• Pour la reprise - post été - de l'atelier "Petites promenades dans Paris" de Générations 13, Anne-Marie, son animatrice bénévole, avait choisi ce vendredi de nous emmener à la découverte du village de Bercy. Elle nous avait donné rendez-vous au métro Liberté à Charenton-le-Pont.

    ☻ Visite guidée du village de Bercy avec Générations13

    Comme vous le savez sûrement, plusieurs villages à la périphérie du Paris de 1860 ont été annexés à la capitale à cette date : celui de Bercy, à l'est, en fait partie.

    On voit bien sur cette carte, la partie rouge cernée par le mur des Fermiers Généraux construit à l'aube de la Révolution, si impopulaire auprès des parisiens parce jalonné par 54 bureaux d'octroi ou barrières... et la partie orange qui se termine à l'Enceinte de Thiers construite sous Louis-Philippe (elle était située entre les Maréchaux et le périphérique) permettant à Paris d'absorber tous les villages alentour.

    ☻ Visite guidée du village de Bercy avec Générations13

    Nous sommes ici, comme je vous le disais, à Charenton-le-Pont et passons devant l'école Valmy, une école publique construite par Georges Guyon au XIXe siècle. Celui-ci l'avait pourvue d'un clocheton avec sonnerie intégrée pour que ses élèves soient toujours à l'heure ! 

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    Nous passons ensuite devant la Chapelle Notre-Dame de Valmy

    La première chapelle du quartier de Valmy est construite en 1913, sur un terrain donnant rue du Général-Chanzy, légèrement à l'est de la chapelle actuelle. En 1963, l'ancienne entreprise de vin Nicolas, dont les terrains s'étendent de part et d'autre de celui de la chapelle, l'échange contre un terrain lui appartenant, légèrement plus à l'ouest. Un entrepôt est alors réaménagé en chapelle.

    En 1996, la chapelle actuelle est construite sur une partie de ce terrain.

    ☻ Visite guidée du village de Bercy avec Générations13

    Puis, nous longeons l'Atelier d'Arts Plastiques Pierre Soulages, créé en 1995, qui accueille des enfants ainsi que des adultes en offrant à chacun une diversité d’enseignements.

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    Apparemment, ici on n'imite pas le maître : on dessine en couleur...

    Je plaisante bien sûr !

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    Les rails de la gare de Lyon toute proche et les tours Duo de Jean Nouvel dont Anne-Marie est accro

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    Cette passerelle, appelée Passerelle Valmy, traverse le faisceau ferroviaire de la ligne de Paris-Lyon à Marseille-Saint-Charles.

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    Elle occupe l'emplacement précédent du parc de l'ancien Château de Bercy appartenant à Charles-Henri Malon marquis de Nointel, intendant des finances sous Louis XIV. Il a été initialement construit en 1658 par François Le Vau, le jeune frère de Louis, que l'on connaît mieux. Inachevé en 1676, sa construction est reprise par Jacques de la Guépière.

    Voici une aquarelle de Christian Benilan (2006) montrant le château et ses jardins vers 1720, jardins dessinés par Le Nôtre qui s'étendaient jusqu'à la Seine comme vous pouvez le constater. Celle-ci était très fluctuante et pouvait causer des inondations...

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    Sur cette autre aquarelle de Pierre-Denis Martin (vers 1725-1730), on peut apercevoir le château de Vincennes tout proche en arrière-plan.

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    Que reste-t-il de cette résidence ?

    De nombreuses boiseries sont réparties au musée des arts décoratifs, dans d’autres hôtels parisiens (comme rue de l’Elysée), français ou même anglais. Une console est au Louvre. La balustrade de la chapelle du château, qui servit de lieu de culte aux habitants de Bercy jusqu’à la construction en 1826 de l’église de la Chambeaudie, est conservée à Notre-Dame-des-Blancs-Manteaux de Paris. Et un cèdre de son parc a été replanté aux buttes Chaumont.

    En 1861, la partie du parc entre l'actuelle rue de Paris (rue sur laquelle débouche le métro Liberté) et la Seine est vendue par son propriétaire le Comte de Gabriel de Nicolaï pour 10.500.000 Francs à une société présidée par le duc de Morny pour établir des magasins généraux et des entrepôts de vins entre la voie ferrée et le quai de Bercy.

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    Plusieurs modifications ont eu lieu sur la passerelle initialement construite en 1848. L'actuelle a servi de décor au film Jules et Jim en 1961 lorsque Catherine lance aux deux garçons : « Le terrain me parait excellent, je lance une course de vitesse, le premier qui arrive au bout de la passerelle ».

    La bande-annonce de Jules et Jim

    Cliquez sur l'image pour l'agrandir : si je ne me trompe, il s'agit ici de tout l'espace que l'ancien village de Bercy occupait avant 1860. Au sud du périphérique, c'est maintenant la ville de Charenton-le-Pont.

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     La rue Marius Delcher sur laquelle nous nous trouvons nous conduit à la rue du Petit Château et aux écuries (1713-1714) qui elles, ont résisté aux transformations successives.

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    Elles se situent à l'intérieur d'une copropriété et ont fière allure !

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     Remarquez, au-dessus du portail la tête de cheval indiquant l'utilisation des lieux.

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     Sur le côté, également une superbe porte d'entrée sculptée d'une scène de chasse

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    Nous rejoignons Paris en traversant le périphérique non sans une pensée pour Jean Nouvel et Anne-Marie... Mon petit doigt m'a dit qu'il allait bientôt y avoir un café en haut de l'une d'elle, peut-être une idée de promenade en vue ?

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    Où sommes-nous installées confortablement maintenant, je ne sais plus... mais Anne-Marie a le chic pour trouver des sièges !

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    On reconnaît les habituées mais il me semble bien que de nouvelles adhérentes ont aussi participé à cette agréable promenade.

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    Nous voici maintenant arrivées au petit cimetière de Bercy, tranquille et ensoleillé dit le panonceau à son entrée (ce jour-ci, c'est le cas) qui comporte un peu plus de 1000 tombes et qui a la particularité d'avoir accueilli les sépultures de certaines familles travaillant dans le commerce du vin, anciens pinardiers (*) et tonneliers.

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    Voici celle de Louis Gallois, ancien Maire de Bercy, créateur des entrepôts vinicoles.

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    (*) Le mot pinardier vient de celui des navires-citernes qui transportaient le vin à l'époque (alors que désormais il est mis en bouteille sur place).

    Le beau temps nous poursuit jusqu'à la grille d'entrée d'une l'ancienne manufacture de tabac. Construite en 1855-1857, elle était utilisée pour la fabrication des cigares de luxe. Cette usine, l'une des 22 que comptait la SEITA (Société d’exploitation industrielle des tabacs et des allumettes) en 1937, a été fermée en 1969 et démolie en 1976 mais heureusement la grille d’entrée de cette manufacture sera conservée. 

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    En 1868, un journaliste de la Revue des Deux Mondes y réalise un reportage et décrit les lieux :

    "La manufacture de Reuilly était située jadis hors barrière, mais l’annexion de la banlieue l’a fait entrer dans l’enceinte de Paris. De grands arbres, de vastes terrains verdoyants, l’entourent et lui donnent l’aspect joyeux d’une usine de campagne."

    Les femmes sont nombreuses à travailler dans cette manufacture : pas moins de 200 femmes travaillent 10 heures par jour pour confectionner des cigares à raison d’une moyenne de 100 cigares par jour et par ouvrière.

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    Nous passons bientôt devant un immeuble sans grand intérêt si ce n'est d'avoir sur son mur une plaque datant de Louis XV ! Le bornage de Paris était destiné à "contenir" Paris dans ses limites à un moment donné.

