagnolet. Il n'est visitable qu'aux Journées du Patrimoine. Le nom du pavillon ne vient pas du fait qu'il était retiré mais plutôt de son intérieur recouvert de peintures murales en grisaille représentant des ermites en méditation.

    Merci Marylène pour la photo...

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Le groupe du 22 avril devant le Pavillon

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Anne-Marie nous parle de deux événements liés à Charonne.

     Le complot du 21 janvier 1793 : sous la révolution, ce pavillon appartint au Baron de Batz, député à l'Assemblée constituante et contre-révolutionnaire français qui a comploté pour faire évader Louis XVI sur le trajet qui le menait de la prison du Temple à l'échafaud dans le quartier de Bonne-Nouvelle : plusieurs de ses amis ont été guillotinés tandis que lui a réussi à échapper aux révolutionnaires.

     Le massacre de Charonne du 8 février 1962

    Nous sommes en pleine guerre d'Algérie, rappelez-vous...

    La manifestation contre l'OAS (l'Organisation de l'Armée Secrète militant pour que l'Algérie reste française) organisée par le Parti communiste français est violemment réprimée à la station de métro Charonne. Le mot d'ordre de la CGT et de la CFTC était "tous en masse à 18h30 à la Bastille". La manifestation ayant été interdite, le préfet de police de l'époque, Maurice Papon, décide de la réprimer avec l'accord du ministre de l'intérieur, Roger Frey.

    La version officielle, c'est que les manifestants qui essaient de se réfugier dans la bouche de la station de métro se heurtent à la grille du métro qui était fermée, trouvant ainsi la mort piétinés. La réalité est toute autre : les policiers poursuivent les manifestants dans la station en leur lançant des grilles d'arbre et des bancs.

    Huit personnes trouvent la mort ainsi qu'un neuvième qui décède à l'hôpital des suites de ses blessures.

    Une plaque commémorative de l'événement, à l'intérieur de la station Charonne, est fleurie chaque année lors de la date anniversaire par la CGT, le PCF et l'Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l'OAS.

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Le 8 février 2007, quarante-cinq ans après les faits, le carrefour à l'intersection de la rue de Charonne et du boulevard Voltaire a été nommé place du 8 février 1962 par Bertrand Delanoë, maire de Paris.

    Les victimes de la manifestation sont enterrées dans le cimetière du Père-Lachaise près du mur des fédérés, dans le secteur où se trouvent les tombes des dirigeants du Parti communiste français.

    Une foule de 500.000 à 1.000.000 de personnes suivra leur inhumation.

    Le village de Charonne : l'une des "Petites promenades dans Paris" d'Anne-Marie Guérin

    Le 8 février 2022, le Président de la République a fait déposer une gerbe de fleurs par le Préfet de Police à l'occasion du 60ème anniversaire du massacre lors d'une cérémonie au Père-Lachaise.

    Lény Escudéro a écrit, en 1968, la chanson "Je t'attends à Charonne", dédiée aux victimes.

    L'affaire est évoquée aussi dans une scène du film "Diabolo menthe" (1977) où le professeur d'Histoire essaie d'intéresser ses élèves qui baillent aux corneilles à l'écoute de son cours sur la Convention en donnant la parole à l'une d'entre elles qui a vécu cette triste actualité.

    Cliquez ICI pour voir le passage correspondant.

     Au sortir du jardin, nous empruntons la rue de Bagnolet et, aux numéros 134-136, Anne-Marie nous fait remarquer ces curieux escaliers à double volée qui font accéder aux perrons surélevés de deux maisons : la rue passait autrefois à cette hauteur jusqu'en 1847, date à laquelle on la creusa pour que les maraîchers et les charrettes chargées de pierres destinées aux chantiers des fortifications de Thiers de retour sur Paris gravissent plus facilement la pente. 

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Nous voici arrivés devant l'église Saint-Germain de Charonne qui se trouve située, elle aussi, en haut d'une volée d'escaliers créés probablement à la même époque.

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    Elle n'a pas toujours été comme ça, en témoigne cette gravure datant de 1830.

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    L'église s'est rendue célèbre dans la dernière scène du film "Les tontons flingueurs" - le mariage -, où l'on voit l'environnement (le quartier Saint-Blaise) ainsi que l'intérieur de l'église dans la scène des tontons agenouillés sur des prie-Dieu pendant que la voiture de la bande rivale explose...

     Le village de Charonne avec Générations 13

    Il y a un paquet de répliques cultes dans ce film...

    "Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît". (Fernand Naudin/Lino Ventura)

    "Patricia, mon petit, je ne voudrais pas paraître vieux jeu ni encore moins grossier. L'homme de la Pampa parfois rude reste toujours courtois mais la vérité m'oblige à te le dire, ton Antoine commence à me les briser menu". (Fernand Naudin/Lino Ventura)

    "Vous avez beau dire, y'a pas seulement d'la pomme, y a aut'chose... Ca serait pas des fois de la betterave ?". (Paul Volfoni/Jean Lefebvre)

    A gauche de l'église, l'entrée du cimetière qui compte 650 tombes.

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    L'église Saint-Germain de Charonne est la seule avec Saint-Pierre de Montmartre a posséder encore un tel cimetière attenant.

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Tout de suite à gauche, le mur des Fédérés rend hommage aux morts de la Commune de Paris en 1871.

    Le village de Charonne avec Générations 13

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    Vue générale sur le cimetière et l'église Saint-Germain

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Parmi les tombes, certaines sont celles de personnages célèbres.

    Celle-ci est celle de Josette Malraux et de ses deux fils. La femme d'André Malraux a été happée par une train en 1944 et ses deux fils sont décédés dans le même accident de voiture en 1961...

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    Au fond du cimetière, un curieux monument : cet enclos est celui de François Bègue dit le Père Magloire.

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    A qui voulait bien l'entendre, et ils furent nombreux, François Bègue racontait qu'il avait été le secrétaire de Robespierre et qu'il avait échappé in extremis au 9 Thermidor qui entraîna la chute de l'incorruptible. N'avait-il pas aussi créé une superbe rose ?

    Tout ceci n'est que le fruit de l'imagination débordante du personnage. Peintre en bâtiment, ou serrurier, et aussi un peu rebouteux, il avait accumulé une fortune des plus rondelettes qui lui permit d'acheter cet emplacement en 1833 et d'y faire édifier ce monument avec des matériaux de récupération.

