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Ce jeudi matin, j'ai rejoint une bonne vingtaine d'adhérents de Générations 13, pour aller découvrir tous ensemble, avant que l'endroit ne soit interdit d'accès ou son accès sévèrement réglementé, le Village des athlètes de Paris 2024 au nord de la capitale. C'est Françoise Feugeas qui organisait cette sortie dans le cadre de l'atelier Balades urbaines d'Anne Viala.
Après un long parcours en métro comprenant plusieurs changements, nous descendons à la station Carrefour Pleyel située sur la commune de Saint-Denis.
Avec Monick
Avec bibi fricotin
Mais pourquoi ce nom de Carrefour Pleyel me direz-vous ?
En fait, la route de la Révolte - ouverte à partir de 1750 depuis la porte Maillot pour permettre à Louis XV de se rendre directement de Versailles à Saint-Denis sans avoir à traverser Paris susceptible d'être en proie à des émeutes - change de nom en 1824 pour devenir le boulevard Anatole France en hommage à l'écrivain qui vient de décéder.
Et c'est en 1865 que la célèbre manufacture de pianos ouvre ses portes à cet emplacement, dans un vaste atelier de 50.000 m2.
Pour aller sur le site des pianos Pleyel, cliquez ICI.
La belle histoire des pianos Pleyel...
Entre 1969 et 1973, la tour Pleyel, haute de 37 étages (129 mètres), est édifiée juste à côté de la manufacture qui disparaitra en 2013.
On aperçoit la tour sur cette photo empruntée à Monick. Initialement constituée de bureaux, elle est en train d'être transformée en hôtels de trois et quatre étoiles (700 chambres) avec piscine panoramique et héliport dans les derniers étages de l'immeuble, tout ceci du fait des JO de Paris 2024.
Le complexe hôtelier en 2023, filmé par un drone
En direction de la Cité du Cinéma
Voici quelques uns des immeubles nouvellement construits pour accueillir les athlètes olympiques venus du monde entier.
Un peu plus loin, la nature a encore gardé ses droits (au fond, la tour Pleyel).
La Cité du Cinéma est abritée dans cette ancienne halle, autrefois centrale électrique ouverte en 1907 pour alimenter le réseau de transports en commun alors en plein développement. Inaugurée en septembre 2012, sous l'instigation de Luc Besson, la Cité du Cinéma est l'équivalent de Cinecittà à Rome. Elle compte 15 000 m2 de bureaux et neuf plateaux de tournage.
En juillet prochain, les 14 500 athlètes des Jeux 2024 viendront s'y restaurer car elle deviendra alors la cantine du village olympique de Saint-Denis.
Le premier film à y avoir été tourné est Les Schtroumpfs 2 en juillet 2012. Diverses expositions y ont aussi pris place depuis une dizaine d'années (Star Wars, Harry Potter, Jurassic World).
La Cité du Cinéma est aussi une école gratuite pour les 18-25 ans qui veulent se former en 2 ans aux métiers du cinéma.
Tout le long de notre parcours, nous voyons les ouvriers travailler, l'un s'occupant de l'éclairage des rues, les autres des câbles internet...
Va-t-on faire pousser de la vigne vierge en haut des immeubles comme les tonnelles le laissent supposer ? La réponse d'ici quelques mois...
De place en place, on trouve aussi des bâtiments modernes concernant "la vraie vie", celle qui existait avant les jeux et qui se poursuivra après, heureusement (il y aura alors 2800 logements pour 6000 habitants ainsi que des commerces et des bureaux).
Ainsi le Collège Dora Maar qui, je l'ai appris sur le net, sera même délocalisé une semaine en septembre pour laisser place aux Jeux Paralympiques qui accueilleront 9000 athlètes et leur staff.
Ici, une école d'ostéopathie : subira-t-elle le même sort ? Sans doute...
Il y a aussi par-ci par-là des immeubles de bureaux ultramodernes et plutôt jolis.
Puis, nous arrivons dans une partie un peu plus ancienne de Saint-Denis.
Cette boucherie fait même épicerie !
Il faut dire que pour l'instant les commerces sont un peu rares, je trouve.Continuant tout droit, nous rejoignons Saint-Ouen et son Grand Parc des Docks.
A l'entrée du parc, le château de Saint-Ouen dans lequel Louis XVIII signa la Déclaration dite de Saint-Ouen le 2 mai 1814 marquant le retour de la Restauration après l'abdication de Napoléon. Il y reconnaît, malgré le rétablissement de la monarchie, certaines libertés politiques et sociales, acquises sous la Révolution et pendant l'Empire. A l'heure actuelle, le Château de Saint-Ouen est Conservatoire de musique, danse et théâtre et espace d'exposition.
L'édifice (photo Monick) se présente sous la forme d'un pavillon carré à l'italienne sur trois niveaux. Chaque niveau est conçu différemment, avec de grandes fenêtres en plein cintre au rez-de-chaussée, rectangulaires au premier et carrées et plus petites au second. Un péristyle à colonnes doriques encadre l'entrée principale. Il est surmonté d'un entablement et d'un balcon à balustres du haut duquel, dit-on, la comtesse Zoé du Cayla admirait la Seine.
Le château de Saint-Ouen fut en effet érigé entre 1821 et 1823 par Louis XVIII pour Zoé Victoire Talon, comtesse du Cayla, sa dernière favorite. Un lien étroit unit ainsi le château, témoin de la vie privée du roi, et la Déclaration de Saint-Ouen, un des moments clefs de son accession au trône.
D'ici, je trouve qu'on a un peu l'impression de se trouver dans le parc Martin
Luther-King que nous avons visité récemment, également grâce à Françoise et Anne.La végétation y est savamment ordonnée pour simuler une pousse naturelle.
Idéale, cette grande chaise pour surplomber le paysage !
Le Grand Parc des Docks couvre une surface de 12 hectares : il est le poumon vert de Saint-Ouen.
Une centaine d'essences d'arbres (orme, poirier sauvage, cerisier, tilleul, bouleau...) ont été plantées dans le parc, lui permettant ainsi d'évoluer au rythme des saisons. Elles contribuent au développement de la biodiversité locale.
De larges allées cimentées permettent de circuler aisément.
La nature à repris ses droits ici pour le plaisir des riverains habitant les immeubles modernes surplombant le parc.
Le Grand Parc est au centre du système de gestion raisonnée des eaux pluviales de l’écoquartier.
La météo est avec nous aujourd'hui !
Le Grand Parc comprend aussi 5 000 m2 de jardins partagés (autrefois destinés aux ouvriers d'Alstom-Areva) qui ont été attribués depuis à une quinzaine d'associations et dont les jardins individuels, réservés aux audoniens (les habitants de Saint-Ouen) font en moyenne 8m².
Sentez-vous les bonnes odeurs de rose... ?
Une petite chouette photographiée par Monick
Pour jardiner, il faut du matos...
La Mairie de St Ouen a aussi voulu installer un poulailler dans le parc pour reconnecter les citoyens à la nature et lutter écologiquement contre les frelons dont la poule raffole.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Elles s'appellent Victorine, Majorette, ou Rosette (pour cette dernière, j'invente !)
Chemin faisant, nous avons rejoint la Serre Wangari. Celle-ci a pour mission de faire adhérer tous les citoyens à la transition vers une ville durable et écologique. Elle est aussi en charge de l’éducation à l’écologie des jeunes et des scolaires : des interventions sont ainsi déployées dans les écoles et l’équipe de la serre accueille des classes tout au long de l’année.
La Serre Wangari s’inscrit dans l’agenda Saint-Ouen 2030 et accompagne la mise en place des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.
Elle tire son nom de Wangari Muta Maathai (1940-2011) qui a été la fondatrice du Green Belt Movement, organisation pour la reforestation et l'accès à l'autonomie des agricultrices du Kenya et de toute l'Afrique. Pour son action militante et féministe, celle-ci a reçu le Prix Nobel de la Paix 2004.
Les tissus africains sont toujours superbes, non ?
Originales ces banquettes en ballots de paille...
A l'intérieur, des plantes semées par les jardiniers ou les enfants des écoles pour leurs projets... Ne pas toucher !
A l'intérieur de la serre, un coin bibliothèque généraliste en accès libre a été pensé.
Ce panneau explique que les jardiniers ont semé une prairie fleurie et pratiquent le fauchage tardif pour favoriser la présence des fleurs sauvages qui attirent insectes et oiseaux.
L'Etoile verte (la cheminée du centre d'incinération ici à droite) est mise en lumière le soir. Elle est la mémoire du Saint-Ouen ouvrier qui tend à disparaître aujourd'hui face à la ville nouvelle qui n'arrête pas de pousser comme un champignon...
Plusieurs espaces de jeux sont installés à destination des enfants et des jeunes.
En bordure du parc, un canal où nagent canards et cygnes. Communique-t-il avec la Seine, sa voisine, je n'ai pas trouvé.