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    On peut y lire :

    Bornes de Limites du règne de Louis XV de par le Roy

    Défenses expresses sont faites de bâtir depuis les présentes bornes et limites jusqu'au plus prochain village aux peines portées par les déclarations de sa Majesté

    Des années 1724-1726

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    Pauvre Louis XV, il doit se retourner dans sa tombe !

    Anne-Marie regarde son plan pour ne pas nous égarer...

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    Nous arrivons, après avoir traversé la rue Nicolai et emprunté la rue de Charenton à cette église du 12e arrondissement située sur une petite place (la place Lachambeaudie du nom de l'écrivain et chansonnier (1806-1872) dans laquelle je ne suis jamais entrée.

    L'occasion fait le larron !

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    Il s'agit de l'église Notre-Dame de la Nativité (on dit aussi parfois Notre-Dame de Bercy) qui prend pour modèle les basiliques romaines antiques.

    Construite à l'origine en 1823, elle subira de nombreux dommages (détruite sous la Commune de Paris, elle sera reconstruite à l'identique mais inondée par la crue de 1910, en 1944 elle sera touchée par le bombardement des voix de chemin de fer situées juste derrière, et subira même un incendie en 1982...) Elle est restaurée et inscrite aux Monuments Historiques en 1985. 

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    Des clés ? C'est Saint-Pierre.

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    Et ici Saint-Paul avec l'épée de son supplice

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    La nef à plafond plat est suivie d'un chœur peu profond.

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    Anne-Marie nous montre plusieurs grandes toiles qui sont très difficiles à prendre en photo...

    La résurrection de la fille de Jaïre (Charles de La Fosse - vers 1680) ici avec une curieuse, mais belle crucifixion

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    L'Annonciation (Daniel Hallé - 1659)

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    Le Christ et la Samaritaine (Jacques Stella - 1640-1645)

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    Face à l'église, la caserne des pompiers a belle allure.

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    On dirait bien qu'on touche au but, non ?

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    Nous voici maintenant dans la rue de Chablis, bien jolie avec ses maisonnettes en pierre meulière.

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    Elle est située à proximité des anciens entrepôts de Bercy naturellement.

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    Et justement, nous voici arrivées au Parc de Bercy : il a été créé entre 1993 et 1997 et occupe en partie les anciens chais viticoles subsistants du XIXe siècle qui contribuèrent à l'activité du plus grand centre mondial du négoce de vins et de spiritueux à cette époque et furent fermés dans les années 1960.

    La Cinémathèque, vous connaissez bien sûr. Elle était autrefois l'American Center et a été construite selon les plans de Franck Gehry en 1994 : je trouve qu'elle n'a pas vieilli.

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    Ayant quitté les grandes pelouses situées à côté du POPB (Accor Arena désormais), nous traversons le parc afin de nous diriger vers Bercy-Village.

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    Le parc, planté de 400 vignes, conserve le souvenir de son passé vinicole.

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    Voici la Maison du Jardinage : cette belle demeure datant du XIXe siècle est depuis 1997 un havre de paix dédié au jardinage en ville. Partie intégrante du réseau municipal d’écologie urbaine, elle accueille tous les amateurs de jardinage en milieu urbain, du débutant au passionné, mais aussi les porteurs de projet de jardins partagés ou de végétalisation.

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    Un vrai bonheur que de déambuler dans ce magnifique parc qui a bien poussé depuis que j'y ai mis les pieds il y a quelques années.

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    On ne sait de quel côté se tourner tant il est beau de partout !

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    Quelles sont ces superbes fleurs ? Certaines ont des applications sur leur téléphone pour le savoir, moi non !

    ☻ Visite guidée du village de Bercy avec Générations13

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    Voici tout ce qui reste de l'ancien Petit Château de Bercy. Au XVIIIe siècle plusieurs demeures de plaisance sont bâties le long de la Seine entre Paris et Bercy. Ici se trouvait la "Folie" du duc de Gesvres, acquise en 1708 par le contrôleur général Orry qui prend le nom de Petit-Château pour la distinguer du grand Château de Bercy. En 1809, Monsieur de Chabons, maire de Bercy, achète le Petit-Château pour y constituer un entrepôt qu'il loue à des commerçants en vins. La Ville de Paris acquiert ensuite l’ensemble des entrepôts de Bercy en 1876 et démolit le château du Petit Bercy. Les vestiges du Petit Château dont les murs avaient été intégrés dans la construction des chais ont été découverts rue des Pommiers en 1988 par un négociant.

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     Après la traversée de la rue Joseph Kessel, nous voici arrivés dans le troisième jardin du parc. 

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    Là se trouvent encore des arbres centenaires qui imposent le respect.

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    Là aussi le Pavillon du lac dans la mare de laquelle barbotent ces canards.

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    Tiens, un héron niche ici...

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    En vue des bâtiments de Bercy Village, qui rappellent les anciens chais.

    ☻ Visite guidée du village de Bercy avec Générations13

    Au XIXème siècle se tenait là “le plus grand marché de vins et spiritueux au monde”. Le Cour Saint-Émilion faisait office d’immense entrepôt et de comptoir de vente de vins, préalablement mis en bouteille non loin de là, à Bercy. Des breuvages acheminés par la Seine directement de l’Yonne, de Bourgogne, d’Algérie, ou par train via la gare de Lyon en provenance du Midi.

    ☻ Visite guidée du village de Bercy avec Générations13

    Nous les traverserons rapidement pour rejoindre la rue des pirogues de Bercy. C'est dans cette rue qu'on a découvert des bateaux datant du Néolithique lors des travaux de terrassement du Palais omnisports de Paris-Bercy, 

    ☻ Visite guidée du village de Bercy avec Générations13

    La fouille de 1991-1992 a permis de mettre au jour deux habitats du Néolithique moyen (vers 4500 - 3400 avant J.-C.) et un du Néolithique récent (vers 3000 - 2600 avant J.-C.). Dix pirogues ont été trouvées au pied de ce site ainsi que des poteries, outils, et pointes de flèche. La fouille des sédiments a révélé une occupation presque permanente sur la berge d’un ancien bras de la Seine.

    Plusieurs de ces pirogues sont exposées au musée Carnavalet.

    ☻ Visite guidée du village de Bercy avec Générations13

    Nous sommes maintenant tout près de l'entrée du Musée des Arts Forains.

    ☻ Visite guidée du village de Bercy avec Générations13

    Le musée est installé au sein de six anciens chais en pierre meulière où il occupe une surface de 11.400 mètres carrés. Des bustes de clowns en décorent la façade donnant sur la rue des pirogues de Bercy.

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    Toutes les bonnes choses ont une fin hélas et la promenade se termine ici !

    ☻ Visite guidée du village de Bercy avec Générations13

    Un grand merci à Anne-Marie pour avoir guidé cette promenade.


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  • Le Jeudi 8 Septembre 2022, Anne-Marie avait programmé avec l'association "Paris Art et Histoire" une visite de l'Hôtel de la Marine commentée par Madame Mazure.

    Nous avions rendez-vous sur la place de la Concorde pour observer la façade de l'Hôtel et évoquer le lien entre celui ci et la place de la Concorde, de sa construction à nos jours.