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    On trouve aussi non loin de là la tombe de Pierre Blanchar, acteur et metteur en scène français qui a notamment joué aux côtés de Michèle Morgan dans le film de Jean Delannoix "La symphonie pastorale" en 1946 récompensé par la première Palme d'or au Festival de Cannes.

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Le village de Charonne avec Générations 13

    En sortant du cimetière, on passe aussi devant la tombe de Robert Brasillach.

    Le voici peu avant son exécution

    Ecrivain, journaliste - patron de "Je suis partout" - et polémiste, il était également collaborateur et a été fusillé au fort de Montrouge à la libération malgré la démarche de François Mauriac auprès du Général de Gaulle. L'église et son cimetière sont longuement décrits dans l'un de ses livres "Les sept couleurs".

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Avant de quitter le cimetière, une photo amusante : ce chat était déjà présent le 15 avril ! C'est un habitué du cimetière... Il faut dire qu'il y est régulièrement nourri.

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    A l'angle de la rue des Pyrénées et de la rue de Bagnolet se trouve une "pelle" Stark intitulée "Casque d'or" dont on reparlera plus tard.

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    Idem de l'ancienne gare de la Petite Ceinture et de ses rails désormais désaffectés que nous croisons rue de Bagnolet. La Flèche d'Or est un lieu entre salle de concert, bar et lieu de convivialité.

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    Pour l'instant, place à la visite du quartier Saint-Blaise

    La rue Saint-Blaise fait juste face à l'église Saint-Germain et nous allons la descendre jusqu'au bout non sans nous retourner pour profiter de la jolie vue sur l'église (photo "parisianavores.paris").

     Voyez comme elle est joliment décorée de jardinières fleuries !

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Celle-ci m'a bien plu...

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Petit arrêt devant ce magasin qui vend des Panamas

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    Vue sur une superbe cour intérieure

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    Beaucoup de Street Art dans la rue Saint-Blaise

    Celui-ci est de Thomas (@loup-y-es-tu)

    Mais que regarde ce loup et ce petit chaperon rouge... ?

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Ce petit personnage qui dit un mot que je n'ose pas transcrire...

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    Pas mal aussi cette adolescente avec sa plume et son chien...

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    Sur cette place appelée Place des Grès (son nom fait référence à un ancien dépôt de pavés de grès de Fontainebleau), se trouvait au Moyen-Age le poteau de justice (ou pilori) des seigneurs de Charonne. Il était doté d'un carcan d'infamie auquel on attachait les condamnés pour les livrer à la vindicte populaire.

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    Tout est dit !

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    En continuant un peu plus bas la rue Saint-Blaise, un joli portail datant du XVIIIème siècle orne l'entrée d'une copropriété récemment rénovée.

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    Etrange mais heureuse association...

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    Empruntant maintenant la rue Vitruve au niveau de la place des Grès, nous passons devant une plaque signalant que Barbara a habité cet immeuble entre 1946 et 1959. On peut y lire : "Et faire jouer la transparence au fond d'une cour aux murs gris où l'aube aurait enfin sa chance", un texte issu de sa chanson "Perlimpinpin". Je l'avais oubliée...

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    Angle rue Vitruve et rue Albert Marquet : regardez la Salamandre ! (le square du même nom n'est pas loin).

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    La plaque dit ceci : "On raconte dans la légende qu'une salamandre après être passée par le square où elle aurait laissé une longue trace, se serait dirigée vers la rue Albert Marquet et s'arrêta pour se reposer dans un coin de la rue Vitruve..."

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Je vous avais parlé de la rue des Vignoles au début de ce post, et bien nous y sommes arrivés. Ce joli nom évoque en effet la culture de la vigne, autrefois l'une des activités principales des habitants de l'actuel 20ème arrondissement et, tout particulièrement, du coteau de Charonne prédisposé à la viticulture par son exposition et la composition de son sol. Les grandes abbayes parisiennes y possédèrent très tôt vignes et pressoirs, qui leur procuraient le vin nécessaire à la célébration de la messe.

    Plus tard, ces coteaux produisirent un vin aigrelet, appelé "guinguet" (d'où la désignation des lieux où on le buvait comme "guinguettes").

    Cette rue est traversée par d'innombrables petites impasses aux noms évocateurs. Celle-ci, l'impasse Satan, voisine avec le passage Dieu mais il y a aussi l'impasse de la Confiance, l'impasse des Souhaits, l'impasse Rançon ou encore l'impasse Poule...

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Avouez qu'on oublie qu'on est en plein Paris ici.

    Le village de Charonne avec Générations 13

    La rue de la Réunion que l'on croise un peu plus bas doit son nom au fait qu'ici les habitants des villages de Charonne et d'Avron pouvaient s'y rencontrer puisqu'ils étaient voisins.

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Nous passons rapidement au large de l'église Saint-Jean-Bosco, de style Art déco. Il faudra que je retourne la visiter car cela en vaut sûrement la peine.

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Anne-Marie a prévu de faire une pause dans le Jardin Casque d'Or voisin où elle nous parle de la petite ceinture et de l'histoire de Casque d'Or.

    ► La Petite Ceinture

    La ligne de la petite ceinture de Paris, communément désignée sous le nom de "Petite Ceinture", est une ligne de chemin de fer à double voie de 32 kilomètres de longueur encerclant Paris à l'intérieur des boulevards des Maréchaux. Bien que faisant toujours partie du réseau ferré national, elle est aujourd'hui inutilisée sur la majeure partie de son parcours. Ouverte par tronçons de 1852 à 1869, la Petite Ceinture permet tout d'abord aux trains de marchandises de contourner Paris : ses embranchements avec toutes les grandes lignes évitent un trajet jusqu'aux gares terminus. À partir de 1862, elle absorbe la ligne d'Auteuil dans sa partie occidentale et s'ouvre aux voyageurs. Elle offre ainsi aux ouvriers, pour un tarif modéré, un service circulaire à travers les quartiers périphériques de la capitale, où les travaux d'Haussmann les ont relégués.

    Après un apogée du trafic atteignant 38 millions de voyageurs lors de l'exposition universelle de 1900, les Parisiens délaissent de plus en plus la Petite Ceinture. Ses fréquences insuffisantes, l'espacement entre les gares, leurs équipements vieillots et leur accès parfois malaisé rebutent. Elle subit en outre la concurrence du métropolitain et de l'autobus, nouveaux moyens de transport mieux adaptés aux besoins urbains. Elle ferme définitivement aux voyageurs le 23 juillet 1934. Son trafic est aussitôt repris par une ligne d'autobus homonyme nommée « PC ». Seuls circulent encore, de nuit, quelques trains de grandes lignes. Le transport des voyageurs parisiens est maintenu sur une partie de la ligne d'Auteuil, intégrée en 1988 à la ligne C du RER pour former la nouvelle ligne d'Ermont - Eaubonne à Champ-de-Mars. Quant au trafic de marchandises, il se poursuit jusqu'aux années 1990.