Une très jolie clôture en béton perforé ceint le parc du côté de la rue des bateliers.
Allez, un dernier regard sur le parc où un héron a élu domicile.
Nous rejoignons ensuite La Communale, ce lieu festif et gourmand récemment ouvert dans les locaux de la halle de l'ancienne usine d'Alstom : "The Place to Be" si vous habitez Saint-Ouen, et même ailleurs !
Cet endroit, proche de la Seine, dans le quartier des Docks, est ouvert tous les jours sauf le lundi de 8h à minuit.
On peut y faire ses courses,
son marché...
ou même y déjeuner.
Certains d'entre nous y resteront justement pour casser la croûte mais je fais partie du petit groupe qui part avec Françoise rejoindre le métro.
Nous quittons donc ce lieu où je me suis promise de revenir.
Dans la rue, plusieurs structures de jeux font sans doute le bonheur des enfants.
On peut même y jouer aux dames ou aux échecs !
Après un rapide passage à travers La Nouvelle Manufacture Design de l'agence Saguez & Partners, autre grande halle désaffectée dont voici l'état ancien,
et l'état actuel...
Un paradis tropical, non ?
Ce lieu atypique est le nouvel espace de travail des 150 collaborateurs de l'agence.
Nous reprenons le métro, lignes 13 ou 14, à la station Mairie de Saint-Ouen.
Un énorme merci à Anne et à Françoise pour cette super balade architecturale qui a enchanté tout le monde, je pense pouvoir le dire.
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La Mairie du 13e s'est mise aux couleurs des JO de Paris 2024.
Avez-vous déjà remarqué que le logo de notre mairie porte un cœur en son centre... ?
L'Assemblée Générale de notre association s'est tenue le 25 avril dernier dans la Salle des Fêtes récemment rénovée.
Une petite centaine d'adhérents (sur les quelques 600 au total) avaient répondu "présent".
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
A l'entrée, on prend son bulletin de vote
auprès de Maria-Luisa, Jacqueline, Syrane, Christiane ou Christian.Le Bureau au complet :
Olivia Devienne, Vice-Présidente - Anita Tostivint, Présidente - Christiane Durieux, Secrétaire adjointe - Yvonne Jourd'hui, Secrétaire - Christian Lesrel, Trésorier adjoint - Myriam Wacheul, Trésorière
Devant la très belle tapisserie ornant le mur du fond, une projection, préparée par Christiane, affiche les différentes activités proposées aux adhérents.
Activités Créatives, Culturelles, Ludiques, Physiques, Bien-être et prévention, Groupe de parole, Langues vivantes, Nouvelles Technologies, Réflexions sur des sujets de société
Après que Myriam nous ait présenté le rapport financier, Anita, notre présidente depuis deux ans, nous présente le rapport moral, résumant les grandes lignes de l'année qui vient de se terminer.
Que s'est-il passé d'important en 2023 et sur quoi va-t-on insister ? Que va-t-on retenir de la marche du monde et de la vie de notre association ?
Pour ce qui est de la marche du monde, elle salue l'inscription à l'IVG dans la constitution.
Vous pouvez consulter ce rapport moral (ainsi que le rapport d'activité et le rapport financier) en vous rendant dans l'espace adhérents, à la rubrique Documents internes, onglet Assemblée Générale.
Pour ce qui est de la vie de notre association, Anita nous présente rappelle qu'en 2023 l'association comptait 621 adhérents (dont 11% d'hommes) dont la courbe des âges se répartit ainsi : si un maximum d'adhérents a entre 70 et 80 ans (26% de l'ensemble des adhérents), il y a des jeunes (de 47 à 60 ans) et des plus âgés (de 98 à 100 ans).
A l'issue de la réunion, les adhérents se sont retrouvés dans les locaux de l'association pour le pot de l'amitié, permettant aux uns et aux autres d'échanger.
Difficile de nommer certains sans nommer tout le monde...
Les deux présidentes (Jocelyne pour Générations Mouvement, Anita pour Générations 13) échangent.
Une belle initiative !
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Ce jeudi, une bonne vingtaine d'adhérentes et d'adhérents se sont retrouvés sur le quai de la ligne 5, certains fidèles aux "Balades urbaines" (c'est le nouveau nom de l'atelier d'Anne), d'autres qui y participaient pour la première fois. Vu le nombre important d'inscriptions, le groupe a été séparé en deux : je me suis trouvée dans celui guidé par Anne tandis que Marie-Do prenait en charge le reste des adhérents.
Après une bonne demi-heure de métro, nous arrivons à destination au métro Pyrénées, située dans le quartier de Belleville.
Au N°72 de la rue de Belleville voisine, une plaque, apparemment apposée en 1963 par Maurice Chevalier, indique : « Sur les marches de cette maison naquit le 19 décembre 1915 dans le plus grand dénuement Édith Piaf dont la voix, plus tard, devait bouleverser le monde. »
En réalité, son acte de naissance indique qu'Edith Piaf est née à l'hôpital Tenon, situé également dans le 20e arrondissement.
Des admirateurs ont décoré l'entrée de l'immeuble.
Allez, on se fait une petite chanson !
Sous le ciel de Paris
Depuis le parc de Belleville, on a une vue plongeante sur la capitale.
En direction de Notre-Dame-de-la-Croix
Sur l'esplanade, on reconnaît facilement les dessins de Street-Art de Seth qui a décoré l'abri faisant face au parc.
Dans l'autre groupe, c'est Marie-Do qui est aux commandes, ici de face : très sympas, ces photos de Monick !
Cet élégant portail en fer forgé indique Villa Ottoz.
En réalité, il s'agit là du seul souvenir demeurant de cet ensemble de petites maisons dont le rez-de-chaussée était occupé par des ateliers d'artistes tandis que l'étage était réservé à l'habitation. Inutile de dire que ces maisons avaient une vue imprenable sur Paris puisque ce lotissement a été détruit en 1976 pour y créer le parc de Belleville. Deux scènes du film culte Jules et Jim de François Truffaut ont été tournées à la villa Ottoz en 1961.
En réalité, ce portail constitue maintenant une des entrées du parc.
Ancien domaine royal sous les Mérovingiens, la colline de Belleville est, jusqu'au XVIIIe siècle, parsemée de fermes, de moulins à vent et de guinguettes. Au XIXe siècle, la création d'une importante carrière de gypse - servant à la fabrication du plâtre - y attire de nombreuses familles ouvrières. Ce parc abrite la Maison de l'air, lieu d'exposition et d'animation de la Ville de Paris, ainsi qu'un théâtre de plein-air. Anne nous dit aussi qu'il existe aussi dans le parc une petite vigne (pinot meunier et chardonnay). Des jeux pour les enfants y ont été conçus dans le sens de la prise de risque (modérée bien sûr).
Comme dans tous les parcs parisiens, celui-ci possède son kiosque.
Les "eaux closes végétalisées", généralement artificielles à Paris, sont des pièces d'eau stagnante ou très peu "circulantes" garnies de végétation aquatique. Elles peuvent accueillir des plantes aquatiques, flottantes ou enracinées comme le Nymphéa blanc, la Petite lentille d'eau ou encore l'Iris des marais et la Salicaire commune. Une grande diversité d'espèces animales utilise spécifiquement les eaux closes végétalisées comme, occasionnellement, les Grenouilles rousses et certains oiseaux, tandis que les Libellules y réalisent tout ou partie de leur cycle de vie.
Souvenir du groupe d'Anne devant les Orangers du Mexique en fleurs
Merci Jean-Michel !
Une autre entrée du parc : pour nous ce sera la sortie...
Cette devanture de café, un peu démodée, était autrefois occupée par le cabaret "Au pistolet". C'est là que Louis-Dominique Garthausen (dit encore Bourguignon, ou Petit ou Lamarre) plus communément appelé "Cartouche" (1663-1721) par francisation de son patronyme d'origine allemande, fut arrêté le 20 octobre 1721.
Cartouche défraya la chronique judiciaire sous la Régence de Philippe d'Orléans. Après avoir terrorisé Paris et sa banlieue pendant près de dix ans par ses vols et ses méfaits, il avait trouvé refuge dans ce cabaret louche proche de la barrière de Belleville. Surpris dans son sommeil (dénoncé par un comparse) par les sergents du Guet, il est jugé et condamné à mort : il fut roué vif en place de Grève le 28 novembre 1721.
Attaque en forêt
Sa vie inspira nombre de chansons, pièces de théâtre et récits qui connurent un réel succès populaire.
La complainte de Cartouche
Affiches sur Cartouche dont celle du célèbre film de notre jeunesse...
En continuant notre chemin,
nous croisons la rue de l'Elysée-Ménilmontant. A l'angle du restaurant Les Trois Marmites, une fresque de Jérôme Mesnager (peintre français né en 1961) rappelle la célèbre chanson de Piaf, "Il sentait bon le sable chaud, mon légionnaire".