    Un peu d'Histoire

    En 1748, la Ville de Paris décide de créer une nouvelle place devant accueillir la statue de Louis XV. Le roi qui possède alors ce terrain extérieur à Paris en fait don à la ville et sollicite des architectes. Ange-Jacques Gabriel (1698-1782) fait la synthèse des différents projets et construit deux Palais séparés par la rue Royale. En 1765 il décide d'affecter le palais Est au garde-meubles de la Couronne. Le garde-meuble est dirigé par un intendant, tout d'abord en 1772 Pierre Elisabeth de Fontanieu puis, à partir de 1784, par Marc-Antoine Thierry de Ville d'Avray. Puis vient la Révolution. La place Louis XV et le garde meuble sont le siège de pillages et d'événements tragiques: vol des armes du garde meuble puis des joyaux de la Couronne, et le déboulonnage de la statue de Louis XV, la place étant alors rebaptisée place de la Révolution puis place de la Concorde. C'est là que seront guillotinés Louis XVI et Marie-Antoinette, puis Danton et Robespierre. Le garde-meubles laisse la place au ministère de la Marine. En 1848, c'est là que sera signé le décret de Victor Schoelcher permettant l'abolition de l'esclavage. En 2015 la Marine quitte définitivement la place de la Concorde pour rejoindre Balard. L'Hôtel est alors attribué au Centre des Monuments Nationaux qui entreprend une grande restauration. Une grande partie des décors du XVIIIième siècle existaient toujours et d'autres ont été redécouverts en grattant soigneusement les nombreuses couches de peinture. Quant au mobilier, en s'aidant de l'inventaire du garde-meuble, les restaurateurs ont retrouvé soit les pièces d'origine, soit des pièces du XVIIIième siècle le plus proches possible des originaux.

    La façade

    Des arcades en rez-de-chaussée, une colonnade d'ordre corinthien placée devant un promenoir,

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    des frontons de part et d'autre, ici celui de gauche.

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    La cour de l'Intendant

     Lors de la restauration du bâtiment, l'architecte Hugh Dutton a conçu une verrière destinée à donner plus de lumière à la cour de l'intendant et à y réguler la température.

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    L'antichambre

     

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    Dans la niche est installée une statue d'Hébé, fille de Zeus et d'Héra. Le sol est en pierre de liais à cabochons de marbre noir, les boiseries sont peintes en blanc de roi.

    Le cabinet d'audience

    Un passage nous mène à une seconde antichambre remarquable par son parquet.

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    Nous atteignons ensuite le cabinet d'audience au décor raffiné. On y remarque entre autres un secrétaire à cylindre signé Jean-Henri Riesener ainsi qu'une cheminée en marbre Portor.

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    Le tour à guillocher

    Voici maintenant une machine étrange.

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    Il s'agit d'un tour à guillocher. Mais encore ? Le tour à guillocher, du nom de l'ouvrier Guillot qui l'aurait inventé, est un tour qui permet de tracer des courbes et des volutes, toutes sortes d'ornements utilisés par exemple pour graver légèrement les boîtes de montres et les pièces d'horlogerie et d'orfèvrerie. Ce tour à guillocher appartenait à Pierre de Fontanieu, intendant du Garde-Meuble, et était conservé au CNAM jusqu'à la réouverture de l'Hôtel de la Marine en 2021.

    La salle à manger de l'intendant

    Au centre de cette pièce est dressée une table qui semble attendre les convives.

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    Mais l'élément le plus remarquable de cette salle est le grand buffet réalisé par Gaudreau.

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    La chambre des bains

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    La baignoire est une création contemporaine imitant les modèles du XVIIIième siècle.

    Après le bain (quelle épreuve !), il fallait se reposer puis se coiffer et se parfumer.

    Le salon d'angle

    Ce salon, richement décoré était un lieu de vie sociale et de divertissement, comme en témoigne la table de jeu et la chaise permettant de s’installer confortablement pour regarder les joueurs.

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    La chambre de Madame de Ville D'Avray

    L'épouse de l'intendant disposait de son propre appartement.

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    Remarquez au fond les deux portes qui donnent l'une sur un dressing, l'autre sur un cabinet d'aisance.

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    Le cabinet doré

    Cette pièce servait au 20ième siècle de cuisine et son décor n'a été découvert que lors des opérations de sondage faites pendant le restauration.

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    On remarque dans cette salle un secrétaire à abattant signé Riesener, commandé par P.E. de Fontanieu et livré au garde meuble en 1771.

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    Le salon d'honneur et le salon des amiraux

    A l'époque du garde meuble, ces deux salons étaient réunis. Ils furent le théâtre d'événements importants, comme le grand bal donné lors du sacre de Napoléon premier en 1804 ou la venue de Louis-Philippe lors de l'érection de l'obélisque de Louxor en 1836.

    Le décor fut ensuite repensé. On remarque au plafond la frise rouge qui, associée au blanc et au bleu des caissons, forme les couleurs du drapeau français.

     

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    La marine est présente partout dans ce décor, par exemple sur cette console.

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    Dans le salon des amiraux, une série de portraits rend hommage à d'illustres marins comme ici Suffren.

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    L'abolition de l'esclavage

     Victor Schœlcher, président de la commission d'abolition de l'esclavage, est l'initiateur du décret du 27 Avril 1848, signé sur cette table, qui abolit définitivement l'esclavage en France.

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    La loggia

    Elle est conçue comme un balcon ouvert sur le spectacle de la place et les grands événements qui s'y déroulent.

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    La galerie des ports de guerre

    Elle est décorée de panneaux de bois peints imitant l'acajou ou l'ébène, aux noms des ports de Brest, Cherbourg, Lorient, Toulon et Rochefort. Au dessus du médaillon du port de Rochefort, on peut voir le monogramme de Napoléon 3, le chiffre 3 se transformant par symétrie en le E d'Eugénie.

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    Le grand escalier

    L'Hôtel de la Marine avec Paris Art et Histoire

    C'est par cet escalier que se termine notre visite.

    Merci à Madame Mazure pour cette conférence et à Anne-Marie pour l'avoir programmée !

    Annie Perrot                 


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    Cette promenade, de l'atelier "Petites promenades dans Paris", a été effectuée le 16 juin 2022.

    Pierre Curie (1859-1906) et Marie Curie née Sklodowska (1867-1934) portraits par C215. 

    Pierre et Marie Curie au quartier latin : une "promenade dans Paris" d'Anne-Marie Guérin

    1ère partie : La rencontre

    La promenade commence au pied du monument à Auguste Comte, place de la Sorbonne. 

    Pierre et Marie Curie au quartier latin : une "promenade dans Paris" d'Anne-Marie Guérin

    Cette statue, inaugurée en 1902, est due à Jean Antoine Injalbert et représente le philosophe Auguste Comte (1798-1857) fondateur du Positivisme, philosophie positive fondée sur la raison et la foi dans le progrès. Le pâtre grec que nous voyons sur la droite est en réalité un ouvrier : on voit une enclume et un marteau à ses pieds. Pendant 25 ans Auguste Conte a donné des cours publics en direction des ouvriers. Les époux Curie étaient des adeptes du positivisme.

    Pierre et Marie Curie au quartier latin : une promenade de l'atelier "Petites promenades dans Paris"

    Marie Sklodowska s’inscrit à la Sorbonne le 3 novembre 1891. Sa nationalité est alors indiquée comme Russe.

    Pierre et Marie Curie au quartier latin : une "promenade dans Paris" d'Anne-Marie Guérin

    En effet, Varsovie (où est née et a vécu Marie) est sous la domination de la Russie. A l’issue du congrès de Vienne en 1815, la Pologne a été partagée entre la Prusse, l’Autiche et la Russie.

    Au XIXe siècle, les jeunes filles ne sont pas admises à l’Université de Varsovie. Pour suivre des études supérieures, Marie Sklodowska doit donc s’exiler à l’étranger. Une de ses sœurs vit à Paris, la jeune Marie ira s’installer chez elle en 1891.

    En 1893, elle est reçue première à la licence en sciences physiques et en 1894 2e à la licence de mathématiques.