     Le groupe du 15 avril sous la guidance d'Anne-Marie

    Le village de Charonne avec Générations 13

    Le village de Charonne avec Générations 13

    ► L'histoire de Casque d'Or

    Le film de Jean Becker, sorti en 1952, est inspiré de l'histoire vraie d'Amélie Elie, surnommée "Casque d'Or". Née le 14 mars 1878 à Orléans et morte le 6 avril 1933 à Bagnolet, Amélie Elie est une célèbre prostituée française appartenant au milieu des Apaches, des bandes criminelles du Paris de la Belle Epoque.

    La jeune orléanaise se montre précoce en se mettant en ménage à treize ans avec un ouvrier de quinze ans surnommé "le Matelot". Retrouvés à l'Hôtel des Trois Empereurs, ils sont séparés de force. Le Matelot partage alors sa vie entre maisons de correction et fugues mais l'aventure avec Amélie dure un an.

    A quatorze ans, Amélie perd sa mère et se retrouve à la rue. Elle abandonne son petit ami, le Matelot, et lui préfère la compagnie plus réconfortante d'une prostituée, qui se fait appeler "Hélène de Courtille". Celle-ci l'accueille chez elle et la lance sur le trottoir. La petite et la femme deviennent amies et amantes. Amélie s'adapte au Paris de la nuit et au monde des voyous au service des souteneurs que la presse, comparant la Zone au Far-West, appellera les Apaches.
    Puis, elle rencontre "Bouchon", un autre souteneur qui la tabasse : elle s'enfuira de Charonne pour aller à la Bastille. Elle a alors dix-neuf ans et rencontre Joseph Pleigneur, dit "Manda", un chef de bande de vingt-deux ans (joué par Serge Reggiani dans le film) : profession, cambrioleur... Manda s'absente souvent pour affaires et Amélie, en son absence, rejoint la rue. C'est alors qu'elle rencontre Dominique François Eugène Leca (joué par Claude Dauphin dans le film) dans un bouge des Halles nommé le "Caveau des Innocents".
    Manda déclenche les hostilités en portant un coup de couteau à Leca. La guerre est déclarée. Les deux bandes s'affrontent et Leca en ressort avec deux balles de révolver dans le bras et la cuisse. L'affaire "Manda-Leca" fait la Une de tous les journaux. Leur procès, en 1902, aboutit à leur déportation en Guyane où ils mourront tous les deux.

    Amélie, elle, se marie dans le 20ème arrondissement en 1917 et devient bonnetière. Son époux est cordonnier et s'appelle André Nardin. Elle élève ses quatre neveux mais ouvre un peu plus tard une maison close rue des Rosiers appelée "Les rosiers". Elle meurt de la tuberculose en 1933 à l'âge de 55 ans. Elle est inhumée au cimetière de Bagneux.

    La bande-annonce du film de Jacques Becker

    Le groupe du 22 avril avec moi

    Le village de Charonne avec Générations 13

     

    La promenade se termine sur le boulevard de Charonne au niveau du métro Avron.

    Un grand merci à Marylène pour les photos qu'elle m'a envoyées et qui ont complété les miennes.

    Et merci aussi bien sûr à Anne-Marie pour avoir préparé et guidé cette jolie balade. 


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    C'est Michel Duffau qui, pour la seconde fois cette année, guide cet après-midi l'atelier de Générations 13 intitulé "Petites promenades dans Paris". Il a choisi aujourd'hui de nous entraîner sur les pas de Georges Brassens en nous contant sa vie au fil des différents lieux qu'il habita dans Paris et même ailleurs.

    Le rendez-vous est donné à la station de bus Didot sauf que... la RATP est en grève ! Je rejoins donc, à pinces, la dite station où je retrouve une quinzaine d'autres adhérents de l'association, ayant sans doute été, comme moi, bercés par les mélodies de Brassens.

    Michel nous retrace tout d'abord l'enfance du poète, né à Sète en 1921 d'un père, Jean-Louis, qui est maçon et d'une mère napolitaine, Elvira, lingère.

    En compagnie de ses parents, consultant l'album de famille en 1954

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Georges Brassens va dédier plus tard une très belle chanson à ses parents, qu'il chantera en duo avec Patachou.

    Maman Papa

    Georges, que ses camarades surnomment "le gros", était un élève que l'on pourrait qualifier de "classique" mais au collège il s'ennuie ferme. Sa vie commence après la classe, entre baignades et virées avec les copains. Seul son professeur de français, Alphonse Bonnafé, l'intéresse beaucoup. Ce dernier encourage le jeune homme à lire de la poésie, lui qui plus tard mettra d'ailleurs en musique ses poètes préférés (François Villon, Victor Hugo et Aragon). Georges va par la suite, pendant toute sa vie, dévorer les livres.

    la maison, tout le monde chante et le bambin connaît rapidement le répertoire à la mode, avec une prédilection durable pour Ray Ventura puis Charles Trenet. Il écoute aussi les chansons de Fréhel et de Mireille (vous savez..., Le Petit Conservatoire de la chanson). Un peu plus tard, il découvre le jazz qui influencera ses compositions très rythmées et sa scansion, reconnaissables entre toutes. 

    Après avoir commis quelques larcins en compagnie d'une bande de "garnements", Georges écope de quinze jours de prison avec sursis (les avis divergent sur la durée exacte de la peine). Exclus du lycée, son père l'envoie à Paris où il est hébergé chez sa tante, Antoinette, la sœur de sa mère. Celle-ci habite une pension de famille au 173 de la rue d'Alésia dans le XIVème arrondissement.

    Nous sommes dans les années 1940 : Georges Brassens a environ 17 ans.

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Antoinette possède un piano et des méthodes pour apprendre : Georges, qui vient d'être engagé aux usines Renault pour trois mois (même si son désir profond était de ne pas travailler !) ne se le fait pas dire deux fois : il compose ses premières musiques au piano puis les transcrit à la guitare pour pouvoir se produire dans les cabarets de la rive gauche qui sont exigus.

    Il écrira quelque 200 chansons dont certaines ont été composées dès cette époque ou un peu plus tard comme : La mauvaise réputationLa mauvaise herbeles quatre bacheliersLes ricochets...