La rue porte le nom d'un Bal public, L'Elysée-Ménilmontant, bien connu, sur l'emplacement duquel elle a été ouverte en 1897. C’était plus qu’un lieu où l’on apprenait et pratiquait la danse, les samedi, dimanche et lundi, mais aussi un lieu de détente et de divertissements « au bon air ».
Mais que ces "touristes" regardent-ils si haut ?
Evidemment, c'est l'église Notre-Dame-de-la-Croix de Ménilmontant, de style "Second Empire", un mélange de roman des XIe et XIIe siècles et de gothique. L'église est connue pour sa grande volée de marches située en façade mais Anne nous fait entrer par la place de Ménilmontant située côté sud.
Allez, on traverse pour aller la visiter !
La place de Ménilmontant est agréablement ombragée,
Ceci nous évite ainsi le désagrément d'avoir à les monter.
Ménilmontant a longtemps été un hameau de Belleville mais, la population augmentant au début du XIXe siècle, le besoin s'est fait sentir de construire une chapelle en bois qui, d'une contenance de 400 personnes, s'est vite trouvée trop petite. Elle a donc été détruite et on a construit à sa place - entre 1868 et 1872 - l'église actuelle qui fut ouverte au culte dès 1869.
Un tag bien à propos...
Comme beaucoup d'églises de Paris, elle abrita pendant la Commune un club révolutionnaire et c'est là aussi que fut votée la condamnation de Monseigneur Darboy, archevêque de Paris, le 6 mai 1871. Ce dernier fut fusillé avec les autres otages à la prison de la Roquette le 24 mai 1871 pendant la Semaine sanglante. On voit sur la pancarte des autocollants du "Ménil FC 1871", le club de foot local créé en 2014 dont le slogan est "Love football, hate fascism".
Le printemps est arrivé dirait-on ?
Avec ses 97 mètres de longueur, elle est la troisième plus grande église de Paris après Notre-Dame et Saint-Sulpice. L’église se singularise par une armature métallique : les arcs sont d’ailleurs laissés apparents dans la nef et le chœur, ce qui fait un beau contraste avec la voûte blanche du plafond.
L'orgue de tribune est un Cavallé-Coll et Muller de 1955.
Les lustres en cuivre m'ont tapé dans l'œil.
J'ai remarqué cette œuvre dans une chapelle latérale : il s'agit de Notre-Dame-de-la-Croix d'Albert Chanot (1881-1963)
Elle se compose de deux parties bien distinctes. Au premier plan, l'artiste a réalisé une Crucifixion. Marie se tient juste au-dessous du Christ, dans un regard triste et pensif. La seconde composition, à base de toile et de plâtre, s'intitule «L'Histoire de l'humanité souffrante et sauvée». Dans la partie haute du tableau, Adam et Ève sont chassés du paradis tandis qu'une vierge et martyre y est emmenée par un ange. Le bas du tableau représente l'humanité déposant sa misère au pied du Christ crucifié. La personne qui se traîne au pied de la croix, à gauche de la Vierge, et dont on ne voit pas le visage, est Marie-Madeleine reconnaissable à sa longue chevelure.
Jérôme Mesnager a été prolifique dans le 20e arrondissement. Sa signature est facile à reconnaître : il peint toujours des bonhommes blancs stylisés. Une marque de fabrique (appelée "l'Homme blanc") qu'il a reproduite à travers le monde entier, des murs de Paris à la muraille de Chine...
Jérôme Mesnager rend bien sûr ici hommage à Maurice Chevalier dont vous pouvez ci-dessous écouter la chanson.
Un arrêt devant cette grille sur laquelle est apposée une plaque rendant hommage aux morts lors de l'attaque des trains nazis du 23 août 1944 : à l'instigation du colonel Rol-Tanguy, les issues du tunnel de Ménilmontant sous lequel sont bloqués trois trains allemands sont sous le feu des FFI-FTP. Un parlementaire est envoyé pour tenter de convaincre les Allemands de se rendre, ce qu'ils feront après une vive fusillade qui fait cinq morts parmi les français.
La grille surmonte en effet les voies de chemin de fer de l'ancienne Petite Ceinture.
Façades de la rue de Ménilmontant
La rue des Cascades prend dans la rue de Ménilmontant. Elle doit son nom aux cascades - composées de trois regards - aménagées pour recueillir et filtrer les eaux des sources descendant de la colline de Belleville afin d'alimenter l'abbaye Saint-Martin.
"Sur l'échelle de l'ordre et du chaos, au milieu se trouve la danse." (J.B. Montel)
Une fresque Street-art de Christopher Lasme
Le regard de la Roquette au N°41 : 40 ouvrages parisiens permettaient ainsi d’accéder à un aqueduc souterrain construit au XVe siècle.
La fontaine des Mussardes est une création contemporaine inaugurée en 2018 au pied du Jardin des Petites-Rigoles. L’eau de son regard débouche ici sur la rue des Cascades à travers ce mascaron.
Pochoir de Njo 972
William Njo est un jeune pochoiriste et Street-artist qui peint (ou colle) majoritairement des portraits en noir et blanc. Son nom d'artiste est un surnom qui signifie "Ne Jamais Oublier". C'est son oncle qui a créé cette expression lors de l'apparition du groupe de musique NTM, et qui fait référence aux origines antillaises et à l'histoire des Antilles de sa famille. Il est basé à Paris après avoir vécu en Martinique jusqu'à ses 20 ans.
Simone Weil dessinée par L'empreinte Jo V, artiste autodidacte d'origine portugaise né en 1970. Sa signature est l’empreinte de son doigt, ce qui explique son nom d’artiste.
Non identifié mais joli, non ?
Le regard Saint-Martin aux N° 40-42
Tiens tiens, le groupe de Marie-Do !
Le fronton comporte une inscription latine datant du XVIIe siècle.
Celle-ci peut être traduite par : « Fontaine coulant d'habitude pour l'usage commun des religieux de Saint-Martin de Cluny et de leurs voisins les Templiers. Après avoir été trente ans négligée et pour ainsi dire méprisée, elle a été recherchée et revendiquée à frais communs et avec grand soin, depuis la source et les petits filets d'eau. Maintenant enfin, insistant avec force et avec l'animation que donne une telle entreprise, nous l'avons remise à neuf et ramenée plus qu'à sa première élégance et splendeur. Reprenant son ancienne destination, elle a recommencé à couler l'an du Seigneur 1633, non moins à notre honneur que pour notre commodité. Les mêmes travaux et dépenses ont été recommencés en commun, comme il est dit ci-dessus, l'an du Seigneur 1722 »
Anne nous emmène ensuite dans le Jardin des Petites-Rigoles (ouvert en 2019) qui est constitué de trois paliers. Sur celui-ci, médian, on peut voir de jolis mascarons et des bancs provenant, paraît-il, du Pont-Neuf.
Au fond, on peut y apercevoir un regard (photo internet) : c'est celui qui débouche sur le mascaron de la fontaine des Mussardes.
Nous avons maintenant rejoint la rue des Pyrénées.
Juste en face du magasin de peinture, La Palette, la Cité Leroy est une voie piétonne et un vrai havre de paix. Elle a été bâtie de petites maisons en 1869 et il faut savoir qu'elle n'a été rattachée au tout-à-l'égout qu'en 1970 suite à une pétition des riverains en raison des odeurs et de l'insalubrité autour de la fosse d'aisance.
Anne nous explique qu'une autre association de riverains, contemporaine cette fois-ci, se bat pour qu'elle perdure face à différents projets immobiliers. Heureusement, l'association est soutenue par la mairie d'arrondissement.
Il y a dans Paris pas mal de petits coins de campagne, il suffit de les connaître !
Au 22 rue de l'Est, cet ancien poste électrique EDF est devenu en 2012 l'église Notre-Dame-des-Coptes. La façade est composée d'un portique en pierre précédent le reste de l'édifice orné de ferronneries aux motifs de croix dissimulant le corps de bâtiment contemporain.
Derrière la grille, une fresque représente la Fuite en Egypte (photo Monick).
Selon l'évangile de Saint-Mathieu, suite à l'annonce de la naissance d'un nouveau roi à Bethléem, Hérode donne l'ordre de massacrer tous les nouveau-nés de la ville.
L'Ange du Seigneur apparaît alors en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte, et restes-y jusqu’à ce que je te le dise ; car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. »
Un peu plus loin, au 145 rue de Ménilmontant, nous traversons le Square des Saint-Simoniens : au XVIIIe siècle, s'y tient une belle propriété appartenant à Prosper Enfantin, propagateur des idées de Claude-Henri de Rouvroy de Saint-Simon.
Ce dernier, malgré un nom à rallonge - pour faire simple - prône des idées qui seront à l'origine du Socialisme.
La fontaine des Anonymes, sur la gauche, est l'œuvre de Marnix Raedecker, très inspiré par la civilisation chinoise : il est question ici d'infini et de yin et de yang...