                   En 1894, la Société pour l’encouragement de l’industrie nationale lui commande une étude des propriétés magnétiques de l’acier trempé. Pour mener à bien cette étude, elle rencontre un jeune physicien qui a entrepris des recherches expérimentales sur le magnétisme : Pierre Curie.

                   Pierre Curie né en 1859. Son père, médecin, descend d’une famille de médecins alsaciens. Comme c’était un enfant très lent, il n’a fréquenté aucun établissement scolaire jusqu’à l’obtention de son baccalauréat en 1875 à 16 ans. C’est son père qui a fait son éducation ; rappelons que l’enseignement ne devint obligatoire qu’en 1881/1882. A l’issue de son baccalauréat, Pierre s’inscrit à la Sorbonne pour préparer une licence de physique.

                   Les deux jeunes gens se marient le 26 juillet 1895. En 1896, Marie est reçue première à l’agrégation pour l’enseignement des jeunes filles. Elle enseignera à l’Ecole Normale pour l’enseignement secondaire de jeunes filles de Sèvres. Le 12 septembre 1897, elle donne naissance à une fille : Irène.

                   Sitôt rétablie après la naissance d’Irène, Marie souhaite reprendre le travail de laboratoire pour préparer une thèse de doctorat. Pierre et Marie sont intrigués par le curieux rayonnement découvert l’année précédente par Henri Becquerel et Marie choisit l’étude de ce phénomène pour sujet de thèse.

    2e partie : la découverte de 2 nouveaux éléments

    Pierre et Marie Curie au quartier latin : une "promenade dans Paris" d'Anne-Marie Guérin

    En 1986, Henri Becquerel a découvert qu’un sel d’uranium émet spontanément un rayon invisible et pénétrant qu’il nommera « radiations uraniques ». Pierre et Marie obtiennent de disposer d’un atelier à l’école municipale de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris. 

    Notre petit groupe se retrouve devant cette école.

    En 1898, Marie Curie observe qu’un minerai, la pechblende de Bohème, est beaucoup plus actif que l’uranium. En cherchant un élément beaucoup plus actif que l’uranium dans ce minéral, Pierre et Marie découvriront deux nouveaux éléments radioactifs : le polonium et le radium. Ce fut un travail considérable car ces deux éléments sont présents en quantité infinitésimale dans le minerai. Les deux scientifiques et leurs aides ont dû traiter des tonnes et des tonnes de cailloux.

    Pierre et Marie Curie au quartier latin : une "promenade dans Paris" d'Anne-Marie Guérin

    Vues de l’extérieur et de l’intérieur du hangar dans lequel ont travaillé les époux Curie. Ce bâtiment n’existe plus.

    Voici ce qu’en dit Marie Curie : C’était une baraque en planches, au sol bitumé et au toit vitré, protégeant incomplètement contre la pluie, dépourvue de tout aménagement

    (…) Dans ce laboratoire de fortune (…), j’ai été amenée à traiter jusqu’à vingt kilogrammes de matière à la fois, ce qui avait pour effet de remplir le hangar de grands vases pleins de précipités et de liquides ; c’était un travail exténuant que de transporter les récipients, de transvaser les liquides et de remuer pendant des heures au moyen d’une tige de fer, la matière en ébullition dans une marmite de fonte.

                   Les époux Curie ne connaissaient rien encore des rayonnements de toute cette matière radioactive.

                   Conséquence de ces travaux et recherches, le 10 décembre 1903, le prix Nobel de Physique est attribué à Henri Becquerel, Pierre et Marie Curie. C’est la première fois qu’une femme reçoit un prix Nobel.

                   Une chaire est créée pour Pierre Curie à la Sorbonne et Marie est nommée chef des travaux dans le laboratoire qui héberge ses travaux. Le 6 décembre 1904 Marie donne naissance à une deuxième fille : Eve.

                   Malheureusement Pierre Curie est victime d’un accident stupide : le 19 avril 1906, il est renversé et piétiné près du Pont Neuf par un cheval de trait.

                   Après la mort de Pierre, Marie se consacre à l’enseignement et à la recherche. La chaire de Pierre est confiée à Marie : le 5 novembre 1906 a lieu le premier cours de Marie à la Sorbonne. Marie Curie a été souvent « la première femme à »… Elle est la première femme à enseigner à la Sorbonne. Parallèlement à son enseignement, elle poursuit ses travaux sur le radium ce qui lui vaudra un second prix Nobel en 1911. Alors que le premier prix Nobel avait été décerné pour la découverte de la radioactivité, le 2e est attribué pour la découverte du polonium et du radium.

    3e partie : l’Institut du radium

    (Portrait d’Irène Joliot-Curie à droite)

    Pierre et Marie Curie au quartier latin : une "promenade dans Paris" d'Anne-Marie Guérin

    Notre groupe pénètre maintenant dans les jardins de cet institut.

    L’institut du radium ouvre début 1914. Il est cofinancé par l’Institut Pasteur et l’Université de Paris. Il comprendra deux bâtiments, un laboratoire de recherches sur la radioactivité dirigé par Marie Curie et un laboratoire de recherches biologiques et de traitement du cancer par les rayonnements, le laboratoire Pasteur.

    Le 1er août 1914, la France entre en guerre. Marie Curie crée un service radiologique de secours aux blessés. Convaincue qu’il faut transporter des appareils de rayons X vers le front et non ramener les blessées vers l’arrière, Marie décide d’équiper des voitures radiologiques, les « petites Curie ».

    Pierre et Marie Curie au quartier latin : une "promenade dans Paris" d'Anne-Marie Guérin

    Irène Curie à l’arrière d’une « petite Curie » (La jeune femme a passé un diplôme d’infirmière pour l’occasion).

    La paix revenue, Marie Curie retrouve une vie normale, Irène devient sa collaboratrice au laboratoire. En 1921 elle se rendra aux Etas Unis avec ses deux filles. Le Président des Etats Unis lui remettra 1g de radium. Elle y retournera en 1929 pour a nouveau collecter 1g de radium pour ouvrir un Institut du radium à Varsovie, sa ville natale.

    Une des missions de l’institut du radium est le développement des applications médicales de la radioactivité notamment le traitement du cancer. Les premiers succès de la Curiethérapie suscitent un engouement pour le radium qui sera incorporé à diverses crèmes et rouges à lèvres. 

    Pierre et Marie Curie au quartier latin : une "promenade dans Paris" d'Anne-Marie Guérin

    On peut voir des affiches de ce genre dans le petit musée qui jouxte l’institut Curie.

    Pourtant, on savait dès 1901 que le radium peut brûler la peau.

    Début juin 1934, Marie épuisée se résout à subir des examens. Les médecins ne comprennent pas le mal dont elle souffre. Il est finalement décidé de l’hospitaliser dans un sanatorium du plateau d’Assy. Elle décède le 4 juillet 1934 d’une leucémie due à 40 ans d’exposition aux rayons X.

    Pierre et Marie Curie au quartier latin : une "promenade dans Paris" d'Anne-Marie Guérin

    Le groupe devant l’institut Curie, sous un autre portrait dû à C215.

    4e partie : la radioactivité, comment ça marche ?

    Pierre et Marie Curie au quartier latin : une "promenade dans Paris" d'Anne-Marie Guérin

    Rappelez vous le tableau périodique des éléments de vos lointaines années Lycée. Il représente tous les atomes des éléments ordonnés par numéro atomique croissant. Un atome est composé d’un noyau constitué de protons et de neutrons entouré d’un nuage d’électrons. Le nombre de protons est égal au nombre d’électrons. Ce nombre constitue le numéro atomique de l’élément. Dans la nature, la plupart des noyaux des atomes sont stables. Mais en bas de ce tableau , on trouve des atomes (Polonium n° 84, Radium n° 88, Uranium n° 92 , Plutonium n° 94 ) dont le noyau comporte un grand nombre de protons et de neutrons : les noyaux se désagrègent en expulsant des particules et/ou des rayonnements. Ce phénomène constitue la radioactivité naturelle.