    Brassens chante ici La mauvaise herbe en compagnie de ses amis attablés. Parmi eux, on reconnaît Pierre Tchernia et Marcel Amont avec lesquels il est très lié.

     

    Les ricochets, une vraie pépite ! Ecoutez-le faire l'apologie d'Apollinaire...

    C'est devant cette grande photo de l'artiste placardée sur un mur aveugle de la rue d'Alésia que Michel va faire durer le suspense pendant une petite demi-heure avant que l'on découvre "pour de vrai" la fameuse impasse Florimont où Georges Brassens habitera pendant 22 ans.

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Le temps de nous conter la suite de l'histoire !

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    A cette époque, Brassens rencontre une amie de sa tante, Jeanne Le Bionnec, de trente ans son aînée, couturière, avec laquelle il va entretenir une liaison. Mais la guerre éclate et il est envoyé au STO à Basdorf, près de Berlin, en Allemagne pour travailler à l'usine BMW qui fabrique des moteurs d'avion.

    Il va s'y faire une bande de copains qu'il ne quittera jamais. Il rencontre en particulier Pierre Onténiente dit "Gibraltar" qui travaille à Basdorf comme bibliothécaire qui deviendra son secrétaire particulier et René Iskin qui sera le premier interprète de ses chansons.

    Brassens et Gibraltar en 1975

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Michel Duffau nous raconte une anecdote concernant cette période : dans leur chambrée, les jeunes gens râlaient après Brassens qui lisait ou qui écrivait ses poèmes à la lueur de la bougie tard dans la nuit jusqu'à ce que le jeune Georges se propose, en compensation, de leur préparer le café du matin...

    Il nous explique aussi que les allemands, pour dissuader les jeunes de s'évader lors d'une permission, les menaçaient de représailles envers leurs camarades en cas d'évasion. Georges étant bien aimé de tous, ses copains l'encouragèrent à prendre la poudre d'escampette à l'occasion d'un permission, ce qu'il fit : il ne reviendra jamais en Allemagne.

    Nous sommes le 21 mars 1944 : Georges emménage chez Jeanne et Marcel Planche, au numéro 9 de l'impasse Florimont. Marcel boit pas mal mais c'est un bon gars. Un drôle de ménage à trois s'instaure alors entre Jeanne et ses deux hommes. Marcel ne prend pas ombrage de la liaison entre son épouse et leur jeune protégé. Mieux ; il l'adopte comme un fils.

    Jeanne et Georges quand il n'a que 19 ans.

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Alors, cette impasse, on va pouvoir la voir... ?

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Mais oui, pas de souci !

    Voici déjà deux plaques intéressantes : celle où l'on voit que Georges Brassens habita cette impasse entre 1944 et 1966 (époque pendant laquelle il écrivit ses premières chansons) surmonte une autre plaque qui indique qu'ici - dans l'impasse Florimont - est né son contrebassiste, Pierre Nicolas.

    Quel hasard tout de même !

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Tout au fond de l'impasse, de deux mètres de large, la maison de Jeanne et Marcel que nous commente Michel.

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

     Il s'agit d'une maison - sans eau ni électricité - avec un étage et une cour attenante où vivent toutes sortes d'animaux : des chats, des chiens, des volatiles etc.

    Les maisons de Georges Brassens avec Michel Duffau

    Brassens va y écrire La cane de Jeanne.

    Les maisons de Georges Brassens avec Michel Duffau

     

    Brassens en compagnie de Jeanne et de Marcel

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Le 22 septembre 1994, à l’initiative de l’association Les Amis de Georges, un bas-relief en bronze - réalisé par le chanteur Renaud - est fixé contre le mur de la maisonnette.

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    En-dessous, une petite boîte à musique en forme de CD représente l'ouïe d'une guitare : une petite manivelle permettait, du temps où elle fonctionnait encore, de pouvoir écouter une chanson du poète.

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Nous aurions pu ainsi écouter Les amoureux des bancs publics, une chanson qui a fait le tour du monde.

    Le 1er octobre 2005, Claudy Lentz de la ferme Madelonne, à Gouvy en Belgique, prit l'initiative de mettre trois chats sur la maison de Georges, en souvenir des nombreux chats recueillis par la Jeanne. L'autorisation put être obtenue auprès de Pierre Onténiente grâce à l'intervention de Valérie Ambroise, une artiste qui chanta Brassens après sa mort. Ces chats en terre cuite ont été réalisés par Michel Mathieu, potier à Tulette.

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

     Pendant une décennie (de 1942 à 1952), le couple va nourrir, choyer, blanchir, le jeune Brassens jusqu’à ses débuts chez Patachou.

    Le voici photographié dans son bureau en compagnie de son chien.

     Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Michel nous emmène, après cette découverte de l'impasse Florimont, nous "poser" dans le square voisin, l'occasion d'une petite photo du groupe.

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Là, Michel continue de nous raconter Brassens...

    Trop timide pour s’exhiber sur scène, Georges attendra dix ans avant de présenter ses chansons. Il peaufine, rature, corrige ses textes jusqu’à la perfection autant que ses mélodies : Pauvre Martin Une jolie fleurIl n’y a pas d’Amour heureuxJe me suis fait tout petit...

    Il dédiera plusieurs chansons à Jeanne et Marcel.

    Chez Jeanne, la Jeanne...

    L'auvergnat (même si Marcel était né à Brie-Comte-Robert...)

    Après la guerre, ce furent des années de grande misère où il allait souvent se faire nourrir chez ses amis du STO.

    A cette époque, il compose BonhommePauvre Martin et...

    A l'ombre des maris

    Brassens a en effet fréquenté beaucoup de femmes mariées, clandestinement pour ne pas faire de mal à Jeanne. Ainsi la petite "Jo", une jeune fille de seulement 17 ans qui lui inspira Une jolie fleur et Putain de toi.

    Georges Brassens, c'est bien connu, est un grand timide : comme beaucoup d'auteurs-compositeurs, il n'aime pas chanter. Il a beau auditionner dans des cabarets, il est souvent refusé (malgré l'aide de son ami Jacques Grello : vous vous souvenez, l'homme aux lunettes rondes à la télé !)

    Michel nous raconte une anecdote amusante (que j'ai mal entendue) mais il me semble que Jacques Grello avait payé trop d'impôts au fisc et qu'il a acheté avec la somme qu'on lui avait rendue une guitare qui deviendra celle de Brassens.