Au sortir de la rue des Saint-Simoniens, nous empruntons la rue de la Duée (la "duée" est une ancienne appellation définissant une source jaillissante). Plus précisément, il pourrait s'agir d'une corruption du vieux français duère, qui désigne une conduite, en référence à celle des eaux de Belleville.
Jolie maison...
Les contrastes en architecture du XXe arrondissement en font son charme.
Au 28 rue du Borrégo (du nom d'une bataille franco-mexicaine en 1862), un immeuble datant sans doute de l'époque "hygiéniste" où l'on privilégiait les grands espaces collectifs aérés pour la santé et favorisant les relations sociales.
Sous le porche d'entrée deux très jolis peintures illustrent la vie au grand air.
Tout y est dessiné : les enfants qui jouent, les chiens qui se promènent et même les amoureux qui se bécotent !
Et effectivement, au centre des immeubles en U une immense cour.
Encore un mélange de styles dans cette partie de la rue
Qui dit colline de Belleville dit dénivelés, qui dit dénivelés dit sources, qui dit sources dit eau potable, et qui dit eau potable dit réservoir n'est-ce pas ?
Et bien justement, il existe un immense réservoir à Belleville, situé juste à côté du cimetière du même nom dans la rue du Télégraphe. Il a été mis en service en 1866 dans le cadre des grandes rénovations qu'a subies la capitale du temps du préfet Haussmann sous le Second Empire.
Nous ne le verrons pas car, comme on dit, ça décoiffait ce jour là et l'accès au cimetière était fermé...
Le XIIIe a ses tours Duo..., le XXe ses châteaux d'eau, construits en 1919. Cette entreprise est rendue nécessaire par les constructions nombreuses d'immeubles de plus en plus hauts dans le quartier entourant le réservoir. Il faut donc surélever les cuves d'eau afin d'approvisionner ces foyers.
Ils se dressent au point culminant de la capitale, à 128 mètres.
Pour le télégraphe de Claude Chappe, il faudra refaire la visite !
Un grand merci à Anne qui a préparé cette intéressante visite et à Marie-Do qui a conduit la promenade en parallèle.
2 commentaires -
Dans le cadre des "Marches de 6 km" qu'organise mon amie Anne à Générations 13, j'ai guidé une promenade dans le XVIIe arrondissement de Paris aboutissant au nouveau Tribunal de Paris où nous avons pu assister à une audience de la 23e chambre correctionnelle.
Le rendez-vous était donné au métro Place d'Italie. De là, nous avons rejoint la station de métro La Fourche, départ de la balade.
Depuis l'avenue de Clichy, nous enfilons la rue de la Condamine (de son prénom Charles Marie : explorateur et scientifique français du XVIIIe siècle) et passons devant quelques beaux immeubles en pierre de taille comme celui-ci aux N° 20-22 datant de 1901,
ou cet autre au N°43 de la rue Nollet qui croise la rue de la Condamine.
Un peu plus loin, la rue Truffaut (du nom du propriétaire de la rue) : au N°28, deux charmants pavillons datant de la première moitié du XIXe siècle encadrent une grille en fer forgé et permettent l'entrée à un petit hôtel particulier situé au fond de la cour. Ce fut, dit le net, la demeure des parents de Paul Verlaine entre 1857 et 1859.
Au N°20, une jolie grille en fer forgé à décor de feuillage
Nous empruntons ensuite la rue des Dames (ainsi nommée car elle conduisait autrefois à l'abbaye royale Notre-Dame de Montmartre, fondée au XIIe siècle par Louis VI).
Au N°43, un immeuble très élégant possède un beau balcon en fer forgé.
Dix numéros plus loin, au N°53, un bâtiment en briques et pierre appartient à Enedis. Il s'agit d'une ancienne usine électrique. En 1900, cette société d’éclairage était l’une des six qui alimentait la Capitale.
Tout en haut du bâtiment, un fronton néoclassique, décoré de panneaux de céramique brune, précise la date de construction : "Anno 1890".
Les trois premiers niveaux sont bâtis en pierre de taille, mais laissent apparaître une structure métallique.
Au sommet des pilastres, des éclairs sculptés symbolisent la puissance électrique.
La salle des machines était derrière, dans un grand hall de 57 mètres de long, invisible depuis la rue. Puis se trouvait une cheminée de près de 50 mètres de haut, et derrière encore, la salle des chaudières, en sous-sol. L’ensemble était conçu pour "assurer le service de 45.000 lampes à incandescence de 10 bougies", et alimenter les quartiers des Epinettes, de Batignolles, de la Plaine-Monceau, de l'Europe, du Roule, de la Madeleine, des Grandes-Carrières et de la Chaussée-d'Antin.
Nous avons maintenant rejoint l'avenue de Clichy où se trouve la Mairie du XVIIe. Une "pelle Starck" en raconte l'histoire.
Voici à quoi ressemblait l'ancienne mairie à son inauguration en 1849 en présence du futur Napoléon III. On l'appelait "Le biscuit de Savoie" à cause de son campanile.
L'ensemble de l'édifice fut détruit en 1952, le campanile menaçant de s'effondrer. Regardez la photo ci-dessous où le campanile s'envole comme un ange !
Une nouvelle mairie, ultra moderne, vit le jour en 1973.
Evidemment, ça change... mais il faut vivre avec son temps, non ?
La façade de ce bâtiment résolument moderne a été végétalisée grâce à l'adjonction d'immenses bacs à fleurs suspendus.
Nous avons visité l'intérieur sous le prétexte de toilettes (Anne prévoit toujours des pauses techniques dans les balades qu'elle propose) et nous avons eu raison car il y a là un superbe escalier, oeuvre de l'architecte d'intérieur Raphaël : des marches de marbres pour le côté classique, une rampe en bronze pour le côté novateur et une main-courante recouverte de cuir pour le confort.
Bien en évidence à l'entrée de la mairie, un panneau présente des photos de personnalités ayant habité le XVIIe arrondissement.
Pour en découvrir la liste, cliquez ICI.
J'ai pris ces deux photos, côte à côte d'Auguste Bartholdi, l'homme de la statue de la Liberté à New-York, et de Claudine Coster, actrice et épouse de Robert Manuel.
Petit souvenir de notre visite à la Mairie
Triste actualité...
Dans la rue Bridaine que nous avons rejointe (Jacques Bridaine était missionnaire au XVIIIe siècle à l'église Sainte-Marie-des-Batignolles), deux immeubles remarquables.
Au N°11, celui-ci avec ses bow-windows,
Au N°7, cet autre de style Art nouveau.
L‘arc de la fenêtre en fer à cheval du premier étage possède un décor sculpté, signé « Véraza », qui constitue l’élément le plus remarquable de cette façade.
Au bout de la rue, nous prenons la rue Lamandé (du nom d'un architecte français de la fin du XVIIIe siècle) où se trouve au N°15 l'Ecole polonaise. Celle-ci a été créée à Chatillon-sous-Bagneux en 1842. Le 3 avril 1843, fut donné un concert avec la participation de Frédéric Chopin ainsi que des artistes français parmi lesquels la célèbre actrice Rachel. L'argent ainsi récolté fut consacré aux besoins de l'école.
L'Ecole fut déplacée ici dans le quartier des Batignolles en 1844.
Les bâtiments de style Louis XIII en brique, pierre et ardoise, sont disposés autour d'une cour fermée par une grille - décorée de l'aigle polonais - encadrée par deux pavillons.
Elle fut fondée pour accueillir les enfants des immigrés polonais suite à l'échec de l'insurrection de 1830 contre le roi de Pologne Nicolas Ier, proche du tsar. Les étudiants et les enseignants de l'école polonaise participèrent plus tard à l’Insurrection de Janvier 1863 contre l'empire russe, à la guerre de 1870-1871 contre la Prusse et à la Commune de Paris. Ces événements ont été commémorés par une plaque placée sur le mur dans la cour de l'école.
Dans la cour, un buste de Séverin Gałęzowski (1801-1878), médecin-chirurgien et bienfaiteur de l'école, par Cyprien Godebski, sculpteur franco-polonais.
J'adore l'enfant, en bronze, qui écrit sur la stèle en polonais : A LA FRANCE HOSPITALIERE.
Cliquez ICI pour accéder à un document très détaillé sur l'Ecole polonaise.
Nous voici maintenant arrivés devant l'église du quartier, Sainte-Marie des Batignolles. La légende dit qu'un ouvrier aurait trouvé, lors des travaux de fondation, une statuette de la Vierge qui a disparu depuis. Plus sûrement, la Duchesse d’Angoulême avait souhaité que la dédicace de la nouvelle église soit faite à sa sainte patronne.