    La radioactivité artificielle consiste à bombarder de particules des atomes qui n’avaient rien demandé afin de les rendre radioactifs. Ce phénomène a été découvert par Irène et Frédéric Joliot-Curie en 1934 mais c’est une autre histoire.


    Anne Marie Guérin

    Source : Les Curie, pionniers de l’atome de Pierre Radvanyi, éditions Belin pour la science.

    Photos : Wikipédia, un étudiant qui passait pour la photo de groupe et Monick Lavenir (merci Monick) pour les autres.


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  • Ce vendredi, Anne-Marie nous a proposé dans le cadre de son atelier "Petites promenades dans Paris" une visite guidée dans le 16e arrondissement à la découverte de l'ancien village de Passy. Elle nous avait donné rendez-vous au métro Trocadéro devant le musée de l'Homme.

    Au centre de la place, la statue équestre du Maréchal Foch souleva lors de son installation une polémique : Anne-Marie nous explique que si le maréchal est représenté tête nue, sans son képi règlementaire, c'est à la demande des services des Beaux-Arts pour une question d'orientation : au soleil, le képi aurait assombri le visage du maréchal au risque de dissimuler la fière volonté que devait exprimer son visage.

    Le village de Passy avec Générations 13

    En face du musée, le cimetière de Passy où sont enterrés un certain nombre de personnages célèbres tel que :

    Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud, Tristan Bernard, Francis Bouygues, Ernest Cognacq, Marcel Dassault, Claude Debussy, Benjamin Delessert (dont nous traverserons le boulevard), Michel Droit, Edgar et Lucie Faure, Gabriel Fauré, Loulou Gasté, Maurice Genevoix, Rosemonde Gérard, Virgil Gheorghiu, Jean Giraudoux, Hubert de Givenchy, Pierre-François Pascal Guerlain, Jeanne Hugo (la petite-fille de Victor Hugo et la femme de Jean-Baptiste Charcot mort en mer), Robert Mallet-Stevens, Georges Mandel, Edouard Manet, André Messager, Octave Mirbeau, Berthe Morisot, Jean Patou, François Périer, Gabrielle Charlotte Réju dite "Réjane", Thierry Roland, Jean Servais, Haroun Tazieff...

    Le village de Passy avec Générations 13

     Anne-Marie a prévu de démarrer cette promenade par un petit tour dans les jardins du Trocadéro. Nous passons devant la statue de Benjamin Franklin, connu de tous pour être l'inventeur du paratonnerre, mais peut-être moins connu comme homme politique ayant été l'un des Pères fondateurs des Etats-Unis d'Amérique (il a participé à la rédaction de la déclaration d'indépendance des Etats-Unis).

    Le village de Passy avec Générations 13

    La vie de Benjamin Franklin est en grande partie caractérisée par la volonté d'aider la communauté. Son effigie figure sur le billet de 100 dollars.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Au 25 bis de la rue Benjamin Franklin, Anne-Marie nous montre un immeuble construit en 1903 par les frères Perret. Ces derniers, Auguste et Gustave, se lancent, sous la direction de leur père, dans la construction d'un édifice en béton armé, une nouveauté pour l'époque (jusqu'alors, ce matériau n'était utilisé que pour faire les fondations, le plancher et les escaliers). 

    La parcelle de terrain sur laquelle ils avaient décidé de construire l'immeuble étant très étroite, ils contournent cet inconvénient en inversant la place de la cour intérieure traditionnelle des immeubles haussmanniens : ils la placent au niveau de la façade sur rue, ce qui leur permet d'augmenter le nombre des fenêtres, passant de deux à trois. Le deuxième étage, noble, des immeubles haussmanniens est déplacé au sixième étage. Auguste Perret qui y habitera voulait pouvoir voir au loin, profitant de la hauteur de la colline de Chaillot.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Le village de Passy avec Générations 13

     Sur les murs en béton, ils demandent à Alexandre Bigot, grand nom du moment, de poser des céramiques avec un décor floral (photo Passerelles.bnf.fr).

    Le village de Passy avec Générations 13

    A l'angle de la rue Le Tasse et de la rue Benjamin Franklin, un très bel immeuble haussmannien dans lequel habita l'ancien ministre et Académicien Alain Peyrefitte.

    Le village de Passy avec Générations 13

    C'est par la rue Le Tasse, perpendiculaire à la rue Franklin, et bordée de superbes immeubles, que nous rejoignons les jardins du Trocadéro.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Le contre-jour empêche de voir la Dame de Fer...

    Le village de Passy avec Générations 13

    Ah..., la voilà !

    Le village de Passy avec Générations 13

    Les jardins du Trocadéro ont été créés pour l'Exposition universelle de 1937.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Un mahonia si je ne me trompe...

    Le village de Passy avec Générations 13

    Anne-Marie potasse sa documentation tandis que le groupe prend du repos.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Elle nous informe que cette porte provient de l'ancien Palais des Tuileries (détruit par un incendie volontaire durant l’insurrection de la Commune en 1871).

    Le village de Passy avec Générations 13

    Revenant sur la rue Benjamin Franklin, au numéro 12, le lycée Saint-Louis-de-Gonzague (souvent appelé "Franklin" en raison de sa localisation) est réputé pour son excellence. Il est fréquenté par des enfants de la haute bourgeoisie de l'ouest parisien. Il doit son nom  à Louis de Gonzague (1568-1591), étudiant jésuite italien mort au service des pestiférés à l'âge de vingt-trois ans. Reconnu saint par l'Eglise en 1726, il est le saint patron de la jeunesse catholique et des personnes atteintes du sida.

    Voici ici sa chapelle

    Le village de Passy avec Générations 13 

    Au bout de la rue, on a encore une belle vue sur la Dame de Fer... 

    Le village de Passy avec Générations 13

    Un peu plus loin, au numéro 8 de la rue Benjamin Franklin, nous passons devant le musée Clémenceau.

    Georges Clémenceau est né le 28 octobre 1841, dans une famille républicaine de Vendée. Après des études de médecine à Nantes, il ouvre un dispensaire à Montmartre, mais se consacre à la politique au lendemain de la chute de l'Empire, après son élection à la mairie du XVIIIe arrondissement. Attiré par le jardin et la vie paisible du quartier, le Tigre, qui ne laissait à personne le soin de tailler ses rosiers, s'installe ici en 1895 pour y demeurer jusqu'à sa mort, le 24 novembre 1929. Son bureau ouvre largement sur le jardin par une baie vitrée donnant sur la tour Eiffel, et la grande table de travail, toujours surchargée de livres et de papiers, porte encore le manuscrit inachevé de "Grandeur et misère d'une victoire".

    Le village de Passy avec Générations 13

    Le musée est consacré à la vie et au travail du Tigre mais on peut aussi y voir des expositions.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Traversant le boulevard Delessert, nous empruntons la rue de l'Alboni. Benjamin Delessert s'est rendu célèbre sous le Premier Empire en développant la méthode d'extraction du sucre de la betterave inventée par Jean-Baptiste Quéruel et reçoit le titre de Baron d'Empire.

    Le village de Passy avec Générations 13

     Dans le square de l'Alboni voisin, un bel immeuble Art Déco

    Cette voie privée fut construite sur les terrains de l'ancienne propriété du baron Delessert, qui descendait jusqu'à la Seine.