    C'est aussi l'époque de cette chanson que j'entendais très souvent chez mes parents étant jeune et que j'adorais, Le bricoleur. C'était sur un vinyle de Patachou et je la trouvais vraiment très drôle. J'ai toujours le disque et le tourne-disque qui va avec ! Allez, je ne résiste pas à vous la faire écouter, comme Michel nous l'a lui-même fredonnée...

    Au fait, savez-vous pourquoi ce surnom de Patachou... ? Michel nous explique qu'elle avait ouvert une boulangerie et lui avait donné le nom de "Chez Patachou". Ce nom lui est resté.

    C'est vraiment elle qui a lancé Brassens en lui donnant l'occasion de se produire à l'issue de l'un de ses propres récitals en janvier 1952. Le premier soir, elle chante Brave Margot et Les Amoureux des bancs publics et propose à son public de rester à la fin du spectacle afin de découvrir l'auteur de ces chansons. Brassens monte alors sur la scène du cabaret et chante, entre autres, Le Gorille et Putain de toi, que Patachou estimait ne pas pouvoir interpréter elle-même.

    Encouragé par PatachouBrassens fait ses débuts professionnels sur la scène du Théâtre des Trois Baudets, avec Jacques Canetti qui l'engage pour trois ans et qui enregistre ses premiers disques 78 tours chez Polydor (dans lesquels il chante La mauvais réputationLe mauvais sujet repentiLe gorille et Le petit cheval). C'est à partir de ce moment que Brassens est véritablement lancé.

    Finis les doutes, les désillusions, les découragements, les incertitudes, l'inconfort, le lit-cage, l'eau gelée dans la cuvette, la lumière aux bougies, finies les années galères à la charge exclusive de Jeanne et de Marcel !

    Une autre femme qui a beaucoup compté dans la vie de Brassens : il s'agit de Joha Heiman, mieux connue sous le nom de Püppchenqu'il rencontre en 1947 et dont il partagera la vie pendant plus de trente ans.

    Elle lui inspire cette chanson : Je me suis fait tout petit devant une poupée

    Elle est d'ailleurs enterrée au cimetière de Sète aux côtés du poète même s'il n'a jamais voulu lui passer la bague au doigt, l'occasion tout de même d'écrire une chanson...

    La non demande en mariage

    Michel nous fait ensuite un petit résumé de la carrière de Brassens : j'ai pris quelques notes rapidement donc je ne suis pas sûre des dates...

    En 1953, il se produit aux Trois Baudets et à La Villa d'Este.

    En 1954, il triomphe à l'Olympia deux fois et fait Bobino quatre fois.

    En 1955, c'est à nouveau l'Olympia qui l'accueille.

    Entre 1954 et 1977, il se sera produit treize fois à Bobino !

    Je le verrai deux fois dans ce théâtre mythique.

    A propos des Trois Baudets : séduit par les chansons qui passent à la radio, l’écrivain René Fallet va l’écouter un soir dans cette salle de concert du XVIIIème arrondissement. Il en sort ravi et son enthousiasme le pousse à publier un article dithyrambique dans Le Canard enchaîné du 29 avril 1953 : "Allez, Georges Brassens !"

    "La voix de ce gars est une chose rare et qui perce les coassements de toutes ces grenouilles du disque et d’ailleurs. Une voix en forme de drapeau noir, de robe qui sèche au soleil, de coup de poing sur le képi, une voix qui va aux fraises, à la bagarre et... à la chasse aux papillons."

    Touché, Brassens lui écrit pour le remercier et lui demander de venir le voir aux "Trois Baudets". Leur rencontre sera le début d’une amitié qui durera le restant de leur vie.

    Michel en a presque terminé avec "Les maisons de Brassens".

    Il nous parle tout de même encore du moulin qu'il acheta à CrépièresLe Moulin de la Bonde, où il se rend très souvent pour réunir ses bandes de copains, la maison de Jeanne étant trop petite.

    Ses copains, ce sont : les copains de son enfance à Sète, Les copains du STO à Basdorf, et les copains du milieu de la chanson. Dans ce dernier cercle, il y aura Marcel Amont et Fred Mella (Les Compagnons de la Chanson).

    Georges Brassens a revendu ce moulin quand il a été question de construire, à côté, un lotissement. Et puis, il faut dire qu'il s'est fait souvent cambrioler...

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Ces cambriolages à répétition nous ont laissé une belle chanson...

    Stances à un cambrioleur

    La fin de notre promenade nous conduit dans le XVème arrondissement voisin, rue Santos-Dumont où Brassens habita dans les années 1970.

    La villa Santos-Dumont voisine de la rue du même nom possède beaucoup de charme. Il existe comme ça dans Paris, des havres de paix que l'on ne soupçonne pas toujours.

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Les maisons de Georges Brassens avec Michel Duffau

    La rue Santos-Dumont présente un alignement de petites maisons datant du début du XXème siècle. C'est dans deux de celles-ci, aux N° 42 et 46, que Brassens a vécu.

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Une dernière photo pour vous présenter la maison que Georges Brassens acheta en Bretagne : il s'agit de la Villa Flandry à Lézardrieux dans les Côtes d'Armor. L'artiste venait s'y reposer ou y trouver l'inspiration jusqu'à sa mort en octobre 1981. On en rêverait, non ?

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Merci à Michel Duffau d'avoir préparé cette sortie et de l'avoir animée.

    Pour ma part, je l'ai beaucoup appréciée.


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     Ce vendredi, les adhérents inscrits à l'atelier "Petites promenades dans Paris" d'Anne-Marie avaient rendez-vous au métro République pour faire une sortie "culture" sur le thème de l'enclos du Temple situé dans l'actuel 3e arrondissement de Paris près de la place de la République.

    C'est Michel Duffau qui l'avait proposée et qui l'encadrait.

    Pour cette fois, très peu de photos réelles à l'appui et pour cause : tout à été détruit entre 1811 et 1863, ces lieux étant trop emprunts de mauvais souvenirs comme vous le verrez un peu plus loin. Il nous reste donc (nous sommes une dizaine d'adhérents, que des femmes : ça vous étonne... ?) à écouter Michel nous parler de tous les événements qui se sont déroulés dans ce sanctuaire des Templiers.

    Ces lieux chargés d'histoire ont été transformés depuis le Second Empire en un square baptisé bien sûr, Square du Temple.

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    Nous profitons des bancs du square pour écouter la conférence.

    Sur les pas des Templiers : l'enclos du Temple avec Michel Duffau

    L'histoire des Templiers

    L'ordre des Templiers est fondé en 1118, après la première croisade, par Hugues de Payns et sept autres chevaliers pour escorter et accueillir les pèlerins en Terre Sainte : ce sont des moines-soldats appartenant à un Ordre où ils entrent en prononçant des vœux et en vivant selon une règle.