L'aspect actuel de l'église, qui est construite en ciment armé et est de style néo-classique, date du milieu du XIXe siècle. Elle a la forme d'un temple grec. Son fronton triangulaire est soutenu par quatre colonnes. C'est l'une des rares églises qui ne possède pas de clocher. Elle possède cependant une cloche - Etiennette - dans un petit campanile construit en 1857 à la suite d'un projet de construction de deux clochers qui ne verront pas le jour.
L'intérieur n'a rien d'extraordinaire.
On peut cependant y voir une Assomption de la Vierge de style rococo (artiste anonyme) éclairée par un puits de lumière naturelle.
Juste derrière l'église, l'entrée du square des Batignolles
A l'origine, un vaste terrain vague servait d'entrepôt aux matériaux de démolition. En 1835, il fut transformé en place publique, la place de la Promenade. Chaque année, le premier dimanche après le 15 août, la fête patronale du village réunissait les Batignollais. Durant quinze jours, forains, acrobates, clowns, théâtres ambulants boutiques et attractions les plus variées s'installaient ici.
Sous Napoléon III, la capitale se dote de nombreux parcs et jardins à l'image des squares anglais (l'Empereur avait ramené ce goût des jardins d'un voyage en Angleterre). C'est ainsi qu'en 1876 l'ingénieur Jean-Charles Alphand transforme la place en jardin.
Nous empruntons l'allée centrale du parc, l'allée Barbara, qui rend hommage à l'autrice, compositrice et interprète (1930-1997) qui habitait à proximité.
Le square est agrandi en 1894, et le buste de Léon Dierx, parnassien sacré "Prince des Poètes" en 1898, inauguré en 1930. Le Parnasse est un mouvement qui s'oppose au Romantisme. On connait peut-être mieux Leconte-de-l'Isle ou José-Maria de Hérédia, non ?
Le parc a été conçu comme un jardin à l'anglaise, légèrement vallonné, avec une grotte, une rivière, une cascade et un lac miniature. Au fond, le kiosque traditionnel des jardins haussmanniens.
Une végétation très exotique y fut plantée à la fois pour émerveiller les sens mais aussi pour montrer la puissance du Second Empire, capable de faire vivre des espèces venant de tous les horizons climatiques.
Tout comme au parc Montsouris, au parc Montceau ou aux Buttes-Chaumont, les espaces aquatiques sont enjambés par des petits ponts munis de rembardes en ciment aux dessins végétaux.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Coin-coin les Colverts !
L'étape suivante est la traversée du Parc Martin Luther-King voisin.
Le parc rend hommage au pasteur Martin Luther-King (1929-1968), prix Nobel de la Paix en 1964. Il lutta contre la discrimination raciale aux Etats-Unis où la ségrégation était alors légale. Prônant l'action non violente pour obtenir l'égalité des droits civiques, il marqua particulièrement les esprits avec son discours "I have a dream" le 28 août 1963 à Washington.
L'entrée n'est guère accueillante mais..., ne vous y fiez pas !
On aperçoit au loin et au centre de la photo, le nouveau Tribunal de Paris avec ses terrasses végétalisées.
Le parc est un terrain de jeux formidable pour les jeunes car il possède de nombreux équipements sportifs.
Le printemps montre le bout de son nez avec ce camélia en fleurs.
Il s'agit d'un quartier résolument moderne : le parc a ouvert en 2007 alors qu'aucun bâtiment n'était encore sorti de terre. Bâti sur une friche ferroviaire de 50 ha, le nouveau quartier de Clichy-Batignolles change rapidement de visage entre 2016 et 2020. On y compte actuellement quelque 7500 habitants.
Cliquez ICI pour voir le plan du parc et ses aménagements : vous verrez le petit bonhomme le parcourir !C'est grâce à notre amie Anne que nous avons fait cette belle balade.
Qui dit friche ferroviaire dit ballast : flore et faune adaptées sont réunies ici pour évoquer la mémoire du rail.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Sympas ces immeubles bardés de bois dans l'écoquartier...
Cet ancien bâtiment - qui sert actuellement de toilettes - est celui de l'ancienne forge : il était utilisé au XIXe siècle par les ouvriers de la SNCF comme le maréchal-ferrant etc.
La passerelle et la forge accueillent maintenant un restaurant "Le Hoba" mais celui-ci est fermé le jeudi.
Le HO, c’est ce belvédère avec une terrasse extérieure. Au menu de cette grande halle vitrée : un food court organisé autour de chefs·fes engagés·es à vous proposer une cuisine durable et un grand bar pour des rafraîchissements tout aussi frais et consciencieux.
En BA : cette ancienne forge du XIXe siècle vous accueille dans une ambiance plus intimiste autour d’une programmation riche qui ira au-delà de l’assiette et investira la cuisine ouverte et le forum d’échange. Et si vous voulez seulement vous rafraîchir, vous serez comme des coqs (et des poules) en pâte dans notre café central.
Nous arrivons au niveau de la pièce d'eau (alimentée par les eaux de la Seine décantée et filtrée par un système de plusieurs bassins successifs) qu'aucun chemin ne traverse.
Deux moyens pour la franchir : soit on prend la passerelle qui l'enjambe, soit les ascenseurs. C'est cette dernière solution que nous choisirons.
Vue sur le parc depuis la passerelle
Les voies de chemin de fer de la Petite Ceinture
On dirait bien que la pelouse est habitée...
En effet, des oies bernaches l'ont colonisée.
Chemin faisant nous arrivons à l'autre extrémité du parc où se trouve une sculpture représentant un grand livre. A l'occasion de sa visite d'Etat en 2014, Sa Majesté la Reine Elizabeth II a souhaité offrir un présent aux parisiens : il s'agit de l'Open Book, une création de Diane Maclean. "
Symbole de l'amitié entre nos deux nations, cette sculpture est "Un livre ouvert que nous écrivons ensemble".
A l'intérieur du livre, un miroir teinté
n
Et vu de dos, de jolis reflets apparaissent reflétant, si l'on regarde bien, l'image du Tribunal de Paris.
Nous voici sortis du parc au niveau du Boulevard Berthier : là, se trouvent trois bâtiments dont les architectures s'affrontent : au premier plan les réserves (décors et costumes) de l'Opéra de Paris et les Ateliers Berthier-Odéon, annexe du célèbre théâtre parisien (anciens entrepôts de décors de l'Opéra de Paris), et au second plan à droite le Tribunal de Paris, œuvre de l'italien Renzo Piano (l'architecte du Centre Pompidou)..
Un dernier regard sur le quartier Clichy-Batignolles
La traversée des maréchaux se fera sur ce pont.
Nous empruntons la rue du Bastion, longeant l'immeuble moderne du siège du Crédit Mutuel. Voyez-vous le tribunal se refléter dans la vitre... ?
Le N°36 de la rue du Bastion : un numéro qui n'a pas été donné au hasard : il s'agit bien sûr de la nouvelle Direction de la Police Judiciaire qui se situe désormais ici depuis son déménagement du N°36 Quai des Orfèvres en septembre 2017.
Evidemment, cela change de son ancien emplacement, sur l'île de la Cité !
Juste derrière, le Tribunal de Paris a été conçu par Renzo Piano et réalisé par Bouygues.
Nous passons devant la Maison des Avocats.
En bonne compagnie pour la pause du midi à la boulangerie du coin
Nous voici devant l'entrée du Tribunal composé de quatre blocs dont les terrasses sont arborées (mais fermées au public et même aux avocats : elles sont réservées aux magistrats, prestige oblige...) : il semble nous toiser du haut de ses 38 étages répartis sur une hauteur de 160 mètres.
L'intérieur du bâtiment, tout de verre vêtu, est un immense espace qui s'étend du sol au plafond sur les six étages desservis par des escaliers roulants. Anne a écrit sur la fiche qu'elle m'a donnée que ce palais de justice se devait d'être beau, spacieux, clair et rassurant pour les justiciables.
Un plafond de verre illumine l'ensemble.
A l'intérieur, des phrases extraites de la Déclaration universelle des droits de l'homme - 1948 (René Cassin)
L'article 9
L'article 1
Nous avons pris les escalators pour bien profiter de ce grand espace inondé de lumière.
Article 6 : "Toute personne a le droit à ce que sa cause soit entendue équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable."
Vue plongeante...
Françoise Feugeas, une fidèle des promenades d'Anne, a gentiment proposé d'organiser cet après-midi au tribunal pour nous permettre d'assister à une audience.
Françoise nous donne d'abord quelques informations sur le nouveau tribunal : il est l'œuvre de Renzo Piano (87 ans à ce jour), a été inauguré en 2019 et a coûté 2,4 milliards d'euros. L'état va devoir payer pendant 27 ans un loyer de 90 millions d'euros par an avant d'en devenir le propriétaire. 700 personnes (?) y travaillent et 4000 personnes s'y croisent chaque jour. Les boxes de garde à vue se trouvent dans les sous-sols : ils remplacent la "souricière" de l'ancien Palais de Justice de la Cité. Il est donc impossible de croiser les détenus dans les couloirs. Il s'y pratique des audiences civiles et pénales. Il y a ici 800 bureaux de magistrats et 1200 bureaux de greffiers...