    Le village de Passy avec Générations 13

    C'est au numéro 2 du square de l'Alboni qu'a vécu Jean Nohain. Plusieurs autres personnalités ont habité le square : Nicolas Hulot, Christine Lagarde...

    Le village de Passy avec Générations 13

    Le village de Passy avec Générations 13

    Le square est bordé de beaux immeubles résidentiels, construits entre 1900 et 1930. 

    Léon Nafilyan (1877-1937), l'architecte de cet immeuble (situé au 9-11) construit en 1930 dans le style Art-Déco, y résida.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Pas laid non plus celui-ci, dans un tout autre style, situé au numéro 8...

    Le village de Passy avec Générations 13

    Le square de l'Alboni prend fin dans la rue du même nom et nous voici arrivés au métro Passy, un peu choqués par l'agression dont a été la victime Marylène tout de même... On se souviendra longtemps de cette petite balade dans les beaux quartiers !

    Le village de Passy avec Générations 13

    Anne-Marie resitue la promenade.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Le village de Passy fait partie des villages situés entre le mur des Fermiers Généraux et l'enceinte de Thiers qui ont été annexés par la capitale en 1860 au moment des grands travaux du baron Haussmann.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Le village de Passy, dépendant du hameau d’Auteuil, apparaît pour la première fois en 1250 sous le nom de "Paciacum" (nom d’un ancien domaine gallo-romain) : pour cause de "lapins" ses habitants avaient obtenus de Charles V l'autorisation d'enclore leur jardins pour les protéger des ces envahissants petits rongeurs et de les chasser. Passy fut érigé en seigneurie au XVème siècle.

    Jolie cette enfilade du viaduc du métro aérien dont le rez-de-chaussée est éclairé la nuit par des lanternes.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Oui, des lanternes, mais pas n'importe lesquelles : celles-ci sont surmontées de la couronne royale. Oui, des lanternes, mais pas n'importe lesquelles : celles-ci sont surmontées de la couronne royale. Anne-Marie nous explique que la ligne 6 (celle-ci) et la ligne 2 entourent Paris au niveau du mur des Fermiers Généraux. C'est pour rappeler cette "couronne" qui entoure la capitale qu'il y a une couronne au-dessus des lampadaires. 

    Le village de Passy avec Générations 13

    Chemin faisant, on s'aperçoit qu'on est descendus pas mal, en témoigne cet escalier qui n'est pas le seul que nous rencontrerons : le village de Passy descend en pente douce vers la Seine.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Il est lié (tout comme l'était aussi le village de Charonne que nous avons visité le mois dernier) à la culture de la vigne depuis des temps immémoriaux. A l'origine, ce sont les moines de l'ordre des Minimes qui se sont installés là, en 1493. La vigne y poussait bien et la vue était splendide. Ont suivi les riches bourgeois et aristocrates, qui ont emménagé pour les mêmes raisons. C'est ainsi que Passy devint huppé et l'est encore à ce jour.

    Le musée du vin est le témoin de ce passé. Il est situé au numéro 5 du Square Charles Dickens, à deux pas du métro Passy.

    Le village de Passy avec Générations 13 

    Le village de Passy avec Générations 13 

    Le village de Passy avec Générations 13

    Dans sa cour, une vigne qui a une longue histoire

    Le village de Passy avec Générations 13

    C'est la ville de Maribor en république de Slovénie qui a offert ce cep de vigne, issu de la plus vieille vigne au monde (elle donne des raisins depuis plus de 400 ans à Maribor) au musée du vin en 2006. 

    Le village de Passy avec Générations 13

    On parle de vin, c'est bien beau tout ça mais à Passy il est aussi question d'eau : pour preuve cette plaque de rue "Rue des Eaux" apposée sur le mur de cet immeuble Ar-Déco aux fort jolis balcons de fer forgé en écaille de poissons.

    Le village de Passy avec Générations 13

    C'est au niveau du Parc de Passy, fermé pour cause de risque de tempête, qu'Anne-Marie nous parle justement des eaux de Passy. C'étaient au XVIIIe siècle les eaux de France les plus réputées.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Vers 1657, en ouvrant le passage des Eaux qui grimpe sur la colline, on découvrit une source. Analysée en 1667 par M. Duclos, de l’Académie des Sciences, cette eau fut déclarée bonne pour les intempéries chaudes des viscères, puis recommandée comme remède à la stérilité des femmes. Étant gratuite, elle eut peu de succès. En 1720, l’abbé Le Ragois, qui fut aumônier de la marquise de Maintenon (décédée en 1719), vient s’installer à proximité du passage des Eaux et découvre plusieurs sources dans son parc. Après analyse, il est constaté que ces eaux « contiennent du fer, un peu de sel catartique & de la terre absorbante. » Un traité sur les eaux minérales publié en 1775 précise :

    « Les Eaux de Passy sont toniques, incisives, diurétiques, laxatives : elles lèvent les obstructions, guérissent les hémorragies qui en dépendent, de même que celles qui proviennent du relâchement des vaisseaux. Ces Eaux sont propres aux inappétences, aux dégoûts : elles remédient à la lenteur des digestions, aux appétits absurdes & irréguliers, aux pâles couleurs, &c. »

    L’abbé Le Ragois comprend vite l’intérêt qu’il peut tirer de la création d’un établissement thermal. Mais son voisin situé plus bas, le sieur Guichou, marchand d’étoffes de soie rue Saint-Honoré, trouve le moyen d’attirer ces eaux chez lui ; suite à un procès il est condamné à vendre son terrain à l’abbé qui dispose ainsi d’un large terrain pour créer un grand établissement avec salles de jeux, de bal, théâtre, jardins, et même un restaurant où les médecins étaient servis gratuitement. C’est un grand succès ; bourgeois de Paris et aristocrates se précipitent. On y verra Rousseau, Benjamin Franklin, … On y joue, on y chante, on assiste à des spectacles et on discute parfois fort tard après le souper.

    L'établissement des Eaux de Passy vers 1880

    Le village de Passy avec Générations 13

    Par héritages successifs l’établissement appartient à madame de Pouilly, nièce de l’abbé, puis à M. Belamy, oncle de cette dernière, qui le transmet à son gendre Guillaume Le Veillard, ami de Benjamin Franklin, enfin passe dans les mains de la famille Delessert.

    À la fin du XIXe siècle, la baronne Bartholdi, héritière des Delessert, décide généreusement de ne plus faire payer cette eau si précieuse pour les curistes ; hélas il semble bien que la suppression du prix entraîne la perte de toutes les vertus de ces eaux, et l’établissement ferme bientôt. Par la suite les sources tarirent. Plus tard les lieux seront occupés par le ministère de l’Urbanisme et du Logement, puis par celui de l’Équipement, du Logement, des Transports et de la Mer. À la fin du XXe siècle, cet emplacement sera loti.

    Et encore un escalier, un !

    Le village de Passy avec Générations 13

    Nous voici maintenant arrivés au niveau de la rue d'Ankara où se trouve, tout naturellement, l'ambassade de Turquie.

    Le village de Passy avec Générations 13

    A l'angle avec l'avenue Marcel Proust, à l'arrière, on peut voir un enchevêtrement d'immeubles s'étageant à flanc de coteaux.

    Le village de Passy avec Générations 13

    L'ambassade est installée en lieu et place de l'ancien Hôtel particulier de la princesse de Lamballe, amie et confidente de la reine Marie-Antoinette.