    Suite à la chute du royaume de Jérusalem en 1244, ils construisent des commanderies dans toute l'Europe et particulièrement en France. Le nom de Templiers vient peut-être de ce que le roi Baudouin II de Jérusalem leur avait offert une maison près des ruines du temple de Salomon ?

    Les commanderies (qui étaient de grosses fermes) recrutaient des chevaliers (l'ordre recruta ainsi quelques quinze mille hommes, bien plus que n'aurait pu en lever n'importe quel roi de la chrétienté), recueillaient des donations, les faisaient fructifier et payaient ainsi leurs déplacement en Terre Sainte (il fallait entretenir la flotte des bateaux). L'Ordre gère ainsi, en véritable banquier, les biens de l'Église et ceux des rois d'Occident (Philippe le Bel, Jean sans Terre, Henri III, Jaime Ier d'Aragon...), ce qui ne sera pas sans conséquence...

    Le manteau des chevaliers était toujours blanc en signe d’innocence ; la croix d’étoffe vermeille était le symbole du martyre.

    Un templier au combat en Terre Sainte (peinture murale de la chapelle de Cressac en Angoumois)

    Sur les traces des Templiers... : l'enclos du Temple avec Michel Duffau

    A Paris, les Templiers reçoivent en don du roi, en dehors des fortifications de Philippe Auguste, les terres qui constituent l’enclos du Temple (limité par les rues actuelles du Temple, de Bretagne, de Picardie et de Béranger), un vaste territoire de 6 hectares formé de champs et de marécages. Jusqu'à la Révolution, cet endroit était un lieu de franchise fiscale, lieu d'exemption aux règles des corporations et lieu d'asile pour les débiteurs insolvables. Encore quelque chose qui ne plait pas à tout le monde...

    Michel Duffau nous montre une gravure de l'enclos datant du milieu du XVe siècle où l'on voit des personnages en dehors de l'enceinte fortifiée mais à l'origine, au XIIe siècle, les remparts étaient entourés d'un profond fossé rempli d'eau. L’enclos était une véritable forteresse : les murailles étaient crénelées, hautes de huit mètres, défendues par des tours, soutenues par des contreforts.

    A gauche, le puits et la tour César qui protège l'église voisine Sainte-Marie du Temple, à droite le donjon de cinquante mètres de haut avec ses quatre tours et le palais du Grand Maître de l'Ordre.

    Cet enclos était si bien fortifié que les rois et les particuliers y mettaient leurs trésors en dépôt. C'est ainsi que l'enclos du Temple devint une véritable banque. Lors de leurs déplacements en Terre Sainte, les moines-soldats utilisaient des lettres de change plutôt que de risquer de se faire voler leur argent...

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13 

    J'ai trouvé sur le net ce petit film d'animation de la société GrEz Productions qui reconstitue avec beaucoup de minutie le Paris du Moyen-Age et en particulier l'enclos du Temple. On s'y croirait presque !

    La même société Grez Productions a aussi fait cette animation en 3D assez extraordinaire : les concepteurs ne se sont pas contentés de représenter veaux, vaches, cochons, couvées, mais ils ont même ajouté des bruits de fond ! Cliquez ICI pour découvrir l'animation et surtout n'hésitez pas à cliquer sur les quatre carrés en bas à gauche pour faire apparaître les différentes vues dans lesquelles vous pourrez vous promener (pensez aussi à utiliser le ZOOM).

    Ah, la technique moderne, c'est tout de même quelque chose !

    Les commanderies sont placées sous l'autorité du Pape Benoit XI. Le roi, à cette époque, est Philippe le Bel qui portait bien son nom si on en croit cette peinture.

    Sur les pas des Templiers : l'enclos du Temple avec Michel Duffau

    Ce roi étend beaucoup le domaine royal par de nombreuses conquêtes mais a aussi besoin d'argent. Il s'intéresse alors à l'Ordre du Temple auquel il demande des prêts. Toujours acceptés, rarement remboursés, la dette à rembourser est conséquente et les finances du royaume au plus bas...

    Une décision s'impose : Plus de Templiers, plus de dette !

    C'est alors que Guillaume de Nogaret, fidèle serviteur du roi, se rend en Italie en vue de destituer le pape avec lequel Philippe le Bel est en désaccord. La rencontre a lieu le 8 septembre 1303, à Anagni, au sud de Rome. Elle tourne mal. On parle d'un «attentat» contre la personne du pape, qui aurait été souffleté. Peu de temps après, le pape meurt et c'est Guillaume de Bordeaux qui lui succède sous le nom de Clément V.

    Le procès des Templiers

    Avec la complicité de Clément V, le 14 Septembre 1307, dans tout le royaume, les Templiers sont arrêtés, envoyés dans les geôles royales et torturés jusqu'à obtention de leurs aveux d'hérésie au sein de l'ordre.

    Clément V et Philippe le Bel au procès des Templiers par Maître de Boucicaut

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    Parmi les 140 Templiers de Paris, 54 sont brûlés vifs après avoir avoué, sous la torture, pratiquer la sodomie ou commis des crimes extravagants comme de cracher sur la croix ou de pratiquer des "baisers impudiques". Le pape prononce finalement la dissolution de l'ordre le 3 avril 1312.

    Après sept années de procès, la plupart des Templiers sont envoyés en prison ou finissent au bûcher. Le grand maître de l'ordre du Temple, Jacques de Molay, et son second Geoffroy de Charnay, précepteur de Normandie, sont mis à mort le soir du 19 Mars 1314 sur un bûcher double sur l'île aux Juifs à Paris disparue aujourd'hui mais située alors au niveau de l'actuel square du Vert-Galant à la pointe de l'Île de la Cité.

    Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay sur le bûcher
    (miniature du maître de Virgile provenant des Grandes Chroniques e France, vers 1380 (British Library)

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    Toutes les richesses reviennent de droit à la royauté, affaire conclue !

    Avant de mourir, Jacques de Molay prononcera ces mots qui permettront à Maurice Druon d'écrire son fameux livre "Les rois maudits" : "Pape Clément ! Roi Philippe ! Avant un an, je vous cite à comparaître devant le tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment. Maudits ! Maudits ! Soyez tous maudits jusqu’à la treizième génération de vos races!".

    On trouve aussi sur le net cette autre citation : "Pape Clément, roi Philippe, avant que l’année ne soit écoulée, je vous cite à comparaître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment ! Maudits ! Maudits !"