Nous choisissons d'assister à une audience pénale dans la 23e chambre correctionnelle, celle des comparutions immédiates (petite délinquance).
Françoise nous montre un schéma de la configuration de la salle N°1.
Bien sûr tous les téléphones ont été éteints : la photo ci-dessous vient du net.
Voici la salle dans laquelle nous avons passé presque trois heures.
La session commence tous les jours autour de 13h30 et se termine après de longues heures de débats souvent tard, une fois que tous les dossiers ont été traités, parfois même après minuit, nous dit Françoise.
Le tribunal est composé aujourd'hui de jeunes femmes de moins de 30 ans : une Présidente et ses deux assesseures, une Procureure. Il y avait aussi une greffière qui parcourait la salle en apportant les dossiers concernés et une autre à l'ordinateur pour enregistrer les débats. Quant aux avocats, tous jeunes eux aussi, il y avait un seul homme mais au moins quatre femmes parmi ceux de la Défense tandis que la Partie Civile était assurée par un seul avocat (ce dernier n'a pas eu à intervenir dans la partie de l'audience à laquelle nous avons assisté).
Les prévenus qui sortent de garde à vue sont amenés dans le box vitré par des policiers et - cela m'a frappée - ils se tiennent les mains dans le dos même s'ils ne sont pas menottés.
Quant au public, il s'assoit sur les bancs qui, je vous l'assure, font mal aux fesses après plusieurs heures !
Nous avons vu défiler quant à nous pas mal de prévenus, tous très jeunes (entre 18 et 25 ans), presque tous impliqués dans ce qu'on appelle "les produits" (le cannabis, la cocaïne, l'héroïne et la méthamphétamine), avec parfois un profil psychiatrique, souvent élevés par une mère seule.
Le cas des deux cousins, eux aussi mêlés à un trafic de drogue, et qui sont solidaires entre eux, m'a particulièrement touchée.
La Présidente et la Procureure avaient l'air chevronnées, en tout cas pas tendres. Nous n'avons pas eu le courage d'attendre les délibérations ce qui fait qu'on est restés un peu sur notre faim...
Merci à Anne et à Françoise pour cette journée fort intéressante.
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Si vous voulez, vous pouvez lire ci-dessous l'article de Emile Benech, journaliste à Ouest-France : il vous donnera une idée de ce qu'est une comparution immédiate et de ce à quoi nous avons assisté.
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La comparution immédiate est une procédure rapide et de plus en plus utilisée, créée pour désengorger la justice française, en difficulté. À la 23ème chambre, on voit donc passer beaucoup de monde, d’horizons parfois différents, mais souvent ancrés dans la même précarité.
A 13h30, l’audience doit commencer. L’huissier coordonne les derniers préparatifs avec habilité. Il jongle entre ses dossiers, afin de savoir quel prévenu faire entrer en premier, sachant que tel avocat manque à l’appel, que tel dossier est introuvable, ou que tel prévenu n’a pas encore effectué son enquête de personnalité. Il se passe encore 30 minutes d’attente avant que le tribunal entre. Le tribunal, c’est trois juges : un président, dans le cas présent une présidente, et deux assesseurs. Lorsque ces derniers arrivent, l’huissier lance un tonitruant « Levez-vous, le tribunal ! » Le tribunal s’installe, la salle s’assied. La présidente explique brièvement la séance d’aujourd’hui. Elle sera chargée, puisqu’il s’agit d’entendre quinze prévenus en cinq heures. Vingt minutes seraient donc allouées par prévenu en moyenne.
Le palais a beau avoir changé, s’être agrandi, être plus moderne, son principe reste inchangé. Dans la salle d’audience 2.05 du tribunal de grande instance de Paris (TGI) séjourne la 23ème chambre correctionnelle. Celle des comparutions immédiates, la procédure la plus rapide du système correctionnel français. Elle consiste à faire juger un prévenu directement après sa garde à vue, sur décision du procureur. Le délit, puisque la 23ème chambre ne s’occupe ni des crimes ni des contraventions, doit être puni d’au moins 2 ans de prison, ou six mois s’il s’agit d’un flagrant délit. Ces audiences, se passant autrefois sur l’île de la Cité, dans le palais de justice historique, ont déménagé et se déroulent aujourd’hui dans la super structure judiciaire finie l’année dernière. Cette dernière, haute de 160 mètres, trois fois plus grande que le palais de justice, doit représenter la justice de demain. L’effet visuel est assuré par les grands espaces et la blancheur du palais, où les boiseries et les plafonniers ont laissé place aux escalators et aux grands espaces aseptisés. Entrer dans la salle 2.05, c’est aussi voir la modernisation de l’architecture judiciaire. L’espace est resserré, le tribunal a quitté sa posture dominatrice, et a été- un peu- abaissé. Les prévenus paraissent dans un box vitré, mais, à la suite d’un mouvement des avocats, ouvert. Pour que la défense puisse s’adresser à ses clients sans barrière. L’un des avocats commis d’office s’en réjouit brièvement, un gain « d’humanité » selon lui. La procureure, en face de lui, semble grincer des dents.
La salle d’audience 2.05 du TGI de Paris : la vitre qui le clôture a été retirée suite à un mouvement de grève des avocats.
Lorsqu’on assiste à une audience d’une chambre correctionnelle comme la chambre des comparutions immédiates, on s’attend à avoir en face de nous des délinquants, des vrais. Et il y en a. Mr Bouazar (Tous les noms ont été changés) semble en faire partie, d’ailleurs. Il est soupçonné de violence sur quatre policiers dans l’exercice de leurs fonctions. Il aurait agressé ces policiers, puis, enfin maitrisé, les aurait menacés de mort en criant : « je suis Daech ». A l’audience, Mr. Bouazar est agité, il demande la parole, puis ne la souhaite plus. Son avocate lève les yeux, et demande contre l’avis du prévenu une expertise psychiatrique. Celle-ci sera retenue, avec un renvoi afin de permettre aux présumées victimes d’assister à la comparution. Sur les onze prévenus de cette audience, seuls trois étaient pourtant soupçonnés de délits violents.
Durant les coupures, brèves mais récurrentes, Me Richman, avocat pénaliste, raconte. Lui, qui a un cabinet qui marche plutôt bien, continue à venir pour s’occuper de commissions d’office parce qu’il juge ça nécessaire. Il a « de la bouteille », et s’en sert ici. Plus jeune, il n’arrivait pas forcément à trouver de bonne stratégie de défense pour ses clients. Aujourd’hui, il pense que son travail est plus d’apprendre à son client à dire la vérité.
Idir, lui, a 19 ans. La police l’arrête dans une voiture le voyant pianoter sur un téléphone portable. Le jeune homme a l’air tendu, s’en suit une fouille, et l’on découvre sur lui 15 grammes de cocaïne. Il explique avoir été forcé de ramener la drogue d’un point à un autre après avoir commis une erreur. A-t-il le profil d’un dealer ? Pas vraiment, selon l’avis- fait assez rare pour être énoncé- et du procureur et de la défense. Il vit chez ses parents, bien intégré, a un casier vierge et suit un BTS d’informatique à l’université Paris 2. Mais cela ne suffira pas à convaincre le tribunal. Après délibération, le verdict tombe, Idir purgera une peine d’un an de prison.
On fait surtout face, lors de cette audience, à une précarité installée. Nombre de ceux qui vont être entendus aujourd’hui sont sans domicile fixe. Le premier, c’est Kristian. Ce polonais de 23 ans, qui a besoin d’un interprète, est ici pour le vol d’un fût de bière au Carrefour et pour avoir, sous l’effet de l’alcool tenté d’allumer un feu dans sa cellule. Kristian a du mal à s’exprimer, mais il explique avoir des problèmes psychologiques suite à ses dernières années passées dans la rue. Il a essayé de se jeter d’un pont l’année dernière. Après délibération, le tribunal décidera d’une peine de 8 mois de prison.
Au fur et à mesure des auditions, on sent des tensions s’installer. Le manque de temps, puisque les dossiers s’enchainent, mais pas assez vite, et que l’audience prend beaucoup de retard. L’émotion des auditeurs, qui parfois apparentés aux prévenus, et qui lâchent des exclamations ou des pleurs lors des rendus de délibérés. La sévérité du parquet, aussi, qui demande exclusivement des peines de prisons fermes avec mandat de dépôt immédiat, ce qui agace les avocats des prévenus. Ces derniers ne font rien pour s’en cacher, et les échanges avec la procureure vibrent de plus en plus. Le tout rend l’ambiance chargée, électrique.