    Marie-Thérèse Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe par Elisabeth Vigée Le Brun (1782)

    Le village de Passy avec Générations 13

    Sur la grille donnant sur le pavillon du gardien, le croissant et l'étoile turques signalent la présence de l'ambassade. Ce lieu fut aussi autrefois la Clinique du Docteur Blanche, une maison de repos pour les patients souffrant de troubles mentaux que fréquentèrent Gérard de Nerval, Fromental Halévy, Charles Gounod, Théo Van Gogh et Guy de Maupassant.

    Le village de Passy avec Générations 13

    A l'entrée de la propriété la mairie de Paris a apposé une plaque à la mémoire de Marie-Thérèse Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Les circonstances de son décès, pour ne pas dire de son assassinat, sont particulièrement horribles. Elles sont rapportées dans ces termes dans le Dictionnaire historique des rues de Paris de Jacques Hillairet : 

    « Un perruquier du nom de Charlat, tambour des volontaires, lui ôta son bonnet du bout de sa pique et la blessa légèrement, tandis qu'un autre égorgeur lui jetait une bûche dans les reins. La princesse tomba et fut criblée de coups. On lui ôta ses vêtements ; elle resta ainsi près de deux heures exposée, nue, à la risée lubrique de la foule. On la traîna ensuite jusqu'à la borne située à l'angle des rues du Roi-de-Sicile et des Ballets, sur laquelle on appuya sa tête qu'un nommé Grison scia avec son couteau et mit au bout de sa pique. Le perruquier Charlat lui ouvrit la poitrine, lui arracha le cœur qu'il plaça au bout de son sabre, tandis que suivirent d'autres mutilations obscènes et sanguinaires ».

    On raconte que, tandis que sa tête est promenée au bout d’une pique jusqu’à la tour du Temple où elle est agitée devant les fenêtres de l'appartement de Marie-Antoinette qui s'évanouit, son corps est transporté sur des kilomètres, profané, jusqu’au comité civil de la section des Quinze-Vingts. Enfin, la tête est portée à son tour par un garçon boucher nommé Allaigre au comité, à sept heures du soir, après avoir été repoudrée, afin d’être « inhumée auprès du corps » dans une tombe du cimetière des Enfants-Trouvés. Quelques heures plus tard, le duc de Penthièvre dépêche son fidèle valet Fortaire pour tenter de retrouver sa dépouille, en vain.

    La mort de la princesse de Lamballe peinte en 1908 par Léon-Maxime Faivre

    Le village de Passy avec Générations 13

    Qu'on est bien dans la France d'aujourd'hui !

    Mais je rêve ! C'est ça Paris ?

    Eh oui, nous sommes ici dans l'ancien village de Passy et ici commence la rue Berton, un étroit sentier entièrement pavé se faufilant entre de hauts murs aveugles.

    Le village de Passy avec Générations 13

     La végétation se sent reine ici ! En bonnes randonneuses, nous avons mis les chaussures ad hoc heureusement. 

    Le village de Passy avec Générations 13

    De place en place des chasse-roues comme celui-ci : ils évitaient autrefois aux roues des charrettes cerclées de fer d'endommager les murs des propriétés.

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    Le groupe passe devant l'entrée secondaire de la maison où Balzac habita entre 1840 et 1847, sous le nom de "Monsieur Breugnol", un pseudonyme qu'il avait pris pour échapper à ses créanciers. Cette issue donnant sur la rue Berton lui sauva plus d'une fois la mise !

    Le village de Passy avec Générations 13

    On aperçoit au fond l'immeuble de la rue Raynouard faisant face à l'entrée principale de la maison de Balzac.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Près du porche, une borne date de 1731 : il est écrit sur la plaque de marbre qu'elle servait à délimiter les seigneuries d'Auteuil et de Passy mais il paraîtrait que ce soit faux. Elle s'appelait autrefois la rue du Roc.

    Serait-ce de celui-ci qu'il s'agit... ?

    Le village de Passy avec Générations 13

    Un peu plus loin, un escalier dont Guillaume Apollinaire dira qu'il est "très étroit et très raide" permet d'accéder à la rue Raynouard.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Cet immeuble, considéré de nos jours comme un joyau architectural, situé au numéro  51-55 a été créé et a été le lieu de vie d'Auguste Perret dont Anne-Marie vous a déjà parlé. Il est actuellement le siège de l'Union internationale des architectes.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Au numéro 47, se trouve l'entrée principale de l'ancienne maison où Balzac écrivit plusieurs de ses meilleurs romans. Il lui a été adjoint un musée où l'on peut voir ses appartements, des portraits de l'artiste et des personnages de La Comédie Humaine, mais aussi des peintures, dessins et gravures, car il était amateur d'art. On peut découvrir également du mobilier, des objets, et son cabinet de travail resté intact.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Naturellement, même si Balzac jouissait à son époque d'une belle vue sur la Seine, la tour Eiffel n'est arrivée que plus tard !

    Le village de Passy avec Générations 13

    Redescendant la rue Raynouard, nous passons devant un immeuble qui porte une "pelle Stark" : à cet emplacement, s’élevait au 18e siècle une vaste propriété comprenant un élégant hôtel particulier, l’Hôtel de Valentinois, sis dans un parc d’environ quatre hectares, et comprenant divers bâtiments, dont une orangerie et un petit pavillon.

    Le village de Passy avec Générations 13

    L'Hôtel de Valentinois peint depuis l'actuelle rue Raynouard dans les années 1770 par Alexis-Nicolas Pérignon. (Musée Carnavalet)

    Le village de Passy avec Générations 13

    Le potager de l'Hôtel de Valentinois en 1780 par Alexis-Nicolas Pérignon
    (National Gallery of Art - Washington)

    Le village de Passy avec Générations 13

    C’est dans ce cadre enchanteur que vécut, de 1777 à 1785, Benjamin Franklin, qui fut représentant spécial puis premier Ambassadeur de l’histoire des Etats-Unis en France. Il y reçut de nombreux visiteurs : Turgot, Buffon, d’Alembert, Condorcet, Malesherbes, La Rochefoucauld, Mirabeau, et bien sûr Beaumarchais, chargé d’acheminer l’aide financière aux Insurgés américains. C’est également à Passy que Franklin rencontra plusieurs fois le jeune Marquis de La Fayette, avant son départ pour l’Amérique.

    Un médaillon représentant Benjamin Franklin, apposé à l'angle de l'immeuble, signale qu'il fit installer ici le premier paratonnerre construit en France.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Nous traversons maintenant la rue des Vignes qui témoigne du passé viticole de Passy.  Jusque son annexion en 1860, Passy était un village peuplé de cultivateurs, de vignerons et de carriers. Les vignes occupaient près d’1/4 de la commune en 1789.

    André Chénier fut arrêté le 7 mars 1794 tout près de la rue des Vignes, rue Bois-le-Vent, alors qu'il était chez des amis. Impliqué dans une affaire qui permettait à la justice de l'époque d’exécuter les suspects sans les entendre, il est condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire, pour avoir "recelé les papiers de l'ambassadeur d'Espagne" (il s'agissait "d'acheter" les votes de Conventionnels pendant le procès de Louis XVI). Fouquier-Tinville s'adressera à lui pendant son procès en lui disant la phrase suivante : "La République n'a pas besoin de poète". André Chénier est guillotiné le 7 thermidor (23 juillet).

    Le village de Passy avec Générations 13

    La rue des marronniers porte ce nom car elle a remplacé une allée plantée de marronniers qui dépendait de l'ancien parc du Château de Passy.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Et le Château de Passy me direz-vous, qu'en est-il ?

    Hélas, trois fois hélas, il n'en reste que cette plaque apposée sur le mur de l'un des immeubles actuels.

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    Autrefois, c'était ça !