    A vous de choisir !

    Sa malédiction a-t-elle été entendue en haut lieu ? Toujours est-il qu'un mois plus tard le pape Clément V meurt à son tour (sans doute d'un cancer de l'intestin) et que Philippe le Bel fait une chute de cheval : le choc est d'une violence telle que le roi est dans l'impossibilité de parler (suite à un AVC sans doute). Il est rapatrié vers Fontainebleau ou il s'éteint quelques semaines plus tard, le 29 Novembre 1314.

    Avec l'affaire du Temple, la monarchie capétienne montre qu'elle entend suivre son intérêt politique et ne plus se comporter en vassale de l'Église.

    Si vous le désirez, vous pouvez écouter ce podcast d'Hérodote.net sur l'arrestation des templiers.

    L'affaire des brus

    Les trois femmes des fils de Philippe le Bel se voient accusées par sa fille Isabelle de France, reine consort d'Angleterre, de tromper leurs maris dans la Tour de Nesle... (Médiapart n'existait pas à cette époque mais la reine faisait le taf !)

    MargueriteJeanne et Blanche de Bourgogne, épouses des futurs rois Louis X le HutinPhilippe V le Long, et Charles IV le Bel, sont accusées d'adultère et comparaissent devant un tribunal spécial en avril 1314.

    Marguerite et Blanche sont enfermées à Château-Gaillard : la première mourra de mort violente en 1315, dans un cachot ouvert à tous les vents (on parle d’une pleurésie), ou vraisemblablement étranglée sur ordre de son mari. La seconde Blanche devra accepter l'annulation de son mariage et finira ses jours à l'abbaye de Maubuisson. Jeanne la femme du futur Philippe V, échappe à l'accusation d'adultère, elle est enfermée pendant un an dans la forteresse de Dourdan, puis elle est acquittée par manque de preuves.

    C'est ainsi que la branche des capétiens s'éteint et que ce sont les Valois qui reprennent le flambeau.

    Après la fin de l'Ordre des Templiers, que se passe-t-il ?

    Aux XIVe et XVe siècles, l'enclos du Temple ne change pas mais ses biens sont transférés aux Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem (actuellement Chevaliers de l'Ordre de Malte).

    Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les Templiers avaient beaucoup de terrains bâtis d'hôtels particuliers, des boutiques, des ateliers : on appelait cet endroit "La Couture du Temple". Il s'agit d'un micro quartier situé au nord-est du Marais.

    Il y avait alors ici toute une vie intellectuelle qui perdurera jusqu'à la Révolution. Le Prince de Conti, le Comte d'Artois (futur Charles X) logent ainsi dans le palais du Grand Prieur qui était propice aux grandes réceptions. On y vit passer La Fontaine, Bussy-Rabutin, Jean-Jacques Rousseau (menacé d'une lettre de cachet) et même Mozart qui, âgé de sept ans, vint jouer du clavecin lors de son premier séjour parisien en 1763 chez le Prince de Conti, grand amateur de musique.

    La scène a été immortalisée par un tableau de Michel Barthélémy Ollivier : ’’Thé à l'anglaise chez le prince de Conti’’, daté de 1766 et conservé au musée de Versailles.

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    Avant la Révolution, l'enclos du Temple bénéficiait de certains privilèges :

    Les aristocrates y habitaient car c’était un lieu paisible ; mais aussi des artisans qui, grâce aux franchises héritées des Templiers, pouvaient travailler sans se soumettre aux strictes règles des corporations ; et enfin les débiteurs insolvables car la police n’avait pas le droit de pénétrer à l’intérieur du Temple.

    Michel Duffau nous conduit ensuite devant la mairie du IIIe arrondissement située derrière le square du Temple. On aperçoit sur le sol les clous marquant l'emplacement de l'ancien donjon de l'enclos.

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    L'histoire de la famille royale pendant la Révolution

    Pendant la Révolution, Louis XVI et sa famille tentèrent de rejoindre le bastion royaliste de Montmédy à partir duquel le roi espérait lancer une contre-révolution, mais ils furent arrêtés en route à Varennes-en-Argonne dans la Meuse. Vous savez qu'il fut trahi par son effigie...

    Arrestation de Louis XVI à Varennes le 22 juin 1791
    (musée de la Révolution française à Vizille)

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    Le 13 août 1792la famille royale (Louis XVI, son épouse Marie-Antoinette d’Autriche-Lorraine, sa sœur, Madame Élisabeth, sa fille, Marie-Thérèse-Charlotte, dite Madame Royale, son fils Louis-Charles, dauphin de France), est conduite au TempleLà, des révolutionnaires leur servent un repas dans le palais du Grand Prieur (ancienne propriété du comte d'Artois). On appelle alors la famille de Louis XVI, les Capet, et on leur fait porter la cocarde.

    Afin de renforcer la sécurité au Temple, de longs travaux sont entrepris : on pose des guichets, de solides portes et des abat-jour aux fenêtres des tours pour qu’on ne puisse voir les prisonniers. Provisoirement la famille royale est logée dans la Petite Tour adossée à la Grande Tour. Cette petite tour servait depuis peu d'habitation à M. Jacques-Albert Barthélemy, ancien avocat archiviste de l'Ordre du Temple, détenteur de cette charge depuis 1774, que l'on pria de déménager illico presto !

    Dernier repas en famille de la famille royale

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    Le donjon comporte 4 niveaux :

    Au rez-de-chaussée se trouve le secrétariat révolutionnaire ; au premier étage, les gardes ; le roi et son fils occupent le second étage tandis que la reine, sa fille, la sœur du roi, Madame Elisabeth, et la princesse de Lamballe (rentrée d'Angleterre pour soutenir la reine, son amie) occupent le dernier étage.

    La princesse de Lamballe sera ensuite transférée à la prison de la Force avant d'être exécutée. Sa tête sera brandie au bout d'une perche devant la fenêtre de Marie-Antoinette qui s'évanouira.

    Le poète André Chénier subira le même sort.

    Pendant cette période d'enfermement, plusieurs portraits de la famille royale seront exécutés. Ainsi, celui de Marie-Antoinette en deuil après le décès de son mari, Louis XVI. Le peintre Alexandre Kucharski avait réussi à pénétrer dans la prison du Temple entre l’exécution de Louis XVI et le départ de la Reine à la conciergerie.

    Marie-Antoinette au Temple par Alexandre Kucharski (vers 1815) - Musée Carnavalet

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    Il y aura aussi celui de Louis XVI sur la terrasse du donjon du Temple.