D’autres prévenus ayant des problèmes financiers sont présents. Ici, nous avons Mr. Zoubir et Mr. Amrani. Le premier, 70 ans et le second, 57, sont soupçonnés d’avoir cambriolé 4 hôtels entre le 4 et le 24 décembre. Mr Zoubir, cheveux blancs, chemise noir et pull kaki explique qu’il touche 460 euros par mois. Ce sont ses enfants qui l’aident à finir le mois. Il croise alors le regard de sa fille, présente dans la salle, et les deux éclatent en sanglot. Mr Amrani prend la parole à la fin de son audience. Sa voix est tremblante, son avocate dit à voix basse ne pas comprendre comment la présidente de la séance peut le mettre dans cet état. Il exprime ses regrets et sa honte. Verdict : 1an d’emprisonnement ferme.
Graphique rassemblant les grands chiffres des comparutions immédiates, réalisé par L'Observatoire International des Prisons
Il est maintenant vingt heures, l’audience, a pris une heure et demi de retard. La salle s’est progressivement vidée, il ne reste guère que cinq six personnes dans les bancs des auditeurs libres, diminuant par extension la tension. Mais la fatigue, elle, se ressent. Et pour la procureure, qui n’a que peu de repos, et pour les avocats, qui alternent à tour de rôle leur présence. Et, bien sûr, pour le tribunal, qui appelle, qui interroge, et qui, au final, juge.
Christophe et Samir, tous deux sans domicile fixe, ont essayé de dérober le portefeuille d’un septuagénaire. Ça n’était pas leur première fois. L’un est présent sur le territoire de manière illégale. Tous deux, s’ils gardent une posture droite, ont la voix tremblante. Ils reconnaissent les faits, et prennent respectivement 1an d’emprisonnement ferme.
Si l’on fait le bilan de cette journée : des quinze prévenus initiaux, quatre ont demandé, et obtenu, un report de leur audience. Les onze autres seront entendus. Trois d’entre eux avec une caractérisation de violence, un pour trafic de stupéfiants, les sept autres pour vol. cinq étaient sans domicile fixe. Tous, sauf le prévenu inculpé pour trafic de stupéfiants, étaient dans un état de précarité, c’est-à-dire, selon la définition du Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans « l’absence d’une ou plusieurs des sécurités permettant aux personnes et aux familles d’assumer leurs responsabilités élémentaires et de jouir de leurs droits fondamentaux. ». Ils vivaient tous (à l’exclusion du prévenu spécifié précédemment) sous le seuil de pauvreté. Ils ont tous été jugés coupables, et ont tous été condamnés à une peine de prison ferme.
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Ce mardi après-midi, la pluie s'est invitée à la balade que nous proposait Michel Duffau dans le cadre des "Petites promenades dans Paris" de Générations 13.
Nous sommes une dizaine à nous être inscrits à cette visite de l'intérieur de trois églises parisiennes situées au centre de la capitale dans le quartier latin : Saint-Séverin, Saint-Julien-le-Pauvre et Saint-Etienne-du-Mont.
Michel nous a donné rendez-vous à la station Cluny-La Sorbonne. Il nous emmène tout d'abord rue de la Huchette qui tire son nom d'une enseigne attestée de la fin du XIIIe siècle "La Huchette d'or".
Connaissez-vous la chanson d'Yves Simon intitulée "Rue de la Huchette" ? Elle date de 1973 et rend bien l'ambiance qui régnait dans ce lieu autrefois...
Dans le rue de la Huchette, deux hauts lieux de la vie nocturne parisienne :
► Le théâtre de la Huchette a été créé en 1948 : c'est ici que depuis plus de 65 ans deux pièces d'Eugène Ionesco, "La Leçon" et "La Cantatrice chauve", sont jouées chaque soir, comptant à ce jour plus de 20 000 représentations, une longévité unique dans l'histoire mondiale du théâtre. Ces deux pièces détiennent le record du monde du spectacle joué sans interruption dans un même lieu.
► Le Caveau de la Huchette, créé également en 1948, est un club de Jazz installé dans une cave dans lequel tous les grands musiciens du genre se sont produits : Lionel Hampton, Count Basie, Art Blakey, Memphis Slim, Bill Colleman, Rhoda Scott, Claude Luter, Claude Bolling etc.
Une photo que j'ai empruntée à Monick...
Au N°14 de ladite rue, à l’angle de la rue du Chat-qui-Pêche, un médaillon plaqué sur la façade est orné d’un Y, rébus pour "lies-grègues", lacets de fixation entre culottes et hauts-de-chausse vendus par les merciers.
Autrefois, on appelait en effet les hauts-de-chausses (vêtement masculin qui allait de la ceinture aux genoux) des "grègues" ou "grèques", à cause de la ressemblance avec les courtes et larges culottes des Grecs. Le nœud de ruban vendu par les merciers pour l’attacher au pourpoint (vêtement masculin du haut du corps porté par les hommes au Moyen-Age), se nommait lie-grèques, d'où le jeu de mots, un peu tiré par les cheveux, mais qui fonctionne !
Si les enseignes et leur signification vous intéressent, vous pouvez cliquer ICI pour lire l'article très intéressant fait par Danièle Sallenave de l'Académie française sur le sujet.
Nous rejoignons ensuite l'église Saint-Séverin dont nous visiterons l'intérieur assez rapidement, le but de Michel étant surtout de nous emmener voir l'ancien cimetière attenant. L'église Saint-Séverin présente en effet la particularité, exceptionnelle à Paris, d'avoir conservé quasiment intact l'emplacement de son cimetière et de son charnier.
L'église tire son nom de l'ermite Séverin qui, au VIe siècle, avait l'habitude de prier dans un petit oratoire rudimentaire. Après sa mort, une basilique (d'abord une chapelle) est érigée sur les lieux.
Détruite par les Vikings lors du siège de Paris (885-887), l'église est reconstruite au XIIIe siècle en ce qui concerne le clocher et les trois premières travées de la nef et dans la seconde moitié du XVe siècle pour le reste (photo ci-dessous).
Par chance, la Révolution ne l'endommagera pas.
Michel nous montre, au niveau des chapelles latérales, les vitraux contemporains de Jean Bazaine (1904-2001) posés en 1970, une commande du curé de la paroisse, qui représentent les sept sacrements. Pour info, la voûte de la station de métro Cluny-La Sorbonne a également été décorée par Jean Bazaine (il s'agit alors de mosaïques).
L'église est réputée pour son chœur entouré de la forêt de colonnes du double déambulatoire (XVe siècle). Au centre, une superbe colonne torsadée éclairée par une lumière artificielle. En arrière-plan, les vitraux de Jean Bazaine illuminent le déambulatoire.
On parle ici parfois de la "palmeraie" de Saint-Séverin.
Michel nous emmène ensuite voir le jardin adjacent situé au sud de l'église entre les rues Saint-Jacques, de la Parcheminerie et des Prêtres-Saint-Séverin.
Construites à la fin du XIVe siècle, trois galeries voutées d’ogives entouraient le cimetière à la manière d’un cloître. Au centre étaient des fosses communes où l'on enterrait les petites gens. Les galeries voûtées d'ogives ceinturant cet espace étaient réservées aux plus aisés. Vers 1763, environ 250 personnes étaient inhumées chaque année dans le cimetière.
Jusqu'au début du XXe siècle, les galeries étaient surmontées de deux étages de logements réservés aux prêtres (ici, une photo prise en 1907).
Nous rejoignons ensuite l'église Saint-Julien-le-Pauvre voisine dans laquelle nous trouvons un abri contre la pluie qui ne cesse de tomber...
Tout comme Saint-Séverin, elle ne possède pas de transept. Il s'agit en fait d'une église de confession orthodoxe dans laquelle les fidèles sont séparés du clergé par une iconostase. L'iconostase est une cloison porteuse d'icônes héritière de la balustrade en bois ou en pierre qui, dès le IVe siècle au moins, séparait le sanctuaire de la nef. Elle est ici éclairée par des lampes.
Deux portes donnent accès au prêtre qui officie derrière.
Les icônes sont un symbole que l’on vénère - et non des idoles - à l’inverse de l’adoration qui est due à Dieu seul.
A gauche de l'iconostase, une icône représente Saint-Julien-l'Hospitalier, Patron des bateliers, des voyageurs et des aubergistes.
D'après sa légende que je simplifie ici, Julien était un noble chasseur à qui un cerf aurait prédit qu'il tuerait ses père et mère. Après avoir fui son pays pour éviter ce crime, il les aurait tués par erreur ; en expiation, il aurait fondé un hôpital dans un lieu retiré où il se fit passeur (d'où le sens de cette icône).
De l'autre côté, une icône représente une Vierge à l'Enfant.
Un joli chapiteau sculpté
A la sortie de l'église, un objet en cuivre très élégant sert à conserver le pain bénit que les fidèles emportent chez eux à la table du foyer familial, un rite perdu dans la religion catholique mais qui perdure ici.
L'église était assez sombre, je n'ai pas vraiment distingué son cabochon mais il est très fin.
A la sortie, un peu de soleil enfin !