    Le village de Passy avec Générations 13

    Passy et Chaillot vus depuis la plaine de Grenelle
    (Charles-Léopold Gervenbroeck -1743)

    Il y a d'ailleurs sur cette toile plusieurs châteaux ou hôtels particuliers en enfilade. Au premier plan, le Château de Passy, puis l'Hôtel de Lamballe (le bâtiment en rouge sur le tableau) devant l'Hôtel de Valentinois...

    Le village de Passy avec Générations 13

    Le village de Passy avec Générations 13

    Dans la rue de l'annonciation, l'actuelle église de Passy, Notre-Dame de Grâce.

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    La population de Passy dépendait autrefois de la paroisse d’Auteuil, qui était assez éloignée. Aussi, en 1666, Claude Chahu, Conseiller du Roi, Trésorier Général des Finances et seigneur de Passy, obtint de l’archevêque de Paris la faveur d’ériger une chapelle qui fut Notre-Dame de Grâce : en 1672 le village de Passy était érigé en paroisse distincte et indépendante.

    Voici tout ce qui reste de la chapelle Notre-Dame de Grâce, son clocher.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Entrée de la galerie marchande Passyplaza au 53 rue de l'Annonciation

    Le village de Passy avec Générations 13

    Dans une cour..., un atelier d'artiste : c'est celui de Sarah Lavoine

    Le village de Passy avec Générations 13

    La rue de l'Annonciation est une rue très animée et commerçante.

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    Dans la rue Lekain voisine, Anne-Marie nous montre l'emplacement de l'ancien cimetière de Passy qui a été déplacé sur la place du Trocadéro en 1802.

    Le village de Passy avec Générations 13

    A l'angle de la rue Lekain et de la rue de l'Annonciation, une boutique qui chatouille les papilles : "Aux merveilleux de Fred", cette pâtisserie artisanale française (qui est installée dans le monde entier) a établi ici l'une de ses succursales. Elle met à l'honneur les spécialités traditionnelles des Flandres.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Voici les "Merveilleux" individuels : ils sont composés de meringue et de crème fouettée au chocolat enrobée de copeaux de chocolat noir.

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    Appétissantes également ces brioches au chocolat, fabriquées sous les yeux des passants, non ?

    Le village de Passy avec Générations 13

    Ici se termine notre promenade : nous voici arrivés à la rue de Passy, l'artère principale du village.

    Le village de Passy avec Générations 13

    Anne-Marie nous montrer ici l'arrivée d'un train dans l'ancienne gare de Passy.

    La ligne d'Auteuil, longue de sept kilomètres, fut la seconde étape, (après l'établissement de la ligne de ceinture sur la rive droite et avant la construction de la ceinture rive gauche), de la réalisation d'un chemin de fer qui devait à terme faire le tour complet de Paris et permettre, entre autres, de relier entre elles les grandes gares parisiennes.

    Le village de Passy avec Générations 13

    L’ancienne gare de Passy, reconvertie en restaurant et située à l’angle du boulevard
    de Beauséjour et de la chaussée de la Muette, est de nos jours superbement conservée. Aucun ajout ne vient en perturber l’esthétique.

    Le village de Passy avec Générations 13

    La boucle est bouclée : un grand merci à Anne-Marie pour cette après-midi de dépaysement. J'ai encore une fois appris beaucoup de choses en suivant sa promenade.


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  • Ce jeudi, nous sommes parti(e)s de la gare de Saint-Martin d'Etampes pour une boucle de 12 km.

    Après un petit parcours dans un quartier pavillonnaire, nous atteignons l'église Saint-Martin. 

    Cette église a été construite à partir de 1140 ; les travaux se sont poursuivis jusqu’au début du 13ème siècle. 

    Autour de la Louette et de la Chalouette

           Nous nous approchons et... rien ne vous étonne?

    Autour de la Louette et de la Chalouette

    Non, nous ne sommes pas à Pise, mais bien à Etampes ! 

    Le clocher, à l’origine isolé du reste de l’église, à la manière des campaniles italiens, date du 16ème siècle. Pendant sa construction, le clocher s’inclina, obligeant le maître d’œuvre à d’incessantes corrections d’angle qui donnent à la tour son caractère penché, en arc de cercle. Ce clocher, achevé en 1537, fut réuni au reste de l’église en 1873. 

    Nous longeons maintenant la Chalouette et la promenade nos conduitjusqu'au moulin Badran qui a successivement été utilisé pour du papier et fouler les draps avant d'être destiné à la production de farine.Il n'est plus en service mais subsiste la roue. 

    Autour de la Louette et de la Chalouette 

    Il reste encore sur Etampes une trentaine de vestiges de moulins ,témoins de l'activité de meunerie, de mégisserie et de tannerie. 

    Tiens, un lavoir où la lavandière est encore en activité. 

    Autour de la Louette et de la Chalouette 

    Nous poursuivons notre route entre Louette et Chalouette (qui se rejoignent dans le centre d'Etampes) avant d'atteindre le château de Valnay. 

    Autour de la Louette et de la Chalouette 

     Le dernier propriétaire du château,  Barthélemy Durand, maire d’Étampes de 1944 à son décès en 1956,en fit don à la ville. 

    C'est maintenant une salle de réception que la mairie loue aux associations de la commune et aux particuliers. 

    A l'arrière du château se trouve un grand parc (que nous n'avons bien sûr pas vu). 

    Autour de la Louette et de la Chalouette 

    Nous grimpons ensuite à travers bois puis à travers champs. Là,  la moitié du groupe s'arrête devant un parterre d'orchidées , tandis que l'autre moitié n'a rien vu et poursuit son chemin en bavardant. 

    Autour de la Louette et de la Chalouette 

    En plus, c'est l'endroit où il aurait fallu tourner ! Il faut donc les faire revenir de toute urgence, ce qui n'est pas chose facile. 

    Nous redescendons à travers bois . Il  y a encore des orchidées et des cytises. 

    Autour de la Louette et de la Chalouette 

    Autour de la Louette et de la Chalouette

     C'est maintenant l'heure du picnic. Un endroit sympa dans les bois que les moustiques semblent aussi apprécier ! 

    Nous atteignons ensuite le fond de la vallée et traversons la Chalouette puis la Louette. 

    Autour de la Louette et de la Chalouette 

     Nous suivons maintenant la piste cyclable en direction d'Etampes. Monotone mais reposant. 

    Des panneaux au bord de la route nous renseignent sur la géologie des lieux: 

    Il y a environ 30 millions d'années, le bassin parisien était par la dernière fois envahi par la mer. 

    Ce site sert de référence pour l'étage géologique appelé stampien (du nom d'Etampes). Les fossiles qu'on y a découverts montrent qu'il  avait alors une riche faune de mollusques, suggérant que le lieu était un milieu marin côtier très peu profond. 

    Autour de la Louette et de la Chalouette

    Après cette évocation de temps très ancien, nous remontons sur le plateau, cette fois côté nord , pour voir une autre curiosité du coin: les ruines d'une ancienne chapelle des Templiers. 

    Des documents anciens attestent de la présence de cette chapelle qui, après la dissolution de l'ordre des Templiers (1307), est tombée peu à peu en ruine, mais aurait été utilisée pour y engranger le blé, et au 18ème siècle pour y enfermer des prisonniers des guerres de Vendée. 

    Autour de la Louette et de la Chalouette 

    Après cela , nous longeons des champs de céréales, puis , après une dernière vue sur la vallée et l'église Saint-Martin, regagnons la gare.

     Autour de la Louette et de la Chalouette 

    Autour de la Louette et de la Chalouette

    Merci de m'avoir accompagnée sur ce beau parcours et à bientôt pour de nouvelles randonnées.

    Annie

     

     


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