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

     Louis XVI sera guillotiné le 21 janvier 1793 sur la place de la Révolution (actuelle place de la Concorde). Marie-Antoinette, transférée après le décès de son mari à la Conciergerie, sera décapitée le 16 octobre 1793 après un procès qui aura duré deux jours seulement. Madame Elisabeth, sœur du roi, sera exécutée le 9 mai 1794 et le dauphin mourra à la prison du Temple le 8 juin 1795 (probablement de tuberculose) à l'âge de 10 ans après presque trois ans de captivité.

    Madame Royale, qui n'a que 17 ans, reste la seule survivante de la famille royale. Elle reste quelques années prisonnière puis sera échangée contre des commissaires de la Convention détenus en Autriche. Elle ira s'installer en Suisse jusqu'à la Restauration.

    L'isolement total dans lequel a été placé Louis-Charles, le dauphin, laisse planer un certain mystère et donne l'occasion à l'imagination populaire de soulever l'hypothèse de substitution d'enfant et de son exfiltration mais aucun document ne peut appuyer cette hypothèse.

    A la Révolution, l’enclos du Temple est divisé en 92 lots. L’église est démolie en 1796. Le donjon du Temple, rappelant dangereusement la tragédie vécue par la famille royale, est abattu sur ordre de Napoléon 1er en 1811. Le palais du Grand Prieur est rasé en 1853 et la Rotonde en 1863 (remplacée par le Carreau du Temple).

    Le Carreau du Temple

    Voici comment se présentait l'enclos du Temple à la veille de la Révolution (maquette du musée Carnavalet). 

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    Partie intégrante de l’Enclos du Temple, la Rotonde (à droite sur la photo), construite en 1788 par l’architecte Pérard de Montreuil, bénéfice toujours des privilèges d'extraterritorialité accordés à l’enclos (exemption de taxes, etc). Les boutiques s’y louent à prix d’or. 

     La Ville de Paris fait aussi construire en 1809 un marché couvert entre la rue du Temple et la Rotonde, la "halle au vieux linge", édifié entièrement en charpente de bois, qui rencontrera un grand succès. Il est alors constitué de quatre carrés ayant chacun sa spécialité : ainsi "le Palais-Royal" se spécialise dans les tapis, soieries, rubans, gants, plumes et articles à la mode, "la Flore" dans le linge de maison, "le Pou-Volant" dans la ferraille et les friperies et "la Forêt-Noire" dans le cuir.

    Entre la "halle au vieux linge" et la Rotonde se trouvait un "carreau" des brocanteurs ou des chineurs (depuis le Moyen-Age, le "carreau" désigne un pavé plat de terre cuite servant à paver le sol pour éviter les inconvénients liés aux intempéries), terre-plein où fonctionnait une bourse du vêtement d’occasion, qui durera jusqu’à l’après-guerre, d'où l'expression "rester sur le carreau", donc en dehors des lieux importants. Il y a aussi sur le net d'autres explications pour cette expression populaire : laquelle est la bonne... ? Je ne sais pas. Le marché a aussi son propre vocabulaire, dont certains termes sont restés, comme "gonzesse" (cliente, à l’origine), "braise" ou "thune" pour l’argent.

    En 1863, la Rotonde et la "halle aux vieux linge" sont démolis : Napoléon III s'adresse en effet à l'architecte Jules Mérindol pour remplacer le marché de bois par une structure métallique constituée de six bâtiments, plus sûre face aux fréquents incendies. Sa façade monumentale s’ouvre sur la rue du Temple. Le marché, avec ses pavillons de métal, de verre et de briques, peut accueillir plus de 2000 places pour les vendeurs. En 1904, le Carreau e Carreau accueille la première foire de Paris.

    L'actuel Carreau du Temple ne comporte plus que deux bâtiments. Il a été classé en 1982 et est devenu un centre culturel, sportif et artistique.

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

     Cette vidéo tournée par des archéologues lors des travaux de rénovation de 2007 montre qu'il existe des restes de la Rotonde et du Palais du Grand Prieur sous le sol de la halle...

     Michel Duffau nous conduit ensuite au Marché des Enfants-Rouges situé à l'angle des rues de Bretagne et Charlot. Il s'agit du plus ancien marché parisien (il date de 1615) et tire son nom d'un ancien orphelinat et hôpital voisin dont les enfants étaient habillés en rouge (couleur de la charité chrétienne pendant des siècles). Malheureusement, il s'est mis à pleuvoir et nous ne pourrons pas beaucoup nous attarder.

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    Cette photo tirée d'internet montre bien l'ambiance familiale version "bobo" du lieu partagé entre les étals des marchands venant des quatre coins du monde et les petits restaus où on peut déjeuner sur le pouce.

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    La balade se termine au Jardin Madeleine de Scudéry situé tout près du petit marché au 1, rue des oiseaux (il est fermé à cette époque de l'année). 

    Il rend hommage à Madeleine de Scudéry (1607-1701), femme de lettres française. Orpheline dès l'âge de 6 ans, son oncle, ecclésiastique, lui donne une éducation exceptionnelle qui lui ouvre les portes du salon de l'Hôtel de Rambouillet. Elle y fréquente la plupart des célébrités de l'époque : Madame de La Fayette, Madame de Sévigné, La Rochefoucauld...

    Première femme à recevoir le prix de l'éloquence de l'Académie française, elle fut une des romancières du courant précieux du XVIIème siècle (dont Molière fit la satire dans sa pièce "Les précieuses ridicules") mais contribua ainsi à faire évoluer la langue française, influençant de grands noms de la littérature française comme La Fontaine et Molière.

    Mademoiselle de Scudéry avait un frère, George, également écrivain que Boileau railla dans des vers célèbres :

    "Bienheureux Scudéri, dont la fertile plume
    Peut tous les mois sans peine enfanter un volume !
    Tes écrits, il est vrai, sans art et languissants,
    Semblent être formés en dépit du bon sens ; [...]
    Et quand la rime enfin se trouve au bout des vers,
    Qu'importe que le reste y soit mis de travers !"

    Il faudra que je revienne voir ce petit jardin quand le figuier qui le décore donnera des fruits, l'occasion aussi de flâner dans le petit marché des Enfants-Rouges...

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    Merci beaucoup Michel pour nous avoir aidées à remonter le temps, et découvrir des époques qui ne nous font pas regretter celle dans laquelle nous avons la chance de vivre !

    Je crois pouvoir dire que nous étions toutes très satisfaites de ta prestation.


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