Michel nous montre différentes photos d'iconostases en France et dans le monde. Sur cette page, la cathédrale russe orthodoxe de Nice.
Une merveille d'architecture édifiée par le tsar Alexandre II en souvenir de l'endroit, proche, où son fils le tsarévitch Nicolas mourut d'une méningite.
En voici l'iconostase
Paris et sa banlieue possèdent, outre Saint-Julien-le-Pauvre, de nombreuses églises orthodoxes. La Cathédrale Alexandre Nevsky, située rue Daru, en est une : en voici l'iconostase.
Il y a aussi la récente Cathédrale de la Sainte-Trinité, voisinant la tour Eiffel, aux bulbes dorés, une commande de Bertrand Delanoë alors maire de Paris, édifiée par l'architecte Jean-Michel Wilmotte dont voici l'iconostase.
J'aime beaucoup celle de l'église orthodoxe russe Saint-Nicolas de Toulouse.
J'arrête là avec les églises orthodoxes qui sont également pléthore de par le monde, en Russie, en Roumanie, en Bulgarie, en Grèce, en Albanie, en Turquie, en Pologne...
Non loin de là, rue Galande, le club de jazz "Aux Trois Mailletz" est installé dans des caves médiévales authentiques du XIIIe siècle. Il a accueilli lui aussi tous les grands du Jazz. Le club des Trois Mailletz a aussi permis à des chanteurs et des poètes de se produire alors qu'on les refusait ailleurs. Ainsi, Léo Ferré, Catherine Sauvage, Jean-Roger Caussimon, Nina Simone y ont-ils donné plusieurs spectacles. Il a aussi vu les débuts de Zaz et de Dany brillant.
Très élégant ce portail : Michel nous dit que Claude Nougaro a habité ici les cinq dernières années de sa vie en compagnie de son épouse, Hélène Nougaro.
Nous voici arrivés en vue de Notre-Dame dont les échafaudages de la flèche viennent d'être retirés partiellement (300 tonnes tout de même...).
Au premier plan, dans le square Viviani, le plus vieil arbre de Paris, un robinier faux-acacia, est désormais muni d'une béquille en béton : il faut dire que, envoyé sous la forme d’une graine depuis l’Amérique (région des Appalaches - sud des Etats-Unis) à Jean Robin (1550-1629), herboriste d’Henri IV, il réside à ce jour à Paris depuis quelque 423 ans !
Son nom latin est "Robinia" : il a été adopté par Linné, un herboriste du XVIIe siècle en hommage à Jean Robin qui l'avait planté en 1601.
Le printemps pointe le bout de son nez au square Viviani (homme d'état français ayant signé l'ordre de mobilisation générale le 1er août 1914).
Au centre, une fontaine de bronze moderne du sculpteur Georges Jeanclos (1995) remplace maintenant l'ancienne fontaine Wallace. J'avoue que je ne l'avais jamais remarquée et pourtant elle ne manque pas d'originalité. Le sculpteur, d'origine juive, a été marqué par le passé de sa famille pendant la deuxième guerre. Il sculpte ici des enfants se prenant dans les bras, comme acte d'amour en réaction à l'holocauste.
Un dernier regard vers Notre-Dame
Il y a la queue devant la librairie "Shakespeare and Company" située rue de la Bûcherie : elle porte ce nom depuis 1964, date du 400e anniversaire de William Shakespeare, même si elle a été créée bien avant la guerre et sert à la fois de librairie et de bibliothèque spécialisée dans la littérature anglophone. Depuis 2015, un café y a été adjoint avec une vue imprenable sur Notre-Dame : ce dernier sert principalement des plats végétariens, avec des options vegan et sans-gluten.
La librairie est également devenue un asile pour les écrivains-voyageurs qui souhaitent y rester quelques nuits. En contrepartie, il leur faut respecter certaines conditions comme lire un livre par jour, aider deux heures à la boutique, et rédiger une page autobiographique en y joignant une photographie.
Nous remontons ensuite la rue des Carmes jusqu'au Panthéon. Michel nous signale au passage au N°8 un magasin de magie "Mayette Magie Moderne". J'ai cru comprendre que comme Obélix il était tombé dedans quand il était petit...
Un peu plus loin, nous passons devant l'église Saint-Ephrem-le-Syriaque, dont le portail est copié sur celui de l'église romaine Saint-André du Quirinal à Rome (une œuvre du Bernin).
Nous voici arrivés sur la place dominant la montagne Sainte-Geneviève. Devant nous l'église Saint-Etienne-du-Mont et la tour Clovis, dernier vestige de l'ancienne abbaye Sainte-Geneviève.
Une rue a en effet été percée au XIXe siècle entraînant la démolition de l'abbaye (qui tombait plus ou moins en ruines) et la tour Clovis fait maintenant partie intégrante du Lycée Henri IV. Remplaçant un édifice du XIIIe siècle, elle est construite à partir de la fin du XVe siècle, et sert de paroisse aux habitants du quartier. Après avoir été brièvement transformée en temple de la Piété filiale sous la Révolution, elle est rendue à ses fonctions d'église paroissiale en 1801 et n'a pas changé d'affectation depuis.
A l'intérieur, nous sommes éblouis par la magnificence du lieu, le regard se portant tout naturellement vers le chœur où subsiste un magnifique Jubé (1530-1540). Un jubé est une clôture séparant la nef du choeur, un peu comme le fait l'iconostase dans les églises orthodoxes.
Il s'agit du seul jubé subsistant dans les églises de Paris : il conjugue une structure gothique avec une ornementation Renaissance.
Il faillit bien être détruit car le Concile de Trente (1542-1563) eut à cœur de faire disparaître cette barrière pour réunir la communauté lors des offices mais l'unanimité n'était pas faite, d'autant plus qu'une perte substantielle de revenus était à craindre. En effet, des particuliers louaient des emplacements sur la tribune du jubé, ce qui rapportait 60 à 80 livres par an à la fabrique de l'église.
Michel nous signale que le jubé de Notre-Dame a été détruit au cours des siècles (en 1548-1550 et en 1789) pour être remplacé, à la demande de Louis XIV par une grille en fer forgé. Lors des fouilles récentes qui ont été effectuées après l'incendie de la cathédrale, les archéologues en ont trouvé des fragments. Le temps étant compté, tout a été recouvert...
La chaire à prêcher est du maître-menuisier Germain Pillon (1651).
La cuve à prêcher est soutenue par un Samson, très costaud évidemment,
et très expressif.
Dans la partie sud de l'église un vitrail représente les deux églises avant le percement de la rue Clovis.
Juste à côté se trouve la châsse, en cuivre, de Sainte Geneviève, vide de ses reliques depuis la Révolution.
La Patronne de Paris (et des gendarmes !) naquit à Nanterre vers 420, issue d'une riche famille aristocratique gallo-romaine. A quinze ans, elle consacra sa vie au Seigneur et s'installa dans Paris dès l'âge de 20 ans. En 451, elle réconforta le peuple effrayé par la menace que faisait peser Attila sur toute la vallée de la Seine. En 465, elle sauva aussi les parisiens de la famine en allant, par la Seine, chercher des vivres jusqu'en Champagne alors que Paris était assiégée par Childéric Ier. Dans sa vieillesse, elle noua des liens d'amitié avec le roi Clovis et la reine Clothilde, raison pour laquelle elle fut inhumée dans l'abbaye voisine, actuel Lycée Henri IV.
Voisine de la châsse de Sainte-Geneviève une très jolie chapelle de style gothique flamboyant : l'église est tellement riche qu'il faudrait plusieurs jours pour la visiter par le menu...
Nous faisons le tour du déambulatoire...
éclairé de ce côté-ci par des verrières datant du XVIe siècle.
Toute l'église est cernée par une coursive ornée d'élégants balcons.
Michel nous entraîne ensuite du côté de la chapelle des Catéchismes construite en 1857 par Victor Baltard. Cette chapelle était réservée à l'enseignement de la religion aux enfants sous l'impulsion de Louis-Philippe.
Je n'étais jamais venue jusqu'ici...
Lui faisant face, la galerie des Charniers (un petit cimetière se trouvait ici autrefois) où se trouve une très belle collection de vitraux peints à l'émail de la fin du XVIe siècle ou du début du XVIIe. Mutilés et dispersés à la Révolution, ils furent à nouveau réunis en 1834 : il n'en reste plus que 12 sur les 22 initiaux.
Le miracle des Billettes à gauche : La seule réalité attestée serait qu’une personne juive, inculpée de profanation d'hostie, a bien été jugée à Paris en 1290.
et l'arche de Noé à droite
Le serpent d'airain (L'histoire raconte l'un des nombreux moments où les Israélites ont douté de Dieu et où Moïse s'est adressé à lui pour les sauver.)
Les lavements des mains et des pieds
Je m'arrête là avec les vitraux car je ne suis pas très experte en religion...
Un grand merci à Michel pour cette visite fort agréable.